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Festival de films féministes de Montréal 2022

Par Olivier Thibodeau


Programme Droits reproducteurs menacés

C’est la dernière édition, cette année, du Festival de films féministes de Montréal, événement un peu bordélique, mais d’une chaleureuse convivialité qui, après six ans, est destiné à mourir faute de financement, et ce malgré un impressionnant intérêt public – la petite salle de projection à la Casa del popolo était bondée à mes deux présences. Dans le premier programme de courts métrages que proposait le festival, c’était la multiplication des voix qui raffermissait le propos, contribuant à un appel passionné pour le respect des droits gynécologiques à travers le monde. La puissance désarmante d’une polyphonie de témoignages directs nous heurtait alors assez violemment, nous retournait et accusait sans détour l’inhumanité d’une institution médicale patriarcale teintée de dogmatisme religieux.

Dans le documentaire activiste The Story of All of Us Women (2020) de Itaxso Diaz, ce sont les récits croisés de trois ex-prisonnières salvadoriennes, plaqués sur des images directes de leur humble quotidien, qui solidifient la charpente d’une critique d’un système judiciaire misogyne où les femmes sont incarcérées pour meurtre après avoir fait fausse couche. Quoique la crudité du discours épouse souvent dans le programme une certaine crudité de l’image, l’écran nous offre également quelques envolées poétiques frappantes. Comme dans Volver a Respirar (2022), où des chorales de femmes spontanées donnent une saveur presque universelle à la performance quasi mystique, bourrée de métaphores florales, d’une jeune femme guatémaltèque qui, dans une série d’images fragmentées, éminemment sensuelles, joue à des jeux symboliques de ligotage et de suffocation. Sorte de BDSM anti-patriarcal, sa routine se déploie au gré d’une narration d’allure intime qui décrit de manière provocatrice les états d’âme d’une nation de femmes privées du droit d’avorter. Or, la trame narrative est constituée ici de « faits fictionnalisés » (c’est ce que nous apprend le générique), et c’est cela qui distingue le film du prochain au programme, Matka/Polka (2022) de Joanna Suchomska :
 


prod. Joanna Suchomska

MATKA/POLKA
Joanna Suchomska  |  Pologne  |  2022  |  15 minutes

Dans Matka/Polka, les témoignages d’une poignée d’intervenantes sont récités verbatim, le long d’un fil narratif qui rappelle le journal intime d’une nation, du moins d’une génération de femmes pour qui même l’accès à la contraception est difficile. Coiffées de binômes mystérieux qui servent de titres, chacune des séquences constitue une illustration semi-onirique, vaguement symbolique de récits toujours anodins dans le paysage polonais, narré avec une prenante et désinvolte mélancolie : histoires de violences obstétriques, de pharmacies dotées de « clauses de consciences », des conséquences à très long termes de condoms brisés et, bien sûr, de virées secrètes dans des cliniques d’avortement clandestines. Or, s’il ne possède pas la puissance dramatique, l’ampleur ou le naturalisme frigorifique d’un 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007), le film est sans doute plus honnête, multipliant à un rythme étourdissant les détails évocateurs de nombreuses vies passées sous le joug de la dictature du bébé à tout prix. Les intervenantes se rappellent les poissons de l’aquarium de la classe, au moment de la projection d’un film anti-avortement par le prêtre de l’école, elles se rappellent les toilettes de la clinique d’avortement juste avant l’opération, leurs souvenirs étant toujours très précis, souvent photographiques. Et même si les images qui servent de toiles de fond semblent parfois passe-partout, ou excessivement littérales, elles possèdent toutes cette facture onirique, cette esthétique vaporeuse soigneusement travaillée qui confère au film l’allure d’une plongée imaginaire, d’une percée dans un inconscient collectif tressé d’images d’emprisonnement domestique et de courtes libertés pastorales ou nocturnes.

Le film provoque un tiraillement constant chez les spectateurs, qui apprennent de première main les affres du contrôle institutionnel des droits reproducteurs en Pologne, et nous invite dans une sorte de quête initiatique tortueuse qui tient aussi d’une sorte de biographie nationale. De la noirceur de l’impossible, face à des médecins acharnés à mener à terme toutes les grossesses, qui trouvent génial de tomber enceinte pendant les études, on se rend ardument jusqu’à l’exaltation passagère de l’après-avortement, dans des plans de félicité pastorale, où se déploie subrepticement, presque sournoisement un clocher en background. La joie ne peut être que passagère en effet, face au poids d’une éducation catholique axée sur la culpabilité, où l’avortement mène les femmes à la confession et à l’opprobre vinaigrée des prêtres, ainsi qu’aux mensonges obstétriques pour mieux éviter la condamnation (et la violence de représailles) des médecins. Le plus grand accomplissement du film est peut-être d’articuler sa trame chorale à la manière d’un fil continu, comme la narration d’une seule vie, celle de la Mère Pologne, de qui on souhaiterait plus, et pour qui on souhaiterait plus, c’est-à-dire de cesser de vivre dans l’ombre de la Vierge Marie, figure maternelle dogmatique, et de l’abnégation féminine sur laquelle sont basés les récits nationaux polonais du XIXe siècle…

