WOCHE DER KRITIK : Les 10 ans de la Semaine de la critique de Berlin
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FCLM 2012 : Le blogue du festival

Par Laurence Lejour-Perras et Mathieu Li-Goyette
L'INDEX

EL ESTUDIANTE
de Santiago Mitre (2011)
MEDIANERAS de Gustavo Taretto (2011)
YOUNG & WILD de Marialy Rivas (2011)



EL ESTUDIANTE (2011)
Santiago Mitre | Argentine | 110 minutes

Alors que Montréal, notre belle Montréal normalement si docile, est aujourd'hui parfumée aux gaz lacrymogènes; alors que depuis des semaines, dans les rues, le peuple crie à la démocratie et à la justice sociale devant l'arrogance des autorités; alors que l'heure est au militantisme, aux émotions, aux sans-compromis, le Festival du Cinéma Latino-Américain bat son plein. N'est-ce pas là une douce ironie? Il est probablement très simpliste d'associer militantisme et Amérique latine. Mais entre vous et moi, parlez-moi de cinéma latino-américain, et je vous répondrai d'une Mémoire d'un sous-développement, de L'heure des brasiers, de La bataille du Chili. Alors que l'on reprochait hier à notre peuple de ne pas être assez engagé, peut-être la fibre révolutionnaire a-t-elle finalement réussi à se frayer un chemin du Sud au Nord.

El estudiante, c'est justement l'histoire d'un feu sacré. Celui de la politique, de l'espoir du changement, mais surtout du charisme et de la passion qui rend le militantisme aussi séduisant. L'étudiant en question, c'est Roque (Santiago Mitre), nouvellement arrivé à l'université de Buenos Aires. Rapidement, il tombe amoureux de son enseignante, la fougueuse Paula (Romina Paula), activiste au sein d'une organisation radicale. Roque y sera entraîné, un peu malgré lui.

Récompensé notamment à Locarno, El Estudiante a beaucoup à offrir. Santiago Mitre a concocté un film bien ficelé, illustrant avec justesse la chimie qui opère dans un climat activiste. Selon une certaine tradition du cinéma militant latino-américain, un regard intime et nerveux suit le protagoniste dans ses débandades. Seul bémol s'il y en est un, c'est de devoir s'armer de patience et de matière grise pour suivre les conversations politiques (en espagnol, sous-titrées en anglais; tenez-vous-le pour dit, les Argentins parlent rapidement), et parfois même abdiquer, sans ressource. Mais le film est bien plus grand que ses discours. Ce qui y importe, c'est le charme envoûtant de ceux qui ont le courage de leurs convictions sociales. (LLP)

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MEDIANERAS (2011)
Gustavo Taretto | Argentine | 95 minutes
 
Depuis l'effervescence informatique des années 90, plusieurs réalisateurs ont abordé le malaise social engendré par les nouvelles technologies. Un écran, une caméra, un téléphone, qui agira à titre de médiateur, ou de filtre, entre les deux humains qui communiquent. On pourrait croire le concept un peu dépassé, depuis le classique The Net et Un crabe dans la tête, mais il sévit toujours...
 
À Buenos Aires, Mariana (Pilar Lopez de Ayala) et Martin (Javier Drolas) sont célibataires et seuls. Dépressifs ne serait pas un terme abusif. Mariana harmonise des vitrines, à mi-chemin entre le monde intérieur et la foule hypnotisante du dehors, tandis que Martin est designer de pages web, dormant, travaillant, vivant depuis les quatre murs de sa « boîte à chaussures ». Chacun vit sa propre psychose sociale, apposant sa narration et ses observations au monde extérieur, sans jamais se croiser.
 
Loin de révolutionner la comédie romantique, l'argentin Gustavo Taretto propose tout de même un premier long-métrage sympathique. Il y porte un regard intéressant sur l'urbanité, l'espace, et la communication à l'ère du sans-fil. Si Medianeras ne surprend nullement dans son ton cynique et ses personnages conformément déprimés -comment trouver l'âme sœur quand on ne sait pas à quoi il ressemble, ça vous dit quelque chose?- il pourra charmer par sa photographie, son graphisme aiguisé, et son rapport somme toute original à l'environnement.
 
Le film de Taretto ne fera glousser personne, mais plutôt philosopher sur la solitude, le mal-être, la peur de l'autre, et l'ironie d'une ville peut-être bien calculée, littéralement, pour individualiser.  (LLP)

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YOUNG & WILD / JOVEN & ALOCADA (2011)
Marialy Rivas | Chili | 100 minutes

Le cinéma des femmes : oui, trop peu. Le cinéma sur la sexualité des femmes par les femmes : oui, s'il vous plaît, de grâce. Un cinéma qui ne saurait être fait par le « sexe fort » vu son caractère intrinsèquement psychologique, interne, fantasmagorique, qui aura beau être raconté à l'autre, sans jamais pouvoir être réalisé aussi exactement par celui qui bande.

Joven & Alocada (littéralement jeune et folle), c'est le nom du blogue que tient Daniela (Alicia Rodriguez, excellente). Du haut de ses 17 ans, elle est en conflit perpétuel avec sa mère, fervente évangéliste qui aspire à un comportement aussi pieux venant de sa progéniture. Mais Daniela ne fait que penser aux plaisirs de la chair. Renvoyée du collège après avoir été officiellement étiquetée comme étant impure, elle tente de trouver sa voie entre ses pulsions sexuelles, l'amour lesbien, et la morale familiale.

Marialy Rivas (Smog) signe un deuxième long métrage au traitement intelligent et humoristique. Elle y explore les limites et les paradoxes de l'introspection, tant par le médium filmique qu'à travers le blogue de sa protagoniste, où sont exposées au grand jour envies, rêves et expériences sexuelles. La cinéaste dresse un savoureux portrait d'un passage initiatique vers l'âge adulte, ce mémorable festival d'hormones, de maladresses et d'interdits. (LLP)

Diffusion le jeudi 19 avril à 19h et le samedi 21 avril à 19h15.

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Article publié le 17 avril 2012.
 

Festivals


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