AUX FRONTIÈRES DU VIRTUEL #1
Lundi 6 Avril 2009

Par Louis Filiatrault

Panorama est un site consacré, du moins en théorie, au cinéma. Pourquoi donc s'intéresserait-il au cas du jeu vidéo? Dans un premier temps, parce que nous le pratiquons (presque) tous encore de façon active, ou à tout le moins parce qu'il a contribué de manière considérable à la formation de notre imaginaire. En second lieu, parce que le médium ludique partage avec le cinéma son recours à la mise en scène audiovisuelle, et qu'il entretient avec lui un rapport fascinant. Et finalement, parce que le jeu vidéo traverse (comme toujours, apparemment) une période de croissance et de mutation dans laquelle nous sentons le besoin de nous inscrire.

Ce dossier quelque peu grandiloquent se veut l'inauguration d'une série d'études critiques plus ou moins disciplinées, consacrées à des oeuvres pertinentes ou à des phénomènes généraux. Il ne s'agit pas de chercher à légitimiser le jeu vidéo en tant qu'art (car cela n'est pas de notre ressort), mais simplement de discuter des formes et des contenus que ses objets véhiculent, afin de mieux cerner la nature de leurs discours et des sentiments qu'ils éveillent déjà en nous. Il nous importe également de situer les jeux d'un passé pas si lointain dans leur contexte de production, et non d'en faire des spécimens flottants dont la nature aurait un jour accouché. Tout cela dans le but avoué d'encourager une appréciation proprement esthétique des jeux vidéo, et peut-être (seulement peut-être) de spéculer sur leur éventuel devenir.

J'ai choisi pour cette première édition de me pencher sur des objets très différents, qui me sont néanmoins d'un intérêt égal. Ceux-ci sont: CONKER'S BAD FUR DAY, jeu pour le moins grossier dont je tenterai d'identifier les qualités plus subtiles ; GRIM FANDANGO, monstre sacré de l'art ludique dont nous nous devions de parler un jour ; et THE MOVIES, produit imparfait qui ne marqua pas l'imaginaire des joueurs mais qui soulève plusieurs doutes et réflexions sur le sujet (vous serez étonnés) du cinéma. Sortis à plusieurs années de distance les uns des autres, ces trois jeux de genres distincts ont tous plutôt mal vendu auprès du grand public, mais c'est peut-être le fait même de leur nature peu consensuelle qui en font des sujets aussi passionnants.

Concernant l'étrangeté de ces choix, certains seront sans doute surpris, voire choqués, de constater l'absence de jeux plus récents, tels que FALLOUT 3 ou GRAND THEFT AUTO IV. De telles oeuvres se joindront peut-être au programme en temps et lieu, mais d'autres en ont déjà suffisamment discuté pour que nous puissions nous abstenir pour le moment. J'ai plutôt choisi de faire place à un phénomène tout aussi actuel et au moins aussi intéressant que les meilleures grandes productions, à savoir le milieu indépendant. Pour ce survol élémentaire, je me suis adressé aux artistes de Tale of Tales (responsables du récent jeu THE PATH), et j'ai commenté dix créations fortes qui ont jalonné les quelques dernières années. J'aurai à nouveau l'occasion de revenir sur cette sphère méconnue et très active de l'art virtuel. Sur ce, bonne exploration!


TEXTES ATTACHÉS

UN RONGEUR DANS L'ENGRENAGE : CONKER'S BAD FUR DAY
DES SQUELETTES DANS LE CLAVIER : GRIM FANDANGO
UNE CAMÉRA DANS LA SOURIS : THE MOVIES
ENTRETIEN AVEC TALE OF TALES
SÉLECTION DE JEUX INDÉPENDANTS