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Festival du nouveau cinéma 2016

Par Mathieu Li-Goyette



« La 45e édition du Festival du nouveau cinéma de Montréal, doyen des festivals de films au Canada, se déroulera du 5 au 16 octobre », peut-on lire en première ligne du communiqué de presse de cette nouvelle édition du FNC. On avait à peine découvert la teneur de cette programmation que le ton était donné : aux festivités lamentablement échouées du Festival des films du monde en août dernier, événement qui se targuait de plus en plus d’une sorte de prestige et d’une légitimité fantoches soutenus par son âge et sa reconnaissance par la FIAPFF, le FNC remet les pendules à l’heure et, comme pour en ajouter une couche, a même décidé de déplacer son quartier général à l’hôtel Hyatt, ancien lieu de rassemblement du FFM (avant que celui-ci ne s’en fasse exclure cette année à force de factures impayées).
 
Et vu l’allure de cette programmation (138 longs métrages, 170 courts métrages et de nombreux d’entre eux signés par des auteurs célèbres et célébrés), il n’y a pas de doute que cette prise de pouvoir symbolique est pleinement méritée : le Festival du nouveau cinéma est définitivement doyen en âge et en qualité.
 
C’est donc ce mercredi 5 octobre avec la première québécoise de Un ours et deux amants, nouvelle offre (et première en langue anglaise) de Kim Nguyen après Rebelle et Le nez, que s’ouvrira en grand les festivités avant de se terminer dix jours plus tard avec la projection de Maliglutit, le nouveau film de Zacharias Kunuk (l’excellent Atarnajuat, la légende de l’homme rapide) inspiré de l'immense film de John Ford, The Searchers.
 
Parmi les autres titres à surveiller, notons dans la compétition internationale les films de Maren Ade (Toni Erdmann), Karl Lemieux (Maudite Poutine) et Zhang Hanyi (Life After Life) ou de David Chou (Diamond Island). La section Présentation spéciale des années précédentes a été déplacée et remplacée par Les incontournables (qui dit clairement ce que la nomenclature précédente ne faisait qu’effleurer), où les noms de Andrea Arnold (American Honey), Wang Bing (Bitter Money), Hirokazu Kore-eda (After the Storm), Kiyoshi Kurosawa (Daguerrotype) côtoient ceux d’Eugène Green (Le fils de Joseph), Wim Wenders (Les beaux jours d’Aranjuez), Jim Jarmush (Gimme Danger), Pablo Larraín (Neruda), Ulrich Seidl (Safari) et Hong Sang-soo (Yourself and Yours). Du cinéma singulier, enveloppé dans un événement consacré à nous livrer les titres les plus attendus de la cinématographie mondiale, on ne pouvait attendre mieux pour égayer ces dernières semaines plutôt pauvres en matière de sortie en salle.
 
Comme il a l’habitude de surprendre, le festival a décidé de se renouveler cette année encore. Car si l’identité visuelle de cette édition est plus confondante qu’on ne l’aurait souhaité (on y sent un peu trop le parfum et le catalogue de siège d'avion), il faut dire que sa programmation, elle, a nettement souhaité retrouver l’esprit radical qui est profondément inscrit dans les gênes du festival depuis ses débuts dans les années 70 où il était consacré aux films 16mm les plus pointus. Rien de mieux pour actualiser cet héritage que cette nouvelle section intitulée Les nouveaux alchimistes (qui est une sorte de FNC Lab blindé à renfort de nombreux longs métrages) où l’on verra Déserts, le premier long de Charles-André Coderre et Yann-Manuel Hernandez ainsi que les nouveaux films de Douglas Gordon (I Had Nowhere to Go), Olivier Laxe (Mimosas) et Mike Hoolboom (We Make Couples).
 
Du côté de Focus Québec, on notera plus particulièrement la présence du dernier film d’Olivier Asselin (Le Cyclotron), d’Oliver Godin (Les arts de la parole) ainsi que le premier long métrage de Sophie Goyette (Mes nuits feront écho). Dans le Panorama international, les films de Kôji Fukada (Harmonium), Daisuke Miyazaki (Yamato (California)), Alexandre Chartrand (Le peuple interdit) et Khadija Al-Salami (Moi, Nojoom, 10 ans, divorcée) vaudront, parmi d’autres, le détour.
 
