10.02.2009 - Ouverture
FESTIVAL DU NOUVEAU CINÉMA 2009
Par Mathieu Li-Goyette

Il y a l’automne. La pluie s’y fait ponctuelle, les mi-sessions font nuits blanches pour certains, la machine de hockey montréalaise se remet en marche pour d’autres et la routine du travail tire à sa fin plus le temps des fêtes approche. Pour certains irréductibles du cinéma, il y a le Festival du Nouveau Cinéma qui revient pour sa 38e édition. Doyen des événements cinématographiques dans la métropole, le FNC s’est assuré de ne pas faire passer sous silence cette dernière programmation alors que les défis demeurent énormes : crise économique et concurrence festivalière (j’en avais glissé un mot en juillet dernier : il faudra faire fort pour s’approcher du duo Basterds-Roth présenté en dessert de l’édition 2009 du Festival Fantasia). Pourtant, sur papier, le défi semble relevé, du moins égalé. Reste maintenant à savoir si les exigences des cinéphiles seront comblées à l’occasion de cette dernière édition.

Encore une fois cette année, le FNC conserve sa brillante division facilitant ainsi le parcours de la programmation et les escapades cinéphiliques. Tout d’abord la Sélection internationale (Louve d’Or - Quebecor décernée au meilleur 1er, 2e ou 3e long-métrage, le Prix de l’Association québécoise des critiques de cinéma remis au meilleur film, le Prix de l’interprétation et finalement le Prix de l’innovation Daniel Langlois) présente une panoplie de nouvelles oeuvres venant des créateurs de demain. Parmi ceux-ci,CANINE de Yorgos Lanthimos qui vient de remporter le prix Un certain Regard à Cannes et FAUSTA: LA TETA ASUSTADA de Claudia Llosa qui a remporté l’Ours d’or à Berlin plus tôt cette année. En plus de ces lauréats, la sélection internationale marque aussi l’occasion de retrouver la réalisatrice de Rechercher Victor Pellerin Sophie Deraspe avec son SIGNES VITAUX, Axelle Ropert qui avait été responsable d’Étoile Violette et qui nous offre cette année LA FAMILLE WOLBERG alors que le directeur photo de Let the Right One In nous promet une autre de ces féériques atmosphères dans le THE GIRL de Fredrik Edfeldt. Avant de passer au glamour du cinéma d’auteur établi, les PRINCE OF BROADWAY (Sean Baker), LEFT HANDED (Laurence Thrush) et le EAMON de Margaret Corkery réalisé pour la modique somme de 500$ s’avèreront peut-être parmi les plus belles découvertes que le FNC nous prépare.

C’est ainsi que s’installe le tout en préparation pour le plat de résistance attendu de l’année : Présentation spéciale. Von Trier (ANTICHRIST), Oliveira (ECCENTRICITIES OF A BLOND HAIR GIRL), Almodóvar (ÉTREINTES BRISÉES), Breillat (BARBE BLEUE), Cavalier (IRÈNE), Ghobadi (NO ONE KNOWS ABOUT PERSIAN CATS), Kore-eda (STILL WALKING), Suleiman (THE TIME THAT REMAINS) entre autres grands noms du cinéma mondial qui ont vu leur films défiler à travers les festivals internationaux l’année durant. De passage au FNC avant une distribution plus élargie, on y dénote particulièrement l’arrivée ici du dernier film de Ghobadi qui marque la suite du combat kurde au cinéma et le dernier Von Trier qui a soulevé la polémique que l’on connaît en mai dernier sur la Croisette (un « anti-prix » de la part du Jury oecuménique).

Plus rapidement, les sections Panorama international et Focus mettront l’emphase sur un vaste champ de productions étrangères d’une part et d’autre part du cinéma canadien et québécois. LA MERDITUDE DES CHOSES de Felix Van Groeningen ainsi que LE ROI DE L'ÉVASION (présent à la dernière Quinzaine des réalisateurs cannoise) de Alain Guiraudie et SHE, A CHINESE de Xiolu Guo primé par le Léopard d’or au dernier festival de Locarne promettent à leur tour un certain rayonnement pour les trop souvent oubliés du festival. Côté Focus, les films NUAGES SUR LA VILLE (Simon Galiero), NEW DENMARK (Rafaël Ouellet) et ALL FALL DOWN (Philip Hoffman) restent vraisemblablement un exemple des fleurons nationaux que l’on s’attend à y retrouver.

Pour ce qui est de Temps ø - section systématiquement sous-estimée - la programmation de cette année promet particulièrement de pulvériser nos attentes grâce à la sortie du SURVIVAL OF THE DEAD de George A. Romero (projection à laquelle le cinéaste sera présent) tandis que le dernier Bong Joon-Ho (précédemment responsable de The Host) MOTHER est attendu par les friands de la nouvelle vague coréenne. TAQWACORE: THE BIRTH OF PUNK ISLAM (Omar Majeed) assure une présence documentaire à la section tandis que certains inclassables (Harmony Korine avec TRASH HUMPERS, VERMILLION SOULS de Iwana Masaki inspiré du Buto japonais) accompagnent deux film-phénomènes du Japon : 8000 MILES (Yu Irie) et UNITED RED ARMY (Koji Wakamatsu). Le premier, film de jeunes ayant eu un accueil foudroyant au Japon s’amène avec le dernier (chef-d’oeuvre, dit-on en Europe) Wakamatsu : une fresque de 3h10 sur les révolutions estudiantines dans le Japon des années 60. Nous en bavons.

Finalement, courts-métrages (parmi lesquels Maddin, Godard, Landreth, Cournoyer, Turpin, Zhang-ke), rétrospectives (Campion, Dresen, Kren, cinéma cubain, cinéma turque, hommage à Reynald Bouchard) et le FNC Lab (c’est une tout autre histoire…) vous convoquent à cette 38e édition qui prendra son envol le 7 octobre prochain avec LES DAMES EN BLEU de Claude Demers et qui s’étendra jusqu’au 18 octobre où le film de clôture, LES DERNIERS JOURS DU MONDE de Arnaud et Jean-Marie Larrieu marquera la fin des festivités du festival de cinéma le plus attendu au Québec.

La venue du Festival du Nouveau Cinéma cet automne marque aussi pour Panorama-cinéma un nouveau départ grâce à une équipe renouvelée et prête à prendre d’assaut la scène médiatique de la francophonie. C’est pourquoi, à la fois parce que nous avons grandi en tant qu’enfants du FNC (depuis la création du magazine électronique en 2003, nous en faisons systématiquement la couverture), nous affronterons la plus grande des folies en vous proposant la seule et unique couverture complète et exhaustive de la 38e édition du Festival du Nouveau Cinéma. L’intégral FNC, des entrevues avec des invités d'envergure internationale, une couverture unique des événements en liaison aux nouveaux médias (FNC Lab), qu’on se le tienne pour dit : le FNC 2009 vous sera cette année livré comme jamais; décortiqué et louangé à sa juste valeur de diffuseur de la culture devenu indispensable à la relation entre la scène nord-américaine et celle du cinéma mondial.