« On l’a fait! » Voilà assurément la phrase que j’entendis le plus souvent au cours de la dernière année. Celle que mon estimé collègue Maxime Monast prononçait systématiquement à chaque fois que nous sortions de la projection d’un film ayant présenté des attributs disons largement en dessous des standards afin de souligner le geste héroïque que nous venions de perpétrer au nom du septième art. Car la dernière année n’aura pas été particulièrement mémorable. Un constat déjà annoncé par la faiblesse de la dernière cuvée cannoise, dont sera sorti grand gagnant cet étrange objet nommé 
Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Un triomphe qui se révélerait finalement à l’image des mois passés et à venir. Si, dans l’ensemble, nous pouvons dire que la production cinématographique de 2010 n’aura pas été à la hauteur des attentes, surtout après une année aussi faste que l’aura été 2009, nous aurons tout de même eu droit à des efforts de très haut calibre qui auront su s’imposer face au reste de la compétition. Au Québec, le coup d’envoi aura été donné par l’arrivée tardive en début d’année du 
Ruban Blanc d’Haneke, du 
Fish Tank d’Arnold, du 
Prophète d'Audiard et des 
Signes vitaux de Deraspe. Certains des cinéastes en qui sont fondés le plus d’espoirs actuellement auront ensuite pris le relai pour nous offrir à leur tour certaines oeuvres de marque.
Il y a dix ans, Darren Aronofsky et Christopher Nolan étaient révélés au grand public grâce à 
Requiem for a Dream et 
Memento, respectivement. Ces derniers auront tous deux récidivé cette année avec deux productions qui pourraient confirmer une bonne fois pour toute leur place parmi les réalisateurs les plus importants de leur génération, en l’occurrence 
Black Swan et 
Inception. Le tout tandis que Danny Boyle faisait suite à l’oscarisé 
Slumdog Millionaire avec le surprenant 
127 Hours et que David Fincher réussissait un tour de force majeur en s’immisçant dans la genèse de Facebook avec 
The Social Network. De vieux routiers comme Martin Scorsese et Roman Polanski auront su tirer une fois de plus leur épingle du jeu en proposant les excellents suspenses 
Shutter Island (qui aura amorcé une année de rêve pour l’acteur Leonardo DiCaprio) et 
The Ghost Writer. Et si une année cinématographique ne serait plus complète sans quelques adaptations de bandes dessinées, les regards n’auront pas tant été dirigés vers les super-héros de Marvel cette fois-ci, eux qui auront passablement déçu avec un 
Iron Man 2 beaucoup trop amorphe et routinier, plus que vers le 
Kick-Ass de Matthew Vaughn, qui aura su repousser les limites de la violence gratuite en posant un regard particulièrement acide sur la culture populaire actuelle. Ce sera néanmoins le Britannique Edgar Wright qui se sera le plus démarqué dans cette catégorie en quittant la parodie pour offrir un bouillon de culture « 
geek » pour le moins explosif avec le spectaculaire 
Scott Pilgrim vs. the World.
	
