WOCHE DER KRITIK : Les 10 ans de la Semaine de la critique de Berlin
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Gianni Amelio, l'intelligence du coeur

DatesDu 13 juin au 23 juin
LieuCinémathèque québécoise
Présentation de Gianni Amelio par Jean A. Gili
 
Né en Calabre en 1945, Gianni Amelio vient à Rome attiré par le cinéma. Cinéphile passionné, il commence à tourner pour la télévision en 1970. De nombreuses années de difficultés l’attendent avant d’être reconnu. Dès son premier film, La fine del gioco (La Fin du jeu), un moyen métrage présenté à Cannes, Amelio cherche à cerner une réalité socio-économique et à poser le problème des rapports entre le cinéma et l'humanité représentée, ici un jeune garçon accompagné par un éducateur vers un centre d’internement. Le deuxième film, La città del sole (La Cité du soleil), est apparemment très différent du premier : à la démarche documentaire succède la reconstitution historique. Oeuvre métaphorique, le film s'interroge sur les rapports entre l'utopie et l'action concrète. Amelio s’inspire du livre La città del sole écrit au XVIe siècle par le moine dominicain Tommaso Campanella.
 
En 1975, Amelio réalise un film sur le tournage de Novecento de Bernardo Bertolucci, Bertolucci secondo il cinema (Bertolucci selon le cinéma). Choisissant de tourner avec une caméra vidéo noir et blanc sans grande définition, le metteur en scène décrit dans La morte al lavoro (1978) le lent basculement dans l'irréalité d'un jeune homme vivant dans un appartement où s'est suicidé un acteur. Les années 70 se terminent pour Amelio avec Il piccolo Archimede (Le Petit Archimède), entreprise plus classique de long métrage produit par la télévision en 1979.
 
En 1982, avec Colpire al cuore (Frappé au coeur), présenté en compétition au Festival de Venise, Amelio, l'un des premiers, s'intéresse au problème du terrorisme et met en scène les relations ambiguës entre un fils et son père (interprété par Jean-Louis Trintignant). La faillite de Gaumont en Italie empêche la circulation normale du film et Amelio est à nouveau confronté à de grandes difficultés. En 1983, il participe à une série de films d'une heure inspirés d'écrivains italiens et tourne I velieri (Les Voiliers), d'après Anna Banti ; il y évoque de façon indirecte le thème du terrorisme. En 1988, toujours pour la télévision, Amelio réalise I ragazzi di Via Panisperna  (Les Jeunes Gens de la rue Panisperna) sur le groupe de chercheurs – notamment Bruno Pontecorvo (le frère du cinéaste Gillo Pontecorvo) et Ettore Majoranna, le physicien disparu en mer auquel Sciascia consacra un livre – qui, autour d'Enrico Fermi, faisait progresser la connaissance de l'atome. Malgré leurs qualités, ces films n'apportent guère de notoriété à Amelio : il faut attendre Portes ouvertes en 1990 pour que le cinéaste connaisse enfin le succès. Tiré d’un roman de Leonardo Sciascia et interprété par Gian Maria Volontè, Portes ouvertes est sélectionné pour les Oscars et obtient le Félix du meilleur film européen, distinction qu'obtiendra également Les Enfants volés. Amelio y prend position contre la peine de mort à un moment où le fascisme rétablit la peine capitale.
 
Avec Il ladro di bambini (Les Enfants volés), grand prix spécial du jury à Cannes en 1992, et avec Lamerica, présenté à Venise en 1994, Amelio réalise deux oeuvres maîtresses : Les Enfants volés reprend le thème de La fine del gioco avec l’histoire d’un carabinier qui emprunte une voie buissonnière pour conduire deux enfants dans un centre de redressement. Lamerica affronte avec intelligence le passage de l’Albanie du communisme au libéralisme et évoque le mirage d’un Occident perçu à l’Est comme une nouvelle Amérique que l’on rêve d’atteindre.
 
Lion d’or du festival de Venise, Così ridevano (Mon frère, 1998) reprend la thématique de l’émigration avec le voyage de la Sicile au Piémont. Curieux du monde, Amelio tourne ensuite en Allemagne Le chiavi di casa (Les Clefs de la maison, 2004) – analyse poignante du handicap et du difficile apprentissage d’un père pour accepter la situation de son fils. C’est en Chine qu’il réalise La stella che non c’è (L’Étoile imaginaire, 2006) avec Sergio Castellito, la première tentative occidentale de décrire  les profonds changements que connaît la Chine contemporaine.
 
En 2011, Le Premier Homme (d’après le roman homonyme d’Albert Camus), tourné en France et en Algérie, confirme son interrogation anxieuse sur le déracinement et la perte de la terre des origines. L’impossible réconciliation entre les Français d’Algérie et les Arabes après 130 ans d’occupation conduit au drame de la fin du rêve d’une terre partagée.
 
Amelio est aujourd’hui une des voix les plus authentiques du cinéma italien. Il représente le meilleur d’une production transalpine à la recherche d’une gloire passée parfois difficile à assumer.
 
*Le titre de la rétrospective est inspiré d’un texte d’Andrée Tournès paru dans Jeune Cinéma (no 218, novembre 1992).

Remerciements : Marten Stiglio, Jean Gili, Pasquale Mercuri
liens
Cinémathèque québécoise (site officiel)
Cinémathèque québécoise (page Facebook)

Infos pratiques

Prix
8$
Adresse
335 Boul De Maisonneuve E, Montréal, QC ‎
(514) 842-9768