 


prod. Jasmina Saleh

DEAR DOCTOR
Jasmina Saleh  |  Royaume-Uni  |  2022  |  4 minutes

Aussi présent au programme se trouve ce très court poème filmé de la réalisatrice et productrice londonienne Jasmina Saleh. Œuvre archi-simple, elle fonctionne pourtant très bien comme charge intime contre une institution médicale qui sous-diagnostique l’endométriose, soit la présence extra-utérine pathologique de tissus utérins, lesquels provoquent des douleurs pelviennes chroniques au moment des règles chez 4% des femmes du monde. Dear Doctor accompagne un poème de spoken word assez brillant récité en voix off d’une série d’images symboliques où se déploie, avec un ludisme mêlé de douleur, une série d’images yoniques et de corps féminin torturés, mais simultanément célébrés. La panoplie de métaphores est assez impressionnante et le ton sarcastique permet de bien allier le caractère joueur de la mise en scène avec le propos solennel qu’il cadre, révélant la douleur secrète d’une personne incomprise dont la voix, inécoutée, s’épanche ici d’une manière non pas chaotique, mais extrêmement précise, articulée, revendicatrice. D’un point de vue allégorique, le film nous force aussi à constater le potentiel expressif incroyable des fleurs en tant que symbole yonique, élastique, broyable, écrasable, mais magnifique lorsque laissé à lui-même, victime, chez les ironistes féministes, de violences mâles mesquines. On pense notamment au doigt de Benedict Cumberbatch qui écrase la fleur de papier dans The Power of the Dog (2021). En effet, on dirait presque ici un petit lexique à l’usage de Jane Campion, ou en hommage à Jane Campion, émanant comme une excroissance chatoyante d’un récit de soi autocentré. L’épilogue didactique, où la réalisatrice nous présente à l’écran quelques statistiques à propos de l’endométriose brise un peu l’élan poétique de l’ensemble, même s’il semble presque obligatoire comme supplément d’informations factuelles.

 

*

 

Programme Métaphores et représentativité
Un excellent programme, ma foi. Du plaisir presque de part en part, avec des morceaux choisis en provenance de plusieurs coins du monde. La protagoniste (2021) de la cinéaste bruxelloise Sarah Carlot Jaber, qui poursuit ici dans la veine de son mémoire de maîtrise sur l’esthétique du regard féminin au cinéma, est un road movie délirant à la découverte (ou plutôt à la chasse) des faits occultés concernant la représentation des femmes dans le cinéma hollywoodien. Le rythme est enlevant, alors qu’un groupe d’actrices décidées à être entendues à l’écran volent la voiture d’un studio et s’enfuient dans une quête sémiotique féministe, avec un assistant de production ridicule à leurs trousses. On découvre alors à leur suite une série de vignettes jouissives sur le thème du regard mâle, injectées d’un humour cinglant et bourré d’esprit, mais parfois un peu simpliste. Les interventions didactiques débitées en voix off par un personnage immatériel nommé Voice Over sont particulièrement lassantes, malgré l’exactitude des faits rapportés.

Dans Doma (2022), l’Allemande Laura Gönczy s’attaque elle aussi avec humour aux politiques du regard, entre regardant et regardé·e, mais en abordant plus spécifiquement l’âgisme, alors qu’une vieille dame, invisible à tous lors d’une exposition sur le thème de la tomate dans une galerie d’arts remplie de hipsters, réussit par bravade à devenir le centre de l’attention. Les jeux spéculaires sont plus inconfortables dans Pinks (2022) de la Portugaise Emilie Biason, où on entre dans l’intimité de deux adolescentes, dans leur chambre décorée de rose où elles apprennent à devenir des femmes par le truchement d’impératifs médiatiques omniprésents, occupées à se gaver de trucs de beauté sur internet parmi une marée de produits cosmétiques éparpillés sur le sol, à écrire des textos aux garçons et à leur envoyer des photos de leur vulve. Doté d’une mise en scène très contemporaine, qui bouge beaucoup, le film nous place dans une position d’observation inconfortable, quasi voyeuriste, entre les plans embarrassants sur les fesses des filles et les agressions sexuelles ordinaires qu’elles commettent l’une sur l’autre en se forçant à montrer leurs organes génitaux, question de mieux faire passer son message, inscrit de manière littérale sur un carton didactique en épilogue, à propos des dérives de la labiaplastie (réduction des lèvres) chez les jeunes femmes.

