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Festival du Nouveau Cinéma 2013

Par Alexandre Fontaine Rousseau




Commençons par le commencement, c'est-à-dire par les banalités de circonstance.

La 42e édition du Festival du nouveau cinéma se tiendra du 9 au 20 octobre 2013; en feuilletant rapidement le programme, on se retrouve encore une fois face à ce mélange efficace de valeurs sûres, d'audaces prometteuses, de rétrospectives pertinentes et d'événements indéniablement cool qui a cimenté au fil des ans la réputation de cet incontournable du paysage culturel montréalais. La formule a fait ses preuves. Il suffit de rassembler, d'une édition à l'autre, les ingrédients gagnants… et l'équipe de programmation du FNC, une fois de plus, ne nous a pas déçus.

Évidemment, le festival offre d'abord et avant tout l'occasion de suivre une poignée d'auteurs établis qui « font », d'année en année, le cinéma contemporain : Tsai Ming Liang (Stray Dogs), Hong Sangsoo (Our Sunhi), Hirokazu Kore-Eda (Tel père, tel fils), Wang Bing ('Til Madness Do Us Part), Jia Zhang-Ke (A Touch of Sin), Peter Greenaway (Goltzius and the Pelican Company) ou encore Philippe Garrel (La jalousie), pour ne nommer que ceux-là. On pourrait, certes, souligner quelques absences – notamment celle du plus récent film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, que l'on attend avec impatience depuis sa première à Cannes en mai dernier. Mais face à une programmation aussi chargée, force est d'admettre qu'il ne sera pas trop difficile de prendre notre mal en patience. D'autant plus que le festival frappe un grand coup en programmant, en guise de film de clôture, cette très belle Danse de la réalité que signe après des années d'absence derrière la caméra le trop rare Alejandro Jodorowsky.

Parmi les incontournables, impossible de passer sous silence le majestueux Histoire de ma mort du cinéaste catalan Albert Serra qui, après s'être intéressé au Don Quichotte de Cervantès et aux Rois mages de l'Évangile selon Mathieu, orchestre avec ce quatrième long métrage une rencontre d'une portée symbolique époustouflante entre Casanova et Dracula. Ou encore L'étrange couleur des larmes de ton corps, nouveau film d'Hélène Cattet et Bruno Forzani qui signent, quatre ans après le brillant Amer, une nouvelle exploration féroce des possibilités sensorielles du cinéma de genre. De même que cette Grande Belleza de Paolo Sorrentino qui, après s'être glissé dans les coulisses de la politique italienne avec Il Divo, dirige cette fois son regard perçant vers la haute société romaine – livrant un film que plusieurs osent déjà comparer aux plus grandes oeuvres de Fellini. Rien que ça.

Côté québécois, mentionnons le très attendu Démantèlement de Sébastien Pilote ainsi que le film d'ouverture du Festival, Tryptique de Pedro Pires et Robert Lepage – qui effectue un retour au cinéma dix ans après La face cachée de la Lune. Les curieux pourront aussi voir le fameux Tom à la ferme de Xavier Dolan qui, après un accueil chaleureux à Venise où il a remporté le prix de la critique, est ici présenté dans le cadre de la compétition officielle. Quant au jeune Sébastien Landry, il présentera son tout premier film Un parallèle plus tard en primeur mondiale. Le cinéma canadien n'est pas en reste non plus – avec, notamment, des nouveautés de Bruce McDonald (The Husband) et d'Atom Egoyan (Devil's Knot)… ainsi qu'un nouveau Bruce LaBruce au titre pour le moins évocateur, Gerontophilia.

Mais le FNC, c'est aussi la section Temps ø et sa sélection de films généralement déjantés, habituellement surprenants et plus souvent qu'autrement troublants, se situant à la lisière du genre et de l'auteurisme classique. Notons, au passage, quelques titres particulièrement prometteurs : R100 du nouveau roi de la comédie nippone Hitoshi Matsumoto, Why Don't You Play In Hell de l'imprévisible et provocant Sion Sono, l'intriguant Wrong Cops de Quentin Dupieux et A Field in England du jeune cinéaste britannique Ben Wheatley. De même que la suite de ce fameux « Projet Django », lancé plus tôt cet été durant Fantasia, qui regroupe cette fois sept westerns hors-normes dont The Shooting et Ride in the Whirlwind, deux classiques méconnus de l'énigmatique auteur américain Monte Hellman, ainsi que l'étrange (et résolument culte) Streets of Fire de Walter Hill – merveilleuse déconstruction des codes du genre sur fond de rock 'n roll et de guerres de gang avec, en prime, un jeune Willem Dafoe vêtu de cuir et au sommet de sa forme.

Sans oublier la rétrospective Jonas Mekas ou encore l'hommage au regretté Arthur Lamothe…  de même que la performance gratuite du musicien américain Robert Aiki Aubrey Lowe, alias Lichens, vendredi soir à 22h au Quartier général du festival. Ainsi que la projection en plein-air du classique Pink Floyd: Live at Pompeii, jeudi le 10 octobre… Bref, les onze prochains jours s'annoncent chargés… et l'équipe de Panorama-cinéma fera bien évidemment tout en son pouvoir pour vous offrir (dans la mesure du possible) une couverture complète de l'événement.


>> Le blogue du festival


Critiques

L'étrange couleur des larmes de ton corps (Hélène Cattet, Bruno Forzani, 2013)
Goltzius and the Pelican Company (Peter Greenaway, 2012)
La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Story of My Death (Albert Serra, 2013)
Tom à la ferme (Xavier Dolan, 2013)
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Article publié le 9 octobre 2013.
 

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