		
			|  CURLING de Denis Côté
 | 
	
Mais si les productions les plus éblouissantes de 2010 se seront avérées particulièrement stellaires, les coups les plus ratés se seront révélés pour leur part on ne peut plus aberrants. On pense d’abord au 
Salt de Phillip Noyce qui aura tenté de reproduire le rythme effréné des aventures de Jason Bourne, mais qui n’aura réussi à prouver qu’un film d’action de ce genre peut être ennuyant à mourir s’il n’est pas situé dans un contexte suffisamment bien développé. M. Night Shyamalan aura quant à lui poursuivi sa spectaculaire descente aux enfers avec une adaptation désastreuse en tous points de 
The Last Airbender. Tim Burton aura également trouvé le moyen de se mettre les pieds dans les plats avec sa version peu enivrante 
d’Alice in Wonderland, même si un scénario étourdissant et des effets spéciaux souvent ratés ne l’auront pas empêchée de récolter des sommes faramineuses aux guichets tandis que le 
Avatar de James Cameron poursuivait sa domination mondiale. Les grands studios hollywoodiens auront fait une autre victime à l’étranger en la personne de Florian Henckel von Donnersmarck qui, après le remarquable 
The Lives of Others, aura fait son entrée sur le marché populaire avec 
The Tourist, adaptation inutile du déjà médiocre 
Anthony Zimmer de Jérôme Salle. Le duo formé d’Anna Boden et de Ryan Fleck auront également laissé paraître un premier signe de faiblesse après les superbes 
Sugar et 
Half Nelson avec 
It’s Kind of a Funny Story, récit ô combien original d’un adolescent désemparé qui trouvera le moyen de fuir les exigences carriéristes de son père par l’entremise de l’art.
La situation n’aura guère été plus reluisante sur la scène québécoise, de laquelle nous retiendront principalement les excellents 
Trois temps après la mort d’Anna de Catherine Martin, 
Curling de Denis Côté et 
À l’origine d’un cri de Robin Aubert. En juillet dernier, le chroniquer Marc Cassivi s’indignait que des subventions aient été accordées à Patrick Huard pour la réalisation de son deuxième long métrage, 
Filière 13, soulignant, entre autres, qu’une telle somme aurait pu au moins être accordée à de « vrais cinéastes ». Mais la réalité, c’est que plusieurs réalisateurs de métier auront fait bien pire que la comédie policière de l’été, que l’on pense à l’infecte 
Y’en aura pas de facile de Marc-André Lavoie, à la piètre tentative de Philippe Gagnon d’infiltrer le cinéma de genre avec 
Le poil de la bête, ou plus récemment à 
L'appât d’Yves Simoneau et à cette insulte à l’intelligence que constitue le 
Lance et compte de Frédérick D’Amours. De son côté, Xavier Dolan sera revenu à la charge avec 
Les amours imaginaires, oeuvre qui n’aura pas réussi à convaincre ses détracteurs, même si elle marque une certaine évolution par rapport au surévalué 
J’ai tué ma mère. Daniel « Podz » Grou aura pour sa part fait ses débuts au grand écran, et ce, deux fois plutôt qu’une avec les très controversés 
Les sept jours du Talion et 
10½ . Puis il y a eu le cas 
Incendies de Denis Villeneuve, film dont nous pouvons certainement questionner l’encensement généralisé dont il a été l’objet. Pour la deuxième fois en autant de films, le cinéaste aura même admis publiquement qu’il aurait parfois approché la pièce de Wajdi Mouawad sous un angle différent. Espérons que le recours à de telles rétractions ne devienne pas une habitude…
	
