A NIGHTMARE ON ELM STREET 3 : DREAM WARRIORS (1987)
Chuck Russell

Par Alexandre Fontaine Rousseau

D'un grand raffinement intellectuel, le troisième volet de la saga Nightmare On Elm Street demeure à ce jour l'une des plus fascinantes plongées effectuées par le cinéma dans les plus sombres confins de l'univers du rêve. Non mais franchement, à quoi vous attendiez-vous? Si vous avez gobé cette introduction débile, allez vous faire soigner. Le troisième épisode de la populaire série de slashers sanglants mettant en vedette nul autre que monsieur «Griffes de la Nuit» lui-même Freddy Krueger poursuit dans la même veine que ses prédécesseurs en mettant cette fois-ci le paquet sur l'élément visuel de la recette. De loin la meilleure suite au Nightmare On Elm Street initial, Dream Warriors défonce son budget colossal de quatre gros millions de dollars, soit plus du double de celui du volume un, sur les effets spéciaux en tout genre. Animation en stop motion, effets de superposition et décors ambitieux sont plus que jamais au rendez-vous pour Dream Warriors. Ce style ambitieux et étonnamment inventif fait de cette seconde suite au film de Wes Craven la seule que l'on puisse qualifier de réellement intéressante.

Peut-être est-ce la solide équipe réunie pour concocter le scénario de Dream Warriors qui fait toute la différence. En plus du retour tant espéré de Craven à l'écriture, le film peut compter sur la plume Frank Darabont, mieux connu pour ses adaptations de romans dramatiques de l'oeuvre de Stephen King, The Shawshank Redemption et The Green Mile. Ainsi, Darabont, Craven et deux autres acolytes que l'histoire a oublié concoctent pour Dream Warriors le scénario parfait d'une énième suite de film d'horreur. Tout est au rendez-vous, des réapparitions surprises de personnages oubliés par la première suite à l'approfondissement des origines du monstre sadique en passant par la surenchère de sexe et de violence. Qui plus est, le film renoue de manière plus fidèle avec le concept initial de la série.

Les derniers enfants ayant été épargnés par les assauts oniriques de Freddy ont été réunis dans un hôpital psychiatrique pour être traités comme si leurs cauchemars étaient de nature freudienne. Mais une jeune stagiaire est convaincue que la terreur nocturne qui pousse les adolescents à se suicider de manière franchement extravagante est de nature bien réelle. Il s'agit en fait de Nancy Thompson, la seule survivante du premier Nightmare On Elm Street. Avec l'aide des jeunes, elle décide de confronter Krueger «une bonne fois pour toute». Vous savez autant que moi que les guillemets sont de rigueur...

Alors que le premier Nightmare On Elm Street révélait au grand public les talents de Johnny Depp et que Freddy's Revenge n'avait personne de compétent à faire découvrir, Dream Warriors emploie les services de Patricia Arquette et compte parmi ses rangs un jeune Laurence Fishburne en infirmier noir de service. Mais au-delà de cette distribution autrement plus compétente que celle de Freddy's Revenge, Dream Warriors fait preuve d'une certaine ingéniosité dans sa façon de faire évoluer la franchise. Plus gros, plus flamboyant et plus axé sur le côté fantastique du personnage de Freddy, A Nightmare On Elm Street Part 3 demeure l'opus le plus ludique de la série.

Il est légèrement dommage que le dernier tiers du film tente de nous asséner une belle morale ronflante sur l'importance du travail d'équipe et de l'amitié en temps de crise. Kétaine à l'excès, Dream Warriors demeure un produit pour adolescent caractéristique des années 80. Mais au-delà de ces inévitables défauts se cache un petit slasher somme toute sympathique et ambitieux auquel on revient avec un plaisir certain. Car le film de Chuