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Festival du Nouveau Cinéma 2012

Par Mathieu Li-Goyette




Après un quarantième anniversaire complètement renversant, cette 41e édition du Festival du nouveau cinéma s'ouvre sous le signe de la maturité.

C'est d'ailleurs avec cette maturité que s'inaugure et se clôture le FNC. Simon Galiero, avec sa Mise à l'aveugle, donne le coup d'envoi du festival en déjouant le cynisme ambiant tout en propulsant le cinéma québécois vers de nouvelles perspectives où la conscience populaire sera le mot d'ordre. En fin de parcours, Noémie Lvovsky boucle le festival avec son Camille redouble, retour sur l'enfance à partir d'un regard d'adulte à mi-chemin entre la nostalgie et l'autocritique.

Maturité, donc, des sociétés, mais aussi des nations, de nouveaux cinéastes devenus vétérans au fil des années 90 et 2000. Parfois doyens (Alain Resnais et son Vous n'avez encore rien vu, les Monty Python et A Liar's Autobiography, Ken Loach et La part des anges), parfois maîtres depuis fort peu longtemps (Christian Miungiu et Au-delà des collines, Bahman Ghobadi et Rhino Season, Carlos Reygadas et Post Tenebra Lux ou peut-être tous les réalisateurs encore inconnus de la Sélection internationale), tous sont représentatifs d'une vitalité remarquable des cinémas nationaux émergeant, mais aussi d'une conscience d'un passé jamais si lointain (Olivier Assayas et Après Mai).

Et puis il y a les plasticiens hors pairs, les Thomas Vintenberg (La chasse), Hong Sang-soo (In Another Country), Ang Lee (Life of Pi), Deepa Mehta (Midnight's Children) et l'enragé tranquille Ulrich Seidl (Paradis: Amour). Et, plus encore, les engagés nouveau genre, les nouvelles voix du cinéma politique d'ici (le projet Épopée s'attaque au "printemps érable" dans Insurgence) et de partout ailleurs avec Mike Hoolboom (Lacan Palestine) et Wang Bing (Trois soeurs).

Au niveau du Panorama international, dénotons la présence de Stan Neunann avec L'oeil de l'astronome, Ali Aydin (récipiendaire du Lion du futur au festival de Venise 2012 avec Mold), un film sur un village japonais isolé et composé de seulement quelques vieillards (Inori de Pedro Gonzalez-Rubio) ou encore Blue Meridian de Sofie Benoot qui se penche sur l'identité américaine revue à la sauce post-Katrina. Et puis Pasolini's Last Words de Cathy Lee Crane qui risque d'en intéresser plus d'un de par son sujet mystérieux.

Pour en finir avec la programmation des longs métrages, c'est en se frottant au fameux Temps Ø que le cinéphile en manque de sensations extrêmes et débridées pourra se satisfaire avec une programmation stellaire: Brandon Cronenberg (Antiviral), Kirsten Sheridan (Dollhouse), David Manuli (The Legend Of Kaspar Hauser) ou le quatuor nippon Sion Sono (The Land of Hope), Koji Wakamatsu (The Millenial Rapture), Kiyoshi Kurosawa (Penance) et Takeshi Kitano (Outrage: Beyond).

Quant aux rétrospectives, le FNC frappe fort comme à l'habitude : Philippe Grandieux (l'intégrale, classe de maître et dossier ambitieux sur Hors Champ), William Klein (23 films, 22 photographies), Carole Roussopoulos, Stephen Dwoskin et Gilles Gagné sont tous honorés par leur présence ou par leur récente absence : artistes iconoclastes et engagés, ils sauront vous convaincre de faire un crochet par ce volet souvent oublié au profit des grands canons de la sélection officielle et internationale. Cette année, le FNC se joue définitivement sur deux fronts.

Dans la foulée de ces rétrospectives, nous aurons bien sûr l'occasion de découvrir tout un pan méconnu de l'histoire de la Nikkatsu, ce studio japonais dont on fête cette année le centenaire et à qui Panorama-cinéma a cru bon de dédier son troisième ouvrage imprimé. Avis aux intéressés, le livre sera lancé le 12 octobre prochain au Quartier général du festival situé au Coeur des sciences de l'UQÀM (175 avenue Président-Kennedy, métro Place-des-Arts). Au programme? Un lancement de livre, de la musique bien nippone, des textes sur des films inventifs et érotiques sur des auteurs populaires et méconnus. Bref, l'occasion rêvée d'en apprendre plus sur le Japon et ce cinéma à la fois pop et contestataire se concrétise avec ce Nikkatsu : 100 de rébellion.

Dans la même lignée de l'autopromotion sans scrupules, n'oublions pas non plus le premier court métrage de notre ancien collaborateur Nicolas Krief. Son film Séfarade fera partie du programme Portraits (de société). C'est un bon film. C'est prometteur. Allez le voir.

En plus des quelques projections dédiées aux plus petits dans le programme Les p'tits loups (que le festival a intelligemment divisé en tranches d'âge), le FNC en rajoute toujours plus avec le FNC Lab, cerise sur le gâteau qui s'annonce encore une fois comme le lieu des découvertes les plus originales et avant-gardistes. Dans le Quartier des Spectacles, par exemple, il y aura l'installation Waterfalls signée Iregular où la cartographie du territoire, le développement des projections en extérieur et l'interactivité de masse seront mis de l'avant. Le cycle Sublime virtualité, lui, s'évertuera à abattre les frontières entre le virtuel et le réel tandis que des cinéastes comme Paul Bush auront leur dernière oeuvre (Babeldom) à présenter. Du côté de l'expérimental, l'EspaceCinéma du Centre Segal se joint à la fête pour présenter le programme Let There Be Light Cone qui rend hommage aux 30 ans de Light Cone, l'un des plus importants distributeurs de films expérimentaux qui projettera certaines de ses dernières acquisitions. Volet méconnu du FNC, le grand honneur rendu à l'expérimental cette année a des allures de festival en soi... Ça pourrait nous tenir bien loin des primeurs les plus attendues.

De part et d'autre, la plus grande force de cette 41e édition s'avérera sa diversité au niveau de la programmation, de la provenance des films et des thématiques qu'ils sauront aborder. Tandis que d'autres considèrent l'année 2012 comme un cru tout simplement faible en matière de cinéma d'auteur de grand calibre, le FNC semble prouver qu'il s'agit plutôt d'une année pivot, d'une année où tous s'essaient aux nouvelles matières de l'expression allant de la 3D pour Ang Lee à la célébration des Klein, Grandrieux et autres fous de la Nikkatsu. Voilà une édition pour le développement et pour le renouvellement des formes, une édition pour défoncer les frontières et quitter les sentiers battus.

Nous tenterons, dans la douzaine de jours à venir, de vous donner un compte-rendu détaillé de cette euphorie régénératrice, de cette preuve qu'après avoir fêté son quarantième, le FNC demeure toujours le festival d'un cinéma nouveau, toujours à venir.
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Critiques


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Article publié le 10 octobre 2012.
 

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