Chez Temps Ø, la folie sera encore une fois au rendez-vous : les films de Vincent Biron (Prank), de Sion Sono, dans un documentaire à son sujet (The Sion Sono de Arata Oshima) et par une nouvelle réalisation (Antiporno), Tetsuya Mario (Destruction Babies), Khavn De La Cruz (Alipato: the very brief life of an ember) et Adam Rifkin (Director’s Cut) seront à surveiller.
 
À cet impressionnant tour d’horizon, ajoutons enfin quelques projections de classiques qui vaudront leur prix d’entrée, notamment celle du trentième anniversaire de Big Trouble in Little China de John Carpenter, la restauration 4k du Phantasm de Don Coscarelli ainsi que la projection du chef-d’œuvre Heaven’s Gate ainsi que l’excellent Year of the Dragon, tous deux du regretté Michael Cimino. Le nouveau volet Histoire(s) du cinéma nous permettra quant à lui de nous pencher sur quelques-unes des œuvres méconnues de Krzysztof Kieślowski (notamment Camera Buff et Blind Chance), sur les films de la réalisatrice engagée Jennifer Reeder, sur l’œuvre du Belge joyeusement trash Felix Van Groeningen ou bien celle de Jean-Pierre Lefebvre.
 
Finalement, le volet Présentations spéciales nous permettra de voir le film-fleuve de Ulrike Ottinger, Chamisso’s Shadow, d’une durée de 12 heures ou encore le film au titre fleuve de Mathieu Denis et Simon Lavoie (Laurentie), Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. Et si la faim cinéphile n’est toujours pas comblée, il faut savoir qu’un volet Documentaires sur le cinéma se chargera aisément du reste, avec des films sur Samuel Beckett et Buster Keaton (Notfilm), un voyage de Bertrand Taverner à travers le cinéma français, un film sur Toshiro Mifune (Mifune : the Last Samurai), un hommage à Abbas Kiarostami (76 minutes & 15 seconds with Abbas Kiarostami) et The First Film, où l’on remettra (encore) en question la véritable paternité du cinéma.
 
Si l’on doit encore une fois souligner la grande diversité et les bons coups du Festival du nouveau cinéma, on doit surtout saluer l’excellente vague du cinéma québécois qui y sera présentée. Rarement aura-t-on été témoin d’une programmation où, dans pratiquement toutes les sections, des films québécois d’envergure sont parvenus à se tailler une place de choix, leur permettant de se mesurer à une impressionnante sélection internationale. C’est aussi pourquoi, afin de rendre mieux compte de l’ampleur d’une telle programmation, nous opterons pour une couverture journalière, rédigée par bon nombre des rédacteurs de l’équipe.


PRÉSENTATION
OUVERTURE : TWO LOVERS AND A BEAR
JOUR 1
(Alipato, Death in Sarajevo, Diamond Island, Je me tue à le dire,
Safari, Sixty Six, The Death of J. P. Cuenca, Welcome to Iceland)
JOUR 2
(Déserts, Late Shift, Lost and Beautiful,
Maquinaria Panamerica, The Last Family)

JOUR 3
(Daguerrotype, Director's Cut, Sur les nouveaux alchimistes,
Happy Times Will Come, Life After Life, Pacifico)

JOUR 4
(A Quiet Passion, Apnée, Fallow,
Sadako vs. Kayako, Sunrise, Werewolf)

JOUR 5
(A Lullaby to the Sorrowful Mystery, Bitter Money,
La Chasse au collet, Lampedusa, Sand Storm, We Make Couple)
ENTREVUE
Xavier Seron et Julie Naas (Je me tue à le dire)

JOUR 6
(A Decent Woman, Belgica, Lily Lane,
Mes nuits feront écho, Notes on Blindness, The Untamed)
JOUR 7
(Les arts de la parole, Dogs, L'effet aquatique,
I Had Nowhere to Go, The Ornithologist, Spark)

JOUR 8 
(The End, Évolution, The Giant, Yamato (California), X Quinientos)

JOUR 9
(Maudite poutine, One Week and a Day, Prank,
La tortue rouge, Weirdos)

ENTREVUE
Felix Van Groeningen (Belgica)

JOUR 10 + PALMARÈS DE LA RÉDACTION
(Invisible, Mademoiselle, Stealing Alice,
Le vertige des autres, Yourself and Yours)

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Article publié le 5 octobre 2016.
 

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