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Soft Gun : les dessous d'une production indépendante

Par Mathieu Li-Goyette
Soft Gun est une initiative qui sort de l'ordinaire. Sept étudiants fraîchement diplômés ont décidé de s'autoproduire, de foncer tête première sans nécessairement attendre le fameux lot de subventions qui, à chaque année, comme si les bals de la Sodec et de Téléfilm étaient des parties de bingo, déterminent qui tournera et qui ne tournera pas. Comment y parvenir? Via Kickstarter, un site américain permettant à qui le désire d’ouvrir un compte où les internautes peuvent « financer et suivre le développement de projets créatifs ». Xavier Dolan y a eu recours il n'y a pas si longtemps, des centaines d'artistes indépendants y évoluent en travaillant sur des documentaires, courts métrages, bandes dessinées, photographies, albums et même des jeux vidéo. L'idée est simple : le projet a un objectif à atteindre et les gens, selon la présentation dudit projet ou l'intérêt qu'ils y portent, peuvent donner le montant qu'ils veulent. Il existe bien sûr des incitatifs, des manières de convaincre que son idée vaut mieux que celle présentée une trentaine de pixels plus loin, mais tout est à force égale.

SOFT GUN : premières images…

Les projets ne s'achètent pas d'espace publicitaire ni de plus gros encarts, car Kickstarter est une manière équitable de mener une idée jusqu'à sa concrétisation. Dans le cas de Soft Gun, par exemple, 5$ vous donneront un crédit en ligne sur le site internet du film tandis que 50$ vous donneront le crédit en plus de la version « avec suppléments » du DVD. 150$ vous donneront l'affiche, le Blu-ray et une compilation de courts métrages. 500$ vous inviteront à la première du film, à un dîner avec l'équipe, le crédit de producteur associé, une entrevue sur le DVD, un Blu-ray ainsi qu'un coffret DVD. Avis aux intéressés, c'est peut-être là votre chance de faire vos premiers pas dans le monde de la production cinématographique…

Mais, avant de produire un film, il faut au moins savoir de quoi il est précisément question. Jusqu'ici, l'histoire de Soft Gun se résume comme un road movie existentialiste, une quête menée par Alex et son cousin Jesse. Venant respectivement de Montréal et d'Atlanta, les deux jeunes adultes partent découvrir leur vie, leurs sens, leur identité, au cours d'un trajet qui les mènera à travers l'Amérique et les fera rencontrer ses paysages, comme ses gens et ses communautés distinctes. À travers ce parcours, l'équipe de Soft Gun vous offre de leur écrire pour qu'ils dévient de leur direction. Qu'ils aillent vous voir et, qui sait, vous inclure dans le parcours de leurs personnages. Oui, une production participative peut inclure le spectateur, le faire modifier le cours d'un film et, au final, participer à l'élaboration d'un projet qui est en fait plus une succession de strates créatives, d'efforts et d'idées originales qu'un long métrage dont l'unique fil conducteur ferait plier tous ceux qui tournent autour. Ici, c'est ce qui est autour qui fait plier l'équipe (le financement via Internet, le parcours erratique, le récit troué dont les béances sont encore à remplir, etc.).

 La bande-annonce...

L'initiative extraordinaire est cependant « dans le rouge », comme on dit. Il reste un peu moins de 1000$ à trouver et moins de cinq jours pour y parvenir. Ce n'est qu'en atteignant ce chiffre magique de 6000$ que Soft Gun verra le jour et, espérons-le, aura ensuite une belle carrière dans le circuit festivalier, puis dans une distribution idéalement plus large. Xavier Dolan, sans Kickstarter, y était parvenu pour sa part du haut de ses 19-20 ans en réalisant J'ai tué ma mère. Ces créateurs ont le même âge, mais ils sont plus nombreux et n'ont pas les moyens que l'autre élu avait. Ainsi, ils se serrent les coudes et espèrent qu'ils arriveront à bon port. En 2011, c'est visiblement aussi de cette manière que naissent les cinéastes.

LIENS UTILES

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Article publié le 19 juillet 2011.
 

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