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Festival Fantasia 2014

Par Mathieu Li-Goyette




De tous les festivals montréalais, Fantasia est celui du « te rappelles-tu? ». « Te rappelles-tu la projection d'Audition? » ; « Te rappelles-tu la surprise que nous a fait Let the Right One In? Et [rec]?» ; « Es-tu resté jusqu'à la fin de Love Exposure? Moi oui, tu sais pas ce que t'as manqué, c'était sauté ! » ; « Te rappelles-tu la fois où John Landis a fait un Q&A de deux heures? »; « Et c'était quoi, toi, ton DJ XL5 préféré? Celui sur Bollywood? ». On les a tous, ces souvenirs plus ou moins vieux, conjurés de l'époque où le festival faisait davantage dans le kung-fu, ou encore de ces années où l'on a découvert tous ensemble le renouveau du cinéma d'horreur japonais ou encore celui où on y a découvert des films sublimes, des films qui flouaient les a priori entre le cinéma de genre et le cinéma répertoire.

C'est ainsi que Fantasia est un « festival », festif dans le meilleur sens du terme, tellement mémorable et spectaculaire année après année que les gens se massent à l'entrée du Théâtre Hall (fraîchement rénové cette fois : terminée la circulation sanguine coincée dans les genoux) beau temps mauvais temps, toujours à la recherche de ces films inédits et inespérés, des oeuvres projetées localement pour la plupart une ou deux fois durant ces trois semaines, puis plus jamais par la suite, tellement la distribution à Montréal est de plus en plus complexe, de plus en plus congestionnée.

Et cette année, à vue de nez, cette 18e édition semble des plus équilibrées, offrant autant des primeurs très attendues (Jacky au Royaume des filles de Riad Sattouf en ouverture, Welcome to New York d'Abel Ferrara en fermeture et, entre les deux, The Zero Theorem de Terry Gilliam ou encore Boyhood de Richard Linklater) que des rendez-vous immanquables (Takashi Miike et The Mole Song, Kiyoshi Kurosawa avec deux films, Seventh Code et Real, le retour de John McNaughton avec The Harvest). Par-dessus le marché, on aura droit à une toute nouvelle section intitulée Fantasia Underground, caractérisée par une sélection indépendante radicale qu'on prévoit retrouver quelque part entre les aspirations de Camera Lucida (qui fête sa cinquième année) et les propositions les plus obscurément surprenantes du festival.

Alors que les nombreux fans de George Takei s'attrouperont autour de To Be Takei, les autres trouveront dans When Animals Dream un film de loups-garous nouveau genre, en Thermae Romae II la suite du succès de l'an dernier, dans Ju-On: The Beginning of the End, le retour de ces fantômes si populaires, avec The Man in the Orange Jacket, un slasher letton. Ou peut-être qu'on préférera s'orienter vers des auteurs avec des propositions surprenantes : Lee Jeon-beom (The Man from Nowhere) avec No Tears for the Dead, Bill Plympton (Idiots & Angels) avec Cheatin' et James Gunn (Super) avec Guardians of the Galaxy, une présentation spéciale du dernier opus de Marvel Studios qui risque d'enflammer la salle et de propulser encore plus haut la réputation du festival.

Sinon, d'autres titres en rafale de films à ne pas manquer: The Fake de Sang-ho Yeon (The King of Pigs), Kite de Ralph Ziman (The Zookeeper), Open Windows de Nacho Vigalondo (Time Crimes), White Bird in a Blizzard de Gregg Araki (Kaboom), Hana-Dama: The Origins de Hisayasu Sato (Love & Loathing & Lulu & Ayano), Dead Snow: Red Vs. Dead de Tommy Wirkola (Dead Snow), Monsterz de Hideo Nakata (Ringu), The Creeping Garden de Tim Grabham et de l'historien du cinéma japonais Jasper Sharp, Angry Video Game Nerd: The Movie de James D. Rolfe et Kevin Finn, Time Lapse de Bradley King et The Green Inferno d'Eli Roth (Hostel). 

Du côté des présentations honorifiques, il faut absolument souligner la venue de Tobe Hooper (qui présentera la restauration de Texas Chainsaw Massacre) et de Mamoru Oshii (qui sera présent pour celle de Ghost in the Shell) qui recevront tous deux un prix célébrant l'ensemble de leur carrière. Quant à la programmation rétro, cette année c'est via un partenariat avec la Cinémathèque québécoise que le festival nous proposera un voyage dans le Harlem des années 70. Sweet Sweetback's Baadasssss Song, Darktown Strutters, Though et d'autres remettront la Blaxploitation au goût du jour avec en plus une toute nouvelle offrande du DJ XL5 : le Blaxploitation Zappin' Party. Toujours en matière de rétrospectives, In the Land of the Head Hunters fera une rare apparition, premier film entièrement interprété par des autochtones (1914), le classique Prom Night sera présenté dans sa copie nouvellement restaurée et on commémorera le travail de Sir Run Run Shaw, fondateur de la Shaw Brothers, avec les projections en 35mm de Curse of Evil et Demon of the Lute.

Avec en plus une foisonnante sélection québécoise de courts métrages et la première montréalaise de 1987 de Ricardo Trogi pour clôturer la sixième édition du Fantastique week-end, avec un voyage dans les genres québécois présenté en collaboration avec la Cinémathèque (Après-ski, Équinoxe, Le dément du Lac Jean-Jeune, etc.) et de nombreuses découvertes à l'horizon, Fantasia annonce encore une fois trois semaines de souvenirs et d'anecdotes en devenir, de cinéma extatique et cathartique, un cinéma qui fait rire, mais qui sait aussi déranger et marquer l'imaginaire.

Et comme c'est maintenant devenue notre habitude, nous vous offrirons dans les semaines qui approchent une couverture hétéroclite du festival, jonglant entre la critique et l'entrevue, l'analyse et l'enthousiasme, vous invitant à vivre avec nous cette grande fête du cinéma différent.


Critiques

Animosity (Brendan Steere, 2013)
At the Devil's Door (Nicholas McCarthy, 2014)
Closer to God (Billy Senese, 2014)
Le diable est parmi nous (Jean Beaudin, 1972)
Fight Church (Daniel Junge, Bryan Storkel, 2014)
Guardians of the Galaxy (James Gunn, 2014)
Han Gong-ju (Lee Su-jin, 2013)
The Infinite Man (Hugh Sullivan, 2014)
Jacky au royame des filles (Riad Sattouf, 2014)
Kite (Ralph Ziman, 2014)
Kumiko, the Treasure Hunter (David Zellner, 2014)
Late Phases (Adrían García Bogliano, 2014)
The Midnight Swim (Sarah Adina Smith, 2014)
The Mole Song: Undercover Agent Reiji (Takashi Miike, 2013)
The One I Love (Charlie McDowell, 2014)
Open Windows (Nacho Vigalondo, 2014)
Thou Wast Mild and Lovely (Josephine Decker, 2014)
Welcome to New York (Abel Ferrara, 2014)
Wolfcop (Lowell Dean, 2014)
The Zero Theorem (Terry Gilliam, 2013)
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Article publié le 14 juillet 2014.
 

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