YOU DON'T MESS WITH THE ZOHAN (2008) 
          Dennis Dugan 
           
          Par Nicolas Krief 
           
          Les films mettant en vedette Adam Sandler sont pour la plupart d’une 
          stupidité alarmante. Des commentaires racistes et des gags homophobes 
          arrivent à la pelletée, et bien qu’ils y en aient 
          qui soient plutôt drôles, la majorité d’entre 
          eux ne font que faire régresser la comédie américaine 
          au statut de l’humour républicain. On en est à se 
          demander ce que Sandler a bien pu fumer pour livrer une performance 
          aussi puissante dans le sublime Punch-Drunk Love de Paul Thomas 
          Anderson. Bref, cette dernière comédie rejoint les racines 
          de la star new-yorkaise: le judaïsme. 
           
          Un agent du contre-terrorisme israélien, le « Zohan », 
          simule sa propre mort afin d'aller réaliser son rêve: devenir 
          coiffeur. L’hurluberlu ridiculement efféminé se 
          rend donc aux États-Unis, à New York, pour faire carrière 
          dans la coiffure. Rapidement, ses anciens ennemis palestiniens le retrouvent 
          et tentent de le tuer. Le film débouche sur une morale simpliste 
          sur l’union de deux nations ennemies en sol américain, 
          mais nous y reviendrons plus tard. 
           
          On en déduit, en regardant le synopsis, que nous sommes loin 
          des comédies fabuleuses auxquelles certains Yiddish américains 
          (comme Allen, Brooks ou Marx) nous ont habitués. L’imbécillité 
          profonde de ce scénario réside dans cette finale mielleuse 
          qui met en scène la réconciliation entre Israéliens 
          et Palestiniens dans une rue de New York. Les États-Unis comme 
          terre de renouveau pour les étrangers venant s’y installer, 
          un endroit de paix et de joie où faire fortune est un jeu d’enfant 
          ; tout ce concept est devenu un cliché récurrent dans 
          le cinéma d’Hollywood. Mais à cette époque 
          d’ouverture sur le monde et de tolérance, ce cliché 
          peut être d’une grande utilité pour créer 
          des morales idiotes et simplistes. Le scénario de Sandler, Smigel 
          et de l’omniprésent Apatow réduit le conflit israélo-palestinien 
          à la simple dispute de l’œuf ou la poule, prenant 
          de surcroît son public pour une bande d’imbéciles 
          en écartant tous les véritables enjeux. 
           
          Bien qu’il y ait de bonnes intentions (vous savez, le truc qu’on 
          voit partout en enfer) à l’origine du film, le récit 
          ne peut pas être à cent pour cent démocrate, car 
          cela serait contraire à l’éthique. Pour pallier 
          à cette lacune, les auteurs multiplient donc les mauvaises blagues 
          homophobes et à l’endroit du monde de la coiffure. Ils 
          ont créé un personnage à mi-chemin entre Borat 
          et Edward Scissorhands, auquel ils ont donné un exotisme hyper-sexualisé, 
          pour créer des gags insipides comme aller culbuter chaque cliente 
          dans l’arrière boutique après lui avoir fait une 
          mise en pli. De plus, son accent ne se tolère pas plus de quinze 
          minutes, comme celui du reste de la distribution. 
           
          Il faut par contre accorder aux scénaristes quelques réussites 
          comiques. Ils ont concentré les blagues de mauvais goût 
          à l’intérieur du salon de coiffure, pour mieux construire 
          des gags sur les juifs, les arabes et les américains de souche 
          à l’extérieur. Un magasin baptisé Going Out 
          of Business, pour faire mousser les ventes, ainsi que de l’hummus 
          comme dentifrice/gel à cheveux/mousse à extinction d’incendie/sauce 
          tout usage ressemblent à de très bonnes idées mais 
          ne rattrappent en rien cet amas de stupidité à 10,50$ 
          la séance. 
           
          En fin de compte, Sandler ajoute à son répertoire l'une 
          de ses plus profondes niaiseries, qui égale et même surpasse 
          Little Nicky. Il retrouve Dennis Dugan, le réalisateur 
          qui l’a accompagné dans plusieurs navets, dont I Now 
          Pronounce You Chuck and Larry et Big Daddy. Douze ans 
          après Happy Gilmore, la sympathique comédie qui 
          a révélé l’acteur au grand public, on dirait 
          que Sandler a tout fait sauf progresser. You Don't Mess With the 
          Zohan marque même une régression dans les abîmes 
          de la nullité desquelles même un autre Punch-Drunk 
          Love n’arriverait pas à le sortir complètement. 
         
          
         
        
        
        Version française :  On ne rigole pas avec le Zohan
        Scénario :  Adam Sandler, Robert Smigel, Judd Apatow
        Distribution :  Adam Sandler, John Turturro, Emmanuelle Chriqui, 
        Nick Swardson
        Durée :  113 minutes
        Origine :  États-Unis
        
        Publiée le :  25 Juin 2008
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