Men Crying (2021) de l’États-Unienne Cate Smierciak traite aussi de la sexualité d’une façon délicate. Comédie noire, un peu inconfortable, mais parfaitement actuelle, où des dialogues caustiques sont rendus de façon parfaitement malaisante par la distribution au gré d’une mise en scène fonctionnelle, le film révèle le désespoir d’un homme qui, après une relation sexuelle avec une étrangère, découvre qu’elle n’était pas consentante. Un film amusant pour ceux, mais surtout pour celles qui peuvent trouver de l’humour dans le spectacle d’un mâle ridicule, aux yeux de chien battu, que se plaint qu’il est « difficile d’être un homme ces jours-ci » après qu’il ait violé sa partenaire. Heureusement, la sexualité est représentée avec une tendresse vraiment magnifique et libératrice dans My Mother’s Girlfriend (2021) de l’Indien Arun Fulara, à l’occasion d’une journée de félicité spontanée que passent une vieille femme et son amoureuse à manger des glaces, à enfouir leurs pieds dans le sable de la plage et à faire l’amour dans quelque mégalopole anonyme. La mise en scène directe est parfaite à la fois pour créer un portrait saisissant de l’environnement urbain, un travelogue envoutant à la découverte des couleurs et des saveurs locales, mais aussi la sensualité enivrante et cathartique des personnages. On se demande simplement pourquoi le titre implique une perspective masculine, celle du fils, puisque celui-ci ne constitue qu’un personnage secondaire, la voix envahissante de la bienséance « morale » et de l’impératif hétérosexuel au sein de la société indienne…

On note aussi la présence au programme de deux joyaux inespérés, une première mondiale et un film d’animation local savoureux, dont la réalisatrice était présente :
 


prod. Fémis

SOUTERRAINES
Andrea Lejault  |  France  |  2022  |  22 minutes

Hors du noir jaillit la voix pénétrante d’une jeune femme obsédée par le souvenir de sa grand-mère. « Elle veut que je me souvienne », nous apprend-t-elle, à l'intersection d’un plan anesthésiant sur une bassine en pierre mystérieuse où se déverse un flot d’eau constant, hypnotique, à l’instar de la voix, et d’un plan pastoral tout aussi mystérieux, où on aperçoit une croix de chemin dans un champ. Embrassant à bras le corps la trame nébuleuse de son récit, ce film de troisième année produit à la Fémis se déploie comme une énigme enlevante, rempli d’indices subtiles, excitants, dispersés çà et là en route vers une conclusion parfaitement satisfaisante, sans être transcendante, à propos du poids de l’héritage familial. Lejault nous garde constamment en haleine alors que nous cherchons à comprendre les raisons qui motivent l’enquête de la jeune Annaëlle, venue explorer la maison de sa grand-mère dans la campagne française, voire la nature précise de son enquête – « je cherche une tombe » confiera-t-elle simplement à une jeune femme blessée venue trouver refuge chez elle, seule véritable explication de sa présence dans les lieux. L’atmosphère froide qui caractérise la campagne automnale et les intérieurs sombres de la maison, devenue idéale pour les rapprochements émotionnels devant le feu de foyer, est rendue avec une certaine maestria, et la nature intime de la caméra nous permet de vraiment partager l’espace avec les personnages. Le jeu assez naturel de Léa Schweitzer est contrebalancé par la posture étrangement littéraire de Suzanne Ballier, qui donne à son personnage une qualité hors du temps, presque universelle, qui ajoute encore une couche de mystère à son personnage insubstantiel, presque symbolique, dans cette œuvre subtile qui se consomme comme un bon polar.

 


