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Festival Fantasia 2021 : Coup d'envoi

Par Olivier Thibodeau

Ça y est ! Pour sa 25e édition, qu’on aurait préféré 100 % live, Fantasia démarre tout de même comme une vieille Pontiac avec un aigle sur le hood grâce à la projection ce soir du Suicide Squad (2021) de James Gunn, dont le cinéma revient au Festival après le passage marqué de Super en 2010. Il repart de plus belle demain, avec une autre grosse production pleine de grosses ficelles : Brain Freeze (2021), un tout nouveau film de zombies québécois, mais avec des jokes dedans… et pas seulement des jokes involontaires. Il s’agit là de deux des vingt-six projections en personne (pardon, en présentiel) prévues au programme, lesquelles ne se dérouleront pas sur le campus de Concordia, mais bien au cinéma Impérial, comme à la belle époque du Festival, ainsi qu’au cinéma du Musée et à la Place de la Paix, juste à côté de la SAT.

Vingt-et-un longs métrages seront présentés en salles, incluant plusieurs gros films à popcorn comme le nouveau Bustillo et Maury (The Deep House [2021]), le nouveau Miike (The Great Yokai War—Guardians [2021]), le nouveau Sono (Prisoners of the Ghostland [2021], avec Nicolas Cage), ainsi que les derniers-nés de Production I.G (The Deer King [2021]) et des Studios 4oC (Fortune Favors Lady Nikuko [2021] et Poupelle of Chimney Town [2020]). Par contre, on a surtout envie de voir Septet: The Story of Hong Kong (2021), qui réunit sept réalisateurs légendaires afin d’explorer sept décennies dans l’histoire de cette ville assiégée; le film de zombie taïwanais ultra-gore The Sadness (2021), sélectionné plus tôt cette année à Locarno; et The Righteous (2021), juste parce que ça risque de faire drôle de voir un film d’horreur terre-neuvien… Il importe aussi de noter les projections gratuites de Finalement… (1971), une romance kitsch sortie des boules à mites par Éléphant, ainsi que de la version restaurée de Yes Sir! Madame… (1994), classique indémodable du grand Robert Morin. Le programme de courts métrages Miaow Mix Zappin’ Party de DJ XL5 sera aussi montré devant public, ainsi que quatre des six programmes des Fantastiques week-ends du cinéma québécois (les autres étant présentés en direct sur Facebook).

Le reste de la programmation (96 longs métrages et 181 courts métrages) prendra l’affiche sur la plateforme de diffusion numérique du Festival, là où l’on risque de trouver des vraies perles, ainsi qu’une certaine cohérence thématique qui dépasse le simple fan service. Présentées parfois dans des plages horaires précises (c’est le cas de trente-cinq des longs et vingt-sept des courts), la majorité des œuvres seront disponibles pour tous en tout temps et pour toute la durée du Festival — sans la liesse collective qui accompagne normalement la décapitation des monstres et les bruits de pets de samouraïs, bien sûr, mais comme substitut enviable à l’offre domiciliaire de Netflix. COVID oblige, les thématiques pandémiques sont au rendez-vous (dans le glauque et anxiogène Tin Can [2020] de Seth A. Smith, par exemple, ainsi que dans l’intrigant thriller sud-africain Glasshouse [2021]), mais on ausculte également le rapport contemporain que nous entretenons avec les écrans (dans #Blue-Whale [2021] notamment, mais aussi dans les astucieux Beyond the Infinite Two Minutes [2021], We’re All Going to the World’s Fair [2021] et The 12 Day Tale of the Monster That Died in 8 [2020] de Shunji Iwai, lauréat d’un prix de carrière honorifique cette année et objet d’une courte rétrospective qui inclut le classique All About Lily Chou-Chou [2001] et April Story [1998]).
 

:: Beyond the Infinite Two Minutes  (Junta Yamaguchi, 2021) [Tollywood]

La section Camera Lucida est bien foutue comme toujours, surtout qu’on y présente un film d’automobiles monstrueuses (le délectable King Car [2021]) et une comédie romantique pour marginaux dépressifs (le touchant The Slug [2020]), de même que le nouveau Mickey Reece (Agnes [2021]) et les super-succès festivaliers The Story of Southern Islet (2020) et Tiong Bahru Social Club (2020). La section Axis, quant à elle, explose quasiment avec pas moins de onze longs métrages, incluant quelques merveilles d’animation en volume comme la plus récente version de Junk Head (2021) de l'homme-orchestre Takahide Hori et le Mad God (2021) de Phil Tippett, lauréat lui aussi d’un prix de carrière honorifique cette année. Le reste de l’offre est un mélange familier et exutoire récréatif grandiloquent, incluant un raz-de-marée de comédies romantiques et de contes initiatiques japonais (parmi lesquels on note l’irrésistible nouveau film de Akiko Ohku, Hold Me Back [2020]). La section Rétro est de retour également avec quelques choix plutôt paresseux (Funky Forest: The First Contact [2005], Kakegurui [2019], Return of the Bastard Swordsman [1984], Tombs of the Blind Dead [1972] et Uzumaki [2000]), mais avec une étrange trouvaille également : le thriller d’espionnage suisse L’Inconnu de Shandigor avec Serge Gainsbourg, présenté à Cannes en 1967, puis perdu et récemment restauré par la Cinémathèque suisse. On note aussi la présence au programme de quelques autres perles potentielles : le film d’horreur en langue galloise The Feast (2021); Lost Boys (2020), la suite incontournable du documentaire finlandais Reindeerspotting: Escape from Santaland (2010); le film culte de Stephen Sayadian Dr. Caligari (1989); le pinku eiga gastronomique de Kôta Yoshida, Sexual Drive (2021); et le film de marionnettes gore Frank & Zed (2020) du charmant Jesse Blanchard.

Parmi les nouveautés cette année, notons l’inclusion de deux nouveaux programmes de courts métrages : Botanicum Eroticorum (dédié, vous l’aurez deviné, au cinéma érotique) et Radical Spirits (qui traite de cinémas autochtones). Rappelons également le retour des événements gratuits sur Zoom, parmi lesquels on compte des classes de maîtres données par les deux récipiendaires du prix honorifique, Shunji Iwai et Phil Tippett, mais aussi par Stephen Sayadian, ainsi que différentes conférences à propos de sujets divers comme le cinéma d’horreur autochtone, le cinéma de genre sud-africain, les créatures inédites de Brian Yuzna, le jeu vidéo inspiré de Turbo Kid (2015), les séries de genre québécoises et la monstruosité transgressive des femmes noires au cinéma.

Bon festival !

INTRO

PARTIE 1
(Hold Me Back, King Car, Lost Boys, Midnight in a Perfect World)

PARTIE 2
(The 12 Day Tale of the Monster that Died in 8, Brain Freeze,
Satoshi Kon, l'illusionniste, Tin Can, We're All Going to the World's Fair)

Septet: The Story of Hong Kong

Beyond the Infinite Two Minutes

PARTIE 3
(Baby, Don't Cry, Opération Luchador, The Slug, Under the Open Sky)

PARTIE 4
(Agnes, Fils de plouc, Ora, Ora Be Going Home,
The Righteous, The Story of Southern Islet)

PARTIE 5
(Dr. Caligari, Frank & Zed, It's a Summer Film!, When I Consume You)

PARTIE 6
(L'inconnu de Shandigor, Midnight, The Sadness, Sexual Drive)

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Article publié le 4 août 2021.
 

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