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SPUN (2002)
Jonas Akerlund

Par Jean-François Vandeuren

Il est facile de se remémorer les aventures dans les différentes facettes de l’univers de la drogue par les cinéastes au cours des dernières années. Les titres nous venant en tête le plus fréquemment sont ceux de cinéastes de renom comme Soderbergh, Boyle et Aronofsky. Et maintenant, le réalisateur en vogue et petite coqueluche de l’univers des vidéo clips et de la publicité nous propose «son» exposé sur le sujet. J’utilise les parenthèses ici car le tout que constitue Spun n’est rien d’autre qu’une embêtante copie de style directement liable à Requiem for a Dream. Un opus bien bête et prétentieux.

Débuter la critique d’un tel film n'est pas ce qu'il y a de plus évident car j’essai d’abord de vous décrire un peu de quoi il en retourne en ce qui concerne le scénario. Cela est assez difficile car le résultat donne quelque chose qui tourne amèrement en rond pour finalement aboutir à rien. Ce qui se rapproche le plus d’un semblant de récit décrirait l’histoire d’un junkie nommé Ross (Jason Schwartzman) qui se retrouve bien malgré lui comme chauffeur pour The Cook (un surprenant Mickey Rourke), ce dernier étant fabriquant et fournisseur de drogues. À partir de cette dose infime de bon sens, on nous propulse dans un univers basé, à titre d’exemples, sur des scènes de sexe en dessins animés, une utilisation abusive de drogues, un chien devenu vert dû à la fumée causée par les différentes toxines, à des crises de manques de junkies, une danseuse ligotée nue à un lit, et de tout ce qui pourrait moindrement provoquer et choquer le spectateur. Il n’y a pas de place pour la dose la plus infime de réflexion ou de jugement. L’équipe derrière le film nous présente tout simplement un univers caricatural de ces gens tel qu’on peut en voir dans les films policiers les plus stéréotypés des années 80. Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent. Pour ce qui est de l’interprétation, le qualificatif le plus juste est moyen. Difficile de juger correctement cet ensemble puisqu’on a droit à la fois à un bon casting, mais en même temps, le jeu des protagonistes est vraiment trop caricatural. La principale cause de cet effet serait qu’on a voulu développer ces junkies sortis tout droit d’un studio en utilisant pratiquement tous les clichés possibles pour les caractériser. On n'a pas tenter de faire place à un peu plus de subtilité ou à vraiment établir un contexte. Ce qui nous donne de longues minutes à bord d'un navire qui ne fait que couler pour nous amener à une apogée qui nous rappelle Donnie Darko. Que du déjà vu.

Un film comme Spun est une œuvre qui ne peut que se retrouver à baigner très rapidement dans l’oublie. Le réalisateur ici fait preuve d’un ton extrêmement prétentieux en tentant de développer son style autour d’un résultat qui ne donne qu’une vague copie peu convaincante de ce que les Aronofsky et Fincher ont développé bien avant lui et d'une façon beaucoup plus articulée. Le problème est que Jonas Akerlund nous laisse l’impression qu’il croit avoir inventer quelque chose de toute pièce en s’appropriant certains effets quand après à peine quinze secondes de visionnement on peut déjà tisser des liens directs avec Requiem for a Dream, ce qui est très embarrassant. D’autre part, le tout est tellement répétitif et surutilisé dans le cas présent que ça en devient très vite lassant, voire que ça nous tombe carrément sur les nerfs. J’avais réellement envie d’appuyer sur stop à mi-chemin du parcours. Mais pourtant, il faut tout de même reconnaitre un certain effort à ce niveau. Même s’il ne s’agit en bout de ligne que d’un film composé à partir du principe copier/coller, il faut admettre que le visuel demeure assez liché au niveau notamment de la photographie, même si la réalisation s'avère être en soi très nerveuse et souvent mal coordonnée. L’effort musical venant bizarrement de l’ex-Smashing Pumpkins Billy Corgan apporte une certaine touche de finesse à l’image, mais sans plus. Disons que si écoutée seule, cette bande sonore est assez ennuyante.

En résumé, que vous voyez ou non Spun ne fera surement aucune différence dans votre existence. Le film est dépourvu de toute forme de réflexion que ce soit comme il est vide d'une quelconque trace de réel scénario. On assiste à un plagiat prétentieux par un réalisateur qui aurait grand besoin de recalculer «sa» technique s’il veut réellement attirer l'attention. Une bien mauvaise caricature. Continuons de vouer un culte à Requiem for a Dream et Trainspotting.




Version française : Cracké
Scénario : Will De Los Santos, Creighton Vero
Distribution : Jason Schwartzman, Mickey Rourke, Brittany Murphy, John Leguizamo
Durée : 101 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 19 Août 2003