WOCHE DER KRITIK : Les 10 ans de la Semaine de la critique de Berlin
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Vol. 5 | No. 7

Par La rédaction

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photo : Mathilde Veyrunes

LES 10e PERCÉIDES

Pour le cinéphile montréalais habitué aux festivals, Percé n’évoque pas, quand il y débarque, le bord de la mer, mais le centre du désert. Devant l’imposant rocher – énorme bavette de calcaire qui ne le sustentera pourtant jamais –, il maugréera (sans grande originalité) : « Mais c’est un trou! » Ravivé par la brise marine, le regard aspiré par l’infini, les paroles de Lautréamont (plus fantasque) résonneront sans doute comme une tempête sous son crâne : « Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle. » Or, face à l’absence de librairies, de salles de concerts, de théâtre ou de cinéma à des kilomètres à la ronde, il finira par se demander quelle tache pourrait bien être lavée par cette étendue d’eau. Aussi, pour tous les bédouins assoiffés de culture, ce Festival international de cinéma et d’art scintille-t-il comme un salutaire oasis.

Depuis maintenant dix ans, François Cormier, directeur du Festival, caché derrière sa barbe blanche en broussaille, descend annuellement dans le foyer de la ville pour vider son sac et distribuer ses cadeaux. L’attendent dans une vieille grange aux planches mal jointes qui chambranle depuis la Conquête, deux coquins, Olivier Maltais et Philippe Chabot, qui portent l’entreprise à bout de bras et œuvrent d’arrache-pied pour transformer cette obscure salle en salle obscure. Le flâneur en manque de films – percéen d’origine ou vacancier de fortune –, avide de découvertes, ouvert aux arts, flairant l’aubaine, passant dans le coin et curieux de voir ce qu’on y joue, choisira peut-être de s’y poser afin d’y regarder sur grand écran un film qu’il n’aurait, autrement, jamais vu. Car il en faut du flair pour deviner que derrière les murs défraîchis de cette étable pompeusement rebaptisée « Centre d’Art » respire un projecteur DCP de la plus haute qualité et s’immiscer dans les arcanes (si chères à Breton, qui y passa l’été, en 1944) de ce festival.

Au gré des années, l’offre et la vocation se sont d’ailleurs étendues. On y présente, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, des courts et des longs métrages, des documentaires et des fictions. On propose, depuis quatre ans, une Grande rencontre des arts médiatiques pendant lesquelles sont présentés des films expérimentaux, des performances, des ateliers et des tables rondes se déroulant loin des atmosphères engoncées de la grande ville. On invite aussi, depuis moins longtemps encore, des artisans du milieu cinématographique à venir s’adresser, qui aux plaisanciers lors d’une Ciné-croisière, qui aux étudiants lors d’une École de cinéma, et à livrer au néophyte le secret de leur art. À cela s’ajoute plusieurs événements et soirées spéciales : des projections à la Vieille Usine de l’Anse-à-Beaufils, des Ciné-plages devant le Rocher, une soirée Wapikoni mobile, un Hommage à la Cinémathèque québécoise, de même que diverses sélections de courts-métrages (Regard, Best of Annecy, Trésors de la Cinémathèque québécoise, court-métrages de Percé, de la Gaspésie, de l’Ontario francophone ou de la Louisiane), sans compter les innombrables 5 à 7 (soirée d’ouverture, soirée hommage à la Cinémathèque, soirée On the Bayou, soirée 15 ans de FranCdoc) et, bien sûr, le Party de clôture du Festival, événements lors desquels la bière du Naufrageur (partenaire exclusif) coulait à flot.

Panorama-cinéma vous propose – sous forme de carnet de voyage – un petit tour d’horizon de ces dixièmes Percéides.

 

Une escapade de
Jean-Marc Limoges



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Article publié le 13 septembre 2018.
 

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