		
			|  DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois
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Évidemment, une année de cinéma, ce n’est pas que des films, mais aussi les événements qui les entourent. Le Festival du Nouveau Cinéma, particulièrement sa section Temps ø, aura une fois de plus livré la marchandise alors que nous aurons eu l’occasion de nous délecter du puissant 
Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, du 
Boxing Gym de Frederick Wiseman et du foudroyant 
Lola de Brillante Mendoza, qui aura su convaincre les plus fervents détracteurs de 
Kinatay - dont fait parti l’auteur de ses lignes – que le cinéaste philippin est définitivement à surveiller. Le tout tandis que Gareth Edwards prouvait avec 
Monsters qu’il est possible de faire de bien belles choses avec seulement 15 000 dollars, et ce, même dans un genre comme la science-fiction.  2010 aura également marqué l’ouverture du Blue Sunshine, une salle montréalaise bien déterminée à combler vos besoins de films cultes en tous genres. Le Cinéma Du Parc se sera imposé quant à lui avec la présentation des rétrospectives Charlie Chaplin et Akira Kurosawa, organisées conjointement avec Janus Films. Mais une fois de plus, c’est Fantasia qui aura su créer l’événement de l’année en projetant à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-arts la version définitive du 
Metropolis de Fritz Lang et en l’accompagnant d’une musique interprétée par un orchestre dirigé par le réputé Gabriel Thibaudeau. Le tout tandis que dans les salles de l’Université Concordia, les amateurs étaient divisés devant les actions d’un pneu tueur dans le 
Rubber de Quentin Dupieux et les élans de torture-porn d’
A Serbian Film.
Une année ne serait évidemment pas complète également sans un nouveau film des studios Pixar, qui se seront une fois de plus surpassés avec le remarquable 
Toy Story 3, et un nouvel épisode des sagas 
Harry Potter et 
Twilight. 2010 aura également été l’année où nous aurons enfin eu droit à la saga 
Mesrine de Jean-François Richet, même si celle-ci ne se révéla pas aussi convaincante que ce que nous avions espéré, malgré la performance magistrale de Vincent Cassel. Dans la même veine, Olivier Assayas aura fait beaucoup mieux avec 
Carlos, projet colossal s’imposant sur plus de 330 minutes retraçant les grands moments de la vie du célèbre terroriste Carlos Martinez. Nous aurons également pu constater les résultats des dernières années passées dans la peau d’un rappeur pouilleux de Joaquin Phoenix dans le 
I’m Still Here de Casey Affleck. Les spécialistes du vidéoclip Anton Corbijn et Mark Romanek seront revenus en force avec les très maîtrisés 
The American et 
Never Let Me Go. Le tout tandis que l’artiste Banksy nous offrait un regard délirant sur l’art de la rue avec le génial 
Exit Through the Gift shop et que Sylvester Stallone capitalisait de nouveau sur la nostalgie en offrant à ses fans un plaisir plus que coupable avec 
The Expendables. Nous aurons eu, certes, amplement de films à nous mettre sous la dent au cours des derniers mois, et ce, autant pour les bonnes que les mauvaises raisons. 2010 aura été en soi à l’image du début de n’importe quelle décennie : une année en dents de scie laissant une étrange impression de fin et de recommencent. Une année qui aura su mettre sur la table de nouvelles idées que les neuf prochaines sauront assurément faire progresser, mais qui se trouvent pour l’instant encore à un stade embryonnaire.
	
		
			| Jean-François VANDEUREN | 
		
			|  | 01. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher 02. INCEPTION de Christopher Nolan
 03. DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois
 04. CARLOS d’Olivier Assayas
 05. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 06. BLACK SWAN de Darren Aronofsky
 07. EXIT THROUGH THE GIFT SHOP de Banksy
 08. THE AMERICAN d’Anton Corbijn
 09. SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese
 10. TOURNÉE de Mathieu Amalric
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			|  | 
		
			| Mathieu LI-GOYETTE | 
		
			|  | 01. DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois 02. THE GHOST WRITER de Roman Polanski
 03. CARLOS d’Olivier Assayas
 04. TROIS TEMPS APRÈS LA MORT D’ANNA de Catherine Martin
 05. TOURNÉE de Mathieu Amalric
 06. SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese
 07. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 08. TRUE GRIT d’Ethan & Joel Coen
 09. THE AMERICAN d’Anton Corbijn
 10. GREEN ZONE de Paul Greengrass
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			|  | 
		
			| Guilhem CAILLARD | 
		
			|  | 01. THE GHOST WRITER de Roman Polanski 02. LONDON RIVER de Rachid Bouchareb
 03. TRUE GRIT d’Ethan & Joel Coen
 04. DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois
 05. CARLOS d’Olivier Assayas
 06. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher
 07. CURLING de Denis Côté
 08. TRON: LEGACY de Joseph Kosinski
 09. GAINSBOURG: VIE HÉROÏQUE de Joann Sfar
 10. TOURNÉE de Mathieu Amalric
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			|  | 
		
