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Le Western crépusculaire

Par Mathieu Li-Goyette
« Si tu vas à Jiménez, crois-moi que ton coeur éclatera devant tant de beauté » - The Three Burials of Melquiades Estrada
 
« Disons que le « sur-western » est un western qui aurait honte de n'être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire : d'ordre esthétique, sociologique, moral, psychologique, politique, érotique... Bref, par quelque valeur extrinsèque au genre et qui est supposée l'enrichir ». - André Bazin (Qu'est-ce que le cinéma, p. 231)
 
« Débarrassé de sa gangue de faux-semblants et de bons sentiments par le courant novateur des années cinquante, le western va se révéler, comme jamais auparavant, le reflet des contradictions d'un monde qui a grandi trop vite ». - Georges-Albert Astre et Albert-Patrick Hoarau (Univers du western, p. 333)
 
Du 1er au 28 avril dernier, à la Cinémathèque québécoise, s'est produit un événement bien spécial. 17 films pour 20 projections en plus d'une table ronde le 17 avril. Beaucoup de films, beaucoup de belle pellicule 35mm pour nous éblouir d'un cinémascope rarement projeté dans la salle Claude Jutra du 335 boulevard De Maisonneuve. Parmi ceux-ci, Tell Them Willie Boy Is Here d'Abraham Polonsky, Heaven's Gate de Michael Cimino, The Ballad of Cable Hogue de Sam Peckinpah, Little Big Man d'Arthur Penn, The Three Burials of Melquiades Estrada de Tommy Lee Jones, et j'en passe... Tous des films faisant parti de ce que l'on nomma un jour « western crépusculaire », une suite logique au « sur-western » exploré par André Bazin en 1955.


Et pour la table ronde, ce n'est pas moins qu'un café-bar rempli à rebord pour écouter les tergiversations de Guilhem Caillard, André Dudemaine, Jean-Pierre Lefebvre, André Habib et Simon Galiero. À la dernière minute, j'ai eu la chance (et l'honneur, d'une certaine façon) de me rajouter au groupe en remplaçant de façon in extremis Marcel Jean. La discussion fut animée à coups de remises en question sur le genre et sa réception, tandis que le Jameson rythma les échanges d'interlocuteurs passionnés. Ce qui en est ressorti? Que le western crépusculaire, fruit d'une hybridité entre le western et la modernisation du cinéma américain était une donnée malléable qui, au fil des décennies 60 jusqu'à aujourd'hui, s'est disséminée à travers l'industrie. Alors que les cinéphiles de la dernière génération opposent leur goût du vétuste à la familiarité des spectateurs d'hier, contemporains de ces films restent aujourd'hui regardés avec la fausse nostalgie que le numérique permet. Ça et bien d'autres choses...

Pour faire court, voici ici rassemblés deux textes sur deux des films les plus marquants de la programmation. Primo, Guilhem Caillard, programmateur invité à la Cinémathèque québécoise et responsable de la mise sur pied de cette rétrospective (que nous saluons au terme de ce mois digne d'un petit festival ; il s'est entendu des éperons, s'est reconnu des Stetson et s'est éclater de longs débats westerniens un mois durant, félicitations) signe un brillant article intitulé Le genre et ses souvenirs : l’apport de Polonsky, qui se penche sur Tell Them Willie Boy Is Here tandis qu'il était temps de se pencher de nouveau sur The Wild Bunch, film dont la critique poussiéreuse méritait bien d'être regardée de nouveau au terme de l'un des plus beaux mois de la cinéphilie montréalaise.

Enfin, pour en savoir plus, je vous inviterais à consulter le blogue personnel de Guilhem Caillard, qui a récemment publié une analyse sur The Proposition (John Hillcoat, 2005) ainsi que la revue scientifique en ligne Hors Champ où, tout au long du mois d'avril, s'est poursuivi le débat sur la question du crépusculaire. De quoi alimenter encore de longues soirées en compagnie de ces contrées d'autrefois.


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Article publié le 5 mai 2010.
 

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