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Rétrospective 2019 : Les meilleurs films de l'année

Par La rédaction

La dernière année de cinéma de la décennie a peut-être été sa plus riche, ou du moins celle où le plus grand nombre de démarches esthétiques ont atteint un degré d’achèvement en synchronie avec la montée de nouvelles subjectivités et de groupes identitaires mieux affirmés. Comme si la forme s’était enfin renouvelée en trouvant de nouveaux fonds, cette année de cinéma est traversée par quelque chose de fondamentalement humain, voire biologique : la rencontre.

La rencontre dans ce qu’elle implique de découvertes, de relations, puis de mises en relations ; relations des genres cinématographiques entre eux, relations des genres identitaires et sexués, tout ce qui se développe dans l’autarcie d’une relation autant que le substrat qui grandit, s’étiole et fleurit à même toute forme de rapprochement des contraires. À travers ces rencontres, des réseaux désirants mis à nu, ceux des femmes lorsqu’elles manigancent entre elles (de Booksmart à La Flor en passant par Les eaux profondes), ceux des hommes lorsqu’ils alimentent leur propre désuétude (de Irishman à Lighthouse), des femmes et des hommes lorsqu’ils s’affrontent (de Shadow à Marriage Story), des hommes lorsqu’ils se laissent moisir dans la solitude (de Ad Astra à Twentieth Century et Ne croyez surtout pas que je hurle), des familles qui se construisent et se détruisent (de Birds of Passage à Knives Out et Parasite), des relations que nous entretenons avec ce qui est plus grand que nous, comme l’histoire (Heimat Is a Space in Time), la mémoire du racisme (Us), le spectre de l’exil (The Last Black Man in San Francisco, Atlantique, Vitalina Varela), des éléments reconduits jusqu’à nous à travers des relations prises dans le mouvement qui porte l’intime vers le collectif.

De toutes ces successions et ces séries relationnelles émerge un mouvement de profondeur, de nuances nées des rencontres, un mouvement plus intéressant que celui de la polarisation des images et des idées qui caractérise une époque où les prises de position souffrent d’un présentisme de camp de fortune, où la moindre mouvance semble appeler à des bouleversements de totalité. Ainsi la création d’un palmarès au sein de notre comité de rédaction se veut toujours une manière pour nous d’approcher de biais ce que l’année nous a imposé de front, de faire la part des choses entre les revendications légitimes du réel et les possibles que le cinéma doit explorer afin d’entretenir sa propre sincérité.

Ces mouvements de profondeur nous font voir comment l’autosuffisance est dangereuse, même si elle semble de plus en plus attendue ; comment la solidarité, des amoureux, des amis, des familles et même des brutes et des salauds, a encore beaucoup à nous dire sur ce que le cinéma peut fédérer. À commencer par nous, puisque l’écriture d’un palmarès à 24 mains implique nécessairement une forme d’introspection collective, critique, éditoriale, rédactionnelle. Une manière de faire le point, de se demander à nouveau « pourquoi écrire sur le cinéma ? », en se demandant du même souffle « comment écrire sur le cinéma ? », en cherchant à préserver l’individualité de nos intérêts et de nos styles tout en faisant valoir cette complémentarité qui nous constitue.

Voici donc les trente films qui, par voie de nécessité, nous ont rappelé pourquoi nous écrivons sur le cinéma, et comment ce dernier sait nous donner en retour de ce sentiment d’urgence et d’amour capable de percer toutes les obscurités.

 
Présentation  |  30-21  |  20-11  |  10-1  |  Palmarès individuels

 

illustration : François Samson-Dunlop

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Article publié le 22 janvier 2020.
 

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