			| Alexandre FONTAINE ROUSSEAU | 
		
			|  | 01. UNCLE BOONMEE WHO CAN RECALL HIS PAST LIVES d’Apichatpong Weerasethakul 02. TOURNÉE de Mathieu Amalric
 03. THE AMERICAN d’Anton Corbijn
 04. OUTRAGE de Takeshi Kitano
 05. THE GHOST WRITER de Roman Polanski
 06. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 07. EXIT THROUGH THE GIFT SHOP de Banksy
 08. INTO ETERNITY de Michael Madsen
 09. TRUE GRIT d’Ethan & Joel Coen
 10. GREENBERG de Noah Baumbach
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			|  | 
		
			| Élodie FRANÇOIS | 
		
			|  | BOXING GYM de Frederick Wiseman THE GHOST WRITER de Roman Polanski
 SAWAKO DECIDES de Yûya Ishii
 SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 THE SOCIAL NETWORK de David Fincher
 TOY STORY 3 de Lee Unkrich
 TROIS TEMPS APRÈS LA MORT D’ANNA de Catherine Martin
 TRUE GRIT d’Ethan & Joel Coen
 UNCLE BOONMEE WHO CAN RECALL HIS PAST LIVES d’Apichatpong Weerasethakul
 YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER de Woody Allen
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			|  | 
		
			| Laurence H. COLLIN | 
		
			|  | 01. ANOTHER YEAR de Mike Leigh 02. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 03. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher
 04. BLACK SWAN de Darren Aronofsky
 05. 10½ de Daniel Grou (Podz)
 06. TRUE GRIT de Ethan & Joel Coen
 07. EXIT THROUGH THE GIFT SHOP de Banksy
 08. CURLING de Denis Côté
 09. CATFISH de Henry Joost & Ariel Schulman
 10. LET ME IN de Matt Reeves
 | 
		
			|  | 
		
			| Nicolas KRIEF | 
		
			|  | 01. BOXING GYM de Frederick Wiseman 02. AURORA de Cristi Puiu
 03. ANOTHER YEAR de Mike Leigh
 04. TOY STORY 3 de Lee Unkrich
 05. DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois
 06. THE AMERICAN d’Anton Corbijn
 07. EXIT THROUGH THE GIFT SHOP de Banksy
 08. MONSTERS de Gareth Edwards
 09. UN GARÇON FRAGILE: LE PROJET FRANKENSTEIN de Kornél Mundruczó
 10. THE OTHER GUYS d’Adam McKay
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			|  | 
		
			| Maxime MONAST | 
		
			|  | 01. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher 02. INCEPTION de Christopher Nolan
 03. TOY STORY 3 de Lee Unkrich
 04. CARLOS d’Olivier Assayas
 05. BLACK SWAN de Darren Aronofsky
 06. WINTER’S BONE de Debra Granik
 07. UNCLE BOONMEE WHO CAN RECALL HIS PAST LIVES d’Apichatpong Weerasethakul
 08. THE KING’S SPEECH de Tom Hooper
 09. CURLING de Denis Côté
 10. CYRUS de Jay & Mark Duplass
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			|  | 
		
			| Clara ORTIZ MARIER | 
		
			|  | 01. TOURNÉE de Mathieu Amalric 02. SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese
 03. SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD d’Edgar Wright
 04. EXIT THROUGH THE GIFT SHOP de Banksy
 05. THE AMERICAN d’Anton Corbijn
 06. INCEPTION de Christopher Nolan
 07. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher
 08. ANIMAL KINGDOM de David Michôd
 09. TRUE GRIT d’Ethan & Joel Coen
 10. THE GHOST WRITER de Roman Polanski
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			| Mentions spéciales (10 films de 2009 sortis en 2010) | 
		
			|  | BREATHLESS de YANG IK-JOON FISH TANK d’Andrea Arnold
 I AM LOVE de Luca Guadagnino
 LEBANON de Samuel Maoz
 LOLA de Brillante Mendoza
 LA MERDITUDE DES CHOSES de Felix Van Groeningen
 MOTHER de Bong Joon-ho
 LE RUBAN BLANC de Michael Haneke
 LES SIGNES VITAUX de Sophie Deraspe
 UN PROPHÈTE de Jacques Audiard
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