ONCE UPON A TIME IN MEXICO (2003)
Robert Rodriguez

Par Jean-François Vandeuren

Et c’est reparti pour un tour! Dix ans après un El Mariachi qui n’avait couté à l'époque qu’un maigre 7 000$, en faisant un des films les moins couteux à produire de l'histoire du cinéma, Robert Rodriguez vient terminer sa trilogie avec plusieurs millions en plus pour le dernier opus. On a aussi pris soin d’aller chercher de l’aide du côté des États-Unis pour remplir la liste des acteurs. On a donc droit à l’arrivée plus qu’appréciée des Johnny Depp, Willem Dafoe et Mickey Rourke. Est-ce que la formule est toujours aussi efficace que par le passé?

Le réalisateur de la trilogie de film pour enfant Spy Kids nous transporte donc une fois de plus sous le soleil et la chaleur accablante du Mexique pour un festival d’explosions et de fusillades dans un scénario aux allures de western à la fois moderne et classique tournant autour d’un agent corrompu de la C.I.A. (Depp) venant chercher les services de la légende bien vivante du El Mariachi (Antonio Banderas) pour renverser un futur coup d’état s’organisant contre le président du pays. Le musicien n’aura d’autre choix que de reprendre du service et d’aller récupérer sa «guitare». Il est évident que l’on n'entre pas dans une salle jouant un film au générique débutant par un A Robert Rodriguez Flick en espérant se faire donner une bonne leçon sur la vie, mais si par contre on est en faveur d’un spectacle n’étant rien d’autre qu’un cartoon ultra violent et exagéré, pas besoin de chercher plus loin.

Ce que nous offre Rodriguez cette fois-ci est un film voguant entre le film d’action de série B et le western, le titre du film étant un hommage direct au cinéma de Sergio Leone. Un spectacle extravagant qui ne se prend pas du tout au sérieux et qui se base volontairement sur l'exagération, donnant un résultat haut en couleur et assez efficace merci. Voir un étui de guitare se transformer en bombe téléguidée ou un aveugle devenir un as du pistolet sont de bons exemples de toutes les invraisemblances qui en agaceraient plus d’un ordinairement. Mais le tout est tellement entrainant qu’on ne peut qu’en rire et embarquer complètement dans l’action. Comme toute bonne suite, on va bien sûr piger énormément dans la structure des précédents opus de la série, mais Rodriguez parvient tout de même à bien appliquer une formule qui réussit à fonctionner et ainsi, voler de ses propres ailes.

Dans un scénario parfois décousu et totalement dépourvu de moralité, l’aventure n'en demeure pas moins agréable à suivre, d’autant plus soutenu par de bonnes prestations d’acteurs. Est-il nécessaire de vanter à nouveau le jeu exceptionnel ainsi que l’incroyable présence à l'écran de Johnny Depp. Un rythme rapide et entrainant, souvent saccadé, mais qui relève bien le défi. La fresque de violence gratuite de Rodriguez se débrouille pas si mal également du point de vue de la mise en scène et en vient, si on peut l’exprimer ainsi, à sortir des sentiers battus par rapport aux autres productions répétitives et ennuyantes du genre des dernières années. L’enchainement au niveau du montage en gênera peut-être plus d’un vu son aspect plutôt nerveux au défilement non statique, mais le résultat est justifiable et dans l’ensemble le travail de Rodriguez en surprendra plus d’un. On ne réinvente pas la roue, mais on s’y est plait à l’utiliser et les spectateurs s’amuseront tout autant à la voir rouler.

Once Upon a Time in Mexico est un divertissement qui doit être pris avec un regard léger qui ne cherche rien de moins qu’un film d’action bourré aux stéroïdes en fusillades. Tout de même bien rendu, le film ne reste pas sans défauts certes, mais il amènera aux visages des spectateurs sur le bout de leur siège bon nombre de sourires. Un film qui, à toutes fins pratiques, ne passera pas à l’histoire et sera probablement oublier rapidement comme n’importe quel production du genre, mais n’empêche que s’ennuyer devant ce spectacle haut en explosifs relève de l’exploit, ou de la mauvaise foi. Petit plaisir sadique.