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Festival du Nouveau Cinéma 2011

Par Mathieu Li-Goyette
Sokourov (Faust) ou von Trier (Melancholia)? Le pari de Faust ou celui de la fin du monde? Gager notre âme pour toutes les images du monde ou nous donner à elles comme si le soleil ne se levait plus? Dumont le symbolique (Hors Satan) ou Trân Anh Hùng l'esthète existentialiste (Norwegian Wood)? Le corps selon Steve McQueen (Shame) ou selon Anne Émond (Nuit #1)? Le Festival du Nouveau Cinéma a quarante ans. Et quarante ans à faire des pieds de nez aux consensus et aux prudes, ça se célèbre certainement en proposant des opposés déchirants, des décisions à prendre entre les accommodements raisonnables revus à la sauce Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar, film de clôture) ou les vivre sur le terrain avec Amos Gitaï (une rétrospective, une installation et l'homme en question). On espère que vos nerfs seront acérés, car un certain Bilge Ceylan (Once Upon a Time in Anatolia) pourrait les réduire à néant tandis qu'un autre Tarr (The Turin Horse) vous les étirera jusqu'à extinction des feux, probablement ceux des sulfureux Japonais qui se tiendront les coudes serrés avec Sono (Guilty of Romance, film d'ouverture de Temps O), Tsukamoto (Kotoko), Miike (Hara-kiri 3D) et Matsumoto (Saza Zamurai) au bataillon.

On nous excusera de l'avalanche d'auteurs et de titres, on espérera que nos petites épithètes puissent faire sens au possible, mais il faut avouer que pour fêter quatre décennies de cinéma, le FNC s'est payé le meilleur de l'année 2011. Personne n'aura assez de temps pour tout voir. Personne. Et ça, c'est peut-être le signe de la plus belle cuvée du festival en de nombreuses années. Et pour se faire plaisir, le festival a même commandé à une poignées de réalisateurs de renom des courts métrages au sujet libre. Pour ajouter à l'ambition et à cette nouvelle marche que la louve tente de gravir en ce millésimé, l'événement sera écarquillé d'un bout à l'autre de l'île, profitant autant du cinéma Impérial que de la très appropriée salle de l'EspaceCinéma Segal dédiée à l'expérimental. Le pari est risqué, mais en ouvrant si grande la bouche avec ambition, possible que mère-loup nous emporte dans son sillage.

Car il y en aura assurément pour tous les goûts, que vous soyez à la recherche d'une féminité plus rare avec Akerman (La Folie Almayer), Nawase (Hanezu), Donzelli (La guerre est déclarée, film d'ouverture) ou Baillargeon (30 tableaux), que Mekas (My Paris Movie) ou Morrison (trois films à voir au FNC Lab) vous fassent frémir de joie, vous trouverez peut-être au moins tout le temps pour un Wenders en 3D (Pina) ou même du porno « grand public » en 3D (Sex and Zen : Extreme Ecstasy). Entre une poignée d'Australiens (Sleeping Beauty et Snowtown) et un film déjà culte (Take Shelter), on laissera une place peut-être plus légitime à la cinéaste iranienne Asghar Farhadi (Une séparation) avant que ses oeuvres ne disparaissent de nouveau de notre champ de vision. Sans oublier le fils Gavras et Notre jour viendra, sans laisser s'échapper les gens bien d'ici comme Grbovic (Roméo onze), Godin (Le Pays des âmes) ou Lavoie et Denis (Laurentie), on tentera de maintenir un rythme de réflexion sain et édifiant (on s'en reparlera dans une douzaine de jours) en faisant quelques poses au FNC Lab et au FNC Pro. Question de voir ce qui se trame dans les nouveaux médias et dans l'expérimental, question de ne pas être, nous spectateurs, dépassés par l'image (se disant que si elle nous dépasse trop, elle finira par ne plus filmer grand chose et nous ne voudrions pas la faire attendre), accourons à cet anniversaire, à cette fête de la folie du cinéma et du cinéma fou.

Pour vous tenir au courant des grands coups et des incontournables du festival, suivez-nous tout au long de notre couverture (via Facebook, Twitter, habitude, dévotion, etc.). Entrevues, critiques et quelques surprises bien exclusives vous attendent en l'honneur de cette 40e édition. On se revoit de l'autre côté du tunnel,

Bon festival!

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CRITIQUES

DÉCHARGE de Benoît Pilon (2011)
FAUST de Alexander Sokourov (2011)
GUILTY OF ROMANCE de Sion Sono (2011)
HARA-KIRI: DEATH OF A SAMURAI de Takashi Miike (2011)
HARD CORE LOGO II de Bruce McDonald (2010)
IL SE PEUT QUE LA BEAUTÉ AIT RENFORCÉ NOTRE RÉSOLUTION - MASAO IDACHI de Philippe Grandrieux (2011)
NUIT #1 d'Anne Émond (2011)
PINA de Wim Wenders (2011)
SAYA ZAMURAI d'Hitoshi Matsumoto (2010)
TAKE SHELTER de Jeff Nichols (2011)
THE TURIN HORSE de Béla Tarr et Ágnes Hranitzky (2011)

ENTREVUES

AMOS GITAÏ (Réalisateur, Traces)
MEGUMI KAGURAZAKA (Actrice, Guilty of Romance)
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Article publié le 12 octobre 2011.
 

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