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Lemmy (2010)
Greg Olliver et Wes Orshoski

« Don't smile. Look cool. »

Par Alexandre Fontaine Rousseau

« Don't smile. Look cool. » Voilà qui résume tout. Lemmy Kilmister : l'homme, la légende, mais surtout l'irrésistible personnage vers lequel il suffit de braquer une caméra pour avoir un film. Le leader de la formation Mötorhead glisse le commentaire à l'intention d'un fan, avec lequel il s'apprête à être photographié. Être cool, c'est ce que Lemmy fait professionnellement depuis 1975 au sein de la mythique formation heavy metal, imperméable au passage des modes. C'est aussi ce qu'il faisait en tant que bassiste dans Hawkwind, groupe phare du mouvement space-rock. En voici un qui n'a jamais pris de pause, à la fois symbole de tous les excès et véritable ouvrier du rock - tournant continuellement tout en abusant sans retenue de toutes les substances mises à sa disposition. Qu'il soit encore fonctionnel à 63 ans tient du miracle.

 

On pourrait reprocher plusieurs choses au documentaire réalisé par Greg Olliver et Wes Orshoski : sa durée quelque peu exagérée, son absence de structure, quelques moments qui ne « lèvent » pas vraiment (comme cette prestation impromptue, en concert, avec Metallica). Mais Lemmy, lui, est absolument impeccable tout au long du film. Rare vedette à la hauteur de sa réputation, l'increvable musicien partage ses anecdotes colorées et ses réflexions décalées avec cet étrange charisme qu'on lui connaît.

 

S'il ne se confie pas vraiment aux deux cinéastes, gardant intacte une certaine façade mythologique érigée à grand renfort d'attitude et de whisky, l'icône leur offre tout de même « le vrai Lemmy » : le père pour le moins particulier, qui encourage son fils à prendre des speed plutôt que de la cocaïne, le collectionneur d'armes antiques et d'objets issus du Troisième Reich, conducteur de tank dans ses temps libres, qui se défend bien d'être un Nazi. « J'ai eu six copines noires. Je m'imagine mal présenter l'une d'elles au Führer! »

 

Évidemment, ceux qui espèrent un regard critique ou de la profondeur devront prendre leur mal en patience. Fans purs et durs de Mötorhead et de son chanteur, Olliver et Orshoski se contentent de livrer un portrait enthousiaste là où il aurait parfois été nécessaire de faire preuve de plus de nuance. À la place, les cinéastes sortent les habituels témoins qui s'assurent de louanger le sujet honoré : Henry Rollins, le vieux Ozzy, Alice Cooper, un Ramone au choix… Tous viennent faire leur petit tour de piste comme à l'accoutumée. Ce qui, au fond, ne nous dérange pas vraiment. Aimez-vous le rock? Très bien. Aimez-vous Mötorhead? Encore mieux. Sinon, pourquoi perdez-vous votre temps à lire ceci?

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Critique publiée le 18 juillet 2010.