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Qui veut sauver l'ONF?

Par Alexandre Fontaine Rousseau
On dit souvent du cinéma qu'il constitue une « mémoire collective » - mais comment peut-on assurer l'avenir de cette mémoire? C'est un peu ce problème que soulève la question de l'ONF, abordée lors de la première assemblée du Comité du visible. Véritable pierre d'assise de notre identité culturelle, la vénérable institution n'a pourtant pas été portée aux nus lors de cette rencontre organisée entre les murs de la Cinémathèque québécoise. Quelque part entre le constat critique et l'éloge funèbre, le ton général de l'événement réunissant créateurs et cinéphiles aura (à défaut de proposer des solutions tangibles) confirmé l'existence d'une bien réelle inquiétude quant à la situation actuelle de l'Office national du film.

Le mandat de l'ONF est double. Il s'agit certes d'assurer la survie et la transmission du formidable patrimoine cinématographique que représente son catalogue, mais aussi de poursuivre sa mission en tant qu'organe de production d'un cinéma à l'abri des exigences du marché. Or, c'est avec une certaine amertume que l'on doit admettre que, dans un cas comme dans l'autre, l'ONF ne semble plus savoir comment remplir sa mission.

Tandis que certains critiquaient sa manière de mettre en valeur ses archives, d'autres s'inquiétaient du peu de financement dont bénéficient les jeunes créateurs. André Habib, instiguateur de l'événement, déplorait ainsi le fait que le projet de numérisation de la collection de l'ONF ait été menée aux dépends de la réimpression sur support pellicule de ses classiques. De son côté, la cinéaste Pascale Ferland expliquait les défaillances de la « ligne éditoriale » de l'Office - qui laisse le sujet primer sur la démarche lors de son processus de sélection et décourage ainsi la naissance d'un discours d'auteur.

Tous, cependant, s'entendaient pour dire que ces problèmes spécifiques à l'ONF découlaient d'un malaise global - d'une tendance générale voulant que le cinéma soit transformé en marchandise au lieu d'être appréhendé en tant qu'objet d'art et de réflexion. Lentement, l'ONF a été asphyxié par une logique économique rejettant les projets sociaux et culturels au nom d'une « lucidité » au fond parfaitement subjective. Le cinéma, espace de résistance privilégié, a été volontairement marginalisé; et si ces citoyens ne se mobilisent pas pour protester, un fleuron du patrimoine cinématographique mondiale pourrait sombrer de manière définitive dans la désuétude.

Il est possible d'entrer en contact avec le Comité du visible à l'adresse suivante: lecomiteduvisible@gmail.com
Il existe aussi un groupe Facebook.
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Article publié le 23 avril 2010.
 

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