prod. Mel Hoppenheim School of Cinema

OH TO LOVE WITHOUT POSSESSION
Lauren Falvo  |  Québec  |  2022  |  2 minutes

Réalisé par la Montréalaise Lauren Falvo lors de sa deuxième année d’études en animation à l’université Concordia, Oh To Love Without Possession est un court métrage qui démontre une belle perspicacité émotionnelle, fruit de l’introspection de son autrice à la suite d’une rupture amoureuse émancipatrice. Conçu originalement comme une bande-dessinée, puis animé de façon guérilla à l’aide de deux chaises de bureau, la caméra sur l’une, et sur l’autre, les décors devant lesquels se déploient les personnages, le film nous invite à découvrir la perspective de Falvo sur sa dernière relation de couple. C’est une histoire d’amour possessif, littéralement, qu’elle nous propose ainsi, avec des caresses qui se terminent en appropriation, lorsqu’un amoureux, tout vêtu, apparaît dans le plan où sied fièrement une jeune femme nue et lui caresse les seins, rien que pour les lui enlever et les mettre dans un pot. La félicité d’un instant se transforme en ébahissement total pour la protagoniste, dont la poitrine arbore désormais deux trous béants. Surtout que son visage à elle est très expressif, contrairement à celui de son amoureux, impassible, alors qu’il écrase les seins volés entre ses doigts pour mieux les empoter. Pourquoi ? « Parce que je t’aime. » Il finit même par l’empoter toute au complet, la laissant emprisonnée derrière lui au moment de quitter la chambre. Mais ce n’est pas la même femme qu’au début qui gît coincée dans le flacon, puisque ses cheveux n’ont cessé de pousser tout au long du film. Est-ce une femme plus mature qui se retrouve ainsi prisonnière, capable de réaliser son propre emprisonnement ? Ou faut-il nécessairement être sorti·e d’une relation pour constater, en rétrospective, qu’elle nous était carcérale ? Pour Falvo, la création artistique est une forme de thérapie, une façon de donner forme à des émotions qui l’éludaient précédemment. Et c’est ce qu’elle fait ici, se libérant réellement en s’emprisonnant métaphoriquement, au cœur d’un film très court, très simple, mais parfaitement évocateur d’un point de vue émotionnel, qui célèbre avec un ludisme cathartique la boucherie des corps qui caractérise un certain pan du cinéma d’animation.

 


prod.
Double Iris Productions

ESTHER & SAI
Rosie Choo Pidcock, Anaïsa Visser  |  Canada  |  2021  |  12 minutes

Deux solitudes se rencontrent en sol canadien dans ce film ludiquement tragique, mais on ne parle pas ici de camps linguistiques opposés. On parle de deux femmes esseulées, deux immigrantes isolées par le racisme prégnant dans le Vancouver de la fin des années 70. Étudiantes en infirmerie à l’Université de la Colombie-Britannique, Esther (Ivanna Ihekwoaba) et Sai (la réalisatrice Rosie Choo Pidcock) suivent en parallèle le même parcours, mais sans jamais vraiment se croiser, au gré d’une comédie d’observation douce-amère, où la caricature est juste assez grossière pour sembler à la fois vraisemblable et exagérée. On rencontre initialement les deux femmes au supermarché, chacune de leur côté, dans différentes allées, au sein de ces plans d’aliénation consumériste qu’on croirait avoir vu mille fois, mais où l’aliénation provient ici de la différence des produits sur les étalages, et non de leur ressemblance. C’est un choc culturel que ressentent les deux héroïnes, via d’amusants raccords-regards humoristiques. Le spectacle de la jeune Africaine confrontée à des sacs de riz de style « Uncle Ben’s » est amusant de cette façon malaisante, qui accuse tout en tournant au ridicule notre imaginaire occidental raciste. Après s’être heurtées à un commis peu coopératif, exaspéré par leur anglais qu’il juge trop cassé, les deux femmes finissent toutes deux par rentrer chez elles avec une boîte de « Draft » Dinner, question de subir un autre choc culturel.

Dans leurs chambres d’étudiantes homologues au Fraser Hall, où le spectateur découvre de façon succincte les souvenirs évocateurs de leurs vies passées, dans des espaces dont elles ont fait de petits chez soi loin de chez soi, les protagonistes, elles, découvrent les subtilités de la gastronomie canadienne. Au fil de deux scènes croisées, mises en scène de façon miroir, on les voit peiner à préparer les nouilles fromagées en boîte qu’elles viennent de se procurer sur les petites plaques chauffantes posées sur leurs bibliothèques respectives, incertaines de quoi faire avec ces pochettes de poudre étranges qui viennent avec. Les deux vignettes simultanées sont tendres, humaines, chaleureuses, et très amusantes, surtout qu’elles renversent les règles de représentation hégémoniques en impliquant des Africaines et des Asiatiques qui se retrouvent confrontés à la « barbarie » des Américains et à leur nourriture comiquement bizarre. Le mal du pays est sincèrement et perspicacement représenté à l’écran, et il devient de plus en plus abrasif à chaque petit accroc culturel, si bien que les deux héroïnes finissent même par appeler leurs parents pour trouver réconfort, chose que Sai ne trouvera qu’à moitié face à une mère qui lui dit de rappeler quand elle aura fini ses études. Les parcours des deux femmes demeurent légèrement décalés en route vers l’école le lendemain, l’occasion de quelques sketchs à peine caricaturaux sur l’intolérance ambiante jusqu’à ce qu’elles se retrouvent face à face en classe, après un périple qui devait nécessairement les amener jusque-là, ne serait-ce que pour la beauté absolue de leurs réunion, celle de deux belles âmes rassemblées de façon cathartique par leur ostracisation commune, et entre lesquelles démarre une histoire d’amitié superbe, climax adorable de cette ode humaniste candide qui m’a même tiré une larme de l’œil.

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Article publié le 13 septembre 2022.
 

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