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Carnets de Göteborg

Par Guilhem Caillard
Du 27 janvier au 6 février dernier s'est tenue en Suède la dernière édition du Göteborg International Film Festival : dynamique, éclectique, délicieusement impliquée. Retour sur un événement trop souvent méconnu de ce côté de l'Altantique.

Le GIFF partage ses dates avec un autre rendez-vous incontournable qui donne immanquablement un coup de fouet à l'année cinématographique : le Festival de Rotterdam. Puis, dans la foulée, surgit bien-entendu la sacro-sainte Berlinale, début février. Autant dire qu'un tel chevauchement s'avère plutôt dangereux. Et pourtant voilà 35 années que Göteborg sort son épingle du jeu dans cet agenda serré de façon exemplaire, non sans fierté. Plus modeste, le festival suédois demeure le plus important de la Scandinavie et incontestablement une grande manifestation où se retrouvent bon nombre de professionnels faisant bien volontiers le détour.

Car à sa façon, le GIFF regorge d'opportunités et de découvertes. D'abord à l'échelle nordique : producteurs, distributeurs, acheteurs, responsables des réseaux télévisuels finnois, danois, suédois et islandais se croisent, participent activement à des rencontres professionnelles visant à problématiser les récentes évolutions de l'industrie locale. Cette année, David Madden, Président de Fox Television (et producteur de la série The Shields), dirigeait la fameuse session « TV Drama Vision » durant laquelle une trentaine de participants ont échangé autour du phénomène des remake américains de programmes scandinaves - on ne peut plus actuel étant donnée la récente sortie du dernier film de David Fincher. Plusieurs projets en cours ont été présentés.

Étalé sur cinq journées intensives, le « Nordic Film Market » a offert une visibilité de taille à dix-neuf longs métrages présentés à la vente et dix-neuf autres « work in progress » à la recherche de financements additionnels. Parmi ceux-ci, le réalisateur danois Bille August (The Conqueror, The Best Intentions), oscarisé et doublement récompensé de la Palme d'or, présentait son plus récent projet, la très attendue biographie de la peintre Marie Krøyer. Le « Nordic Film Lab » réunissait quant à lui plusieurs professionnels scandinaves en début de carrière (cinéastes, producteurs), soigneusement sélectionnés pour suivre des séminaires et autres événements de réseautage. Enfin le Danemark s'est vu attribuer une journée hommage durant laquelle la production documentaire, prolifique en 2011, a été mise en perspective (le Festival du Film Documentaire de Thessalonique en Grèce - Images of the 21st Century - vient d'ailleurs d'annoncer un focus spécial sur le sujet à l'occasion de sa prochaine édition). Il ne faut pas se tromper : les organisateurs du GIFF entendent faire résonner leurs activités bien au-delà de la scène nordique. Dans ce foisonnement incluant cette année près de trois cents participants (sans compter les trois cents autres réalisateurs et acteurs invités), étaient massivement présents des acheteurs internationaux, agents d'artistes et programmateurs de festivals étrangers, dont ceux bien sûr du Festival du Nouveau Cinéma et de Fantasia, venus en quelque sorte « faire leurs courses » parmi les oeuvres présentées.

Et justement, dans le volet programmation et son lot de surprises, les festivaliers pouvaient compter sur la présence de deux cinéastes québécois : Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar) et, dans la section « Critic's Week » réunissant les choix de plusieurs critiques internationaux, Anne Émond (Nuit# 1, dont l'absence dans une catégorie éligible à un prix était cependant regrettable). 429 films ont donc su faire le bonheur des spectateurs, en plus de plusieurs masterclasses données par les cinéastes Jessica Hausner (Lourdes), Alexander Payne (The Descendants), Yorgos Lanthimos (Dogtooth, Alps), Chris Landreth (Ryan) ou encore Michael Winterbottom (The Trip). Reste qu'en consultant l'ensemble de  la sélection ressort l'inconfort des programmateurs du GIFF qui, de toute évidence, ont parfois dû se résoudre à laisser de côté certains films confiés à Berlin. D'où l'impressionnant focus sur la production nordique dominant les sections de films en compétition et la profusion très appréciable de sections thématiques (Arabic Focus, Masters, Debuts, Documentaries, LGBT...). Cela rappelle l'image de grande fête populaire et rassembleuse que le Festival cherche à conserver : la manifestation est à peu près le seul rendez-vous cinématographique digne d'intérêt durant l'année à Göteborg, deuxième ville de Suède en importance. Autant dire qu'il s'agit de savoir répondre aux attentes des différentes catégories de spectateurs, ce qui est loin d'être une mince affaire.

Panorama-cinéma profite de sa présence sur place : ce dossier propose un retour sur les points forts du festival. D'abord par la rencontre avec Marit Kapla, une directrice artistique sereine plaçant innovation et cohérence au sommet de ses priorités. C'est aussi l'occasion d'évoquer un film norvégien, un autre islandais, tous deux issus de la compétion, et dont la présence sur nos écrans est à espérer. Bienvenue sur les traces du « Draken » (dragon), symbole historique de la ville et digne emblème du festival.

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ENTREVUE AVEC MARIT KAPLA (Directrice artistique du GIFF)
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Article publié le 20 février 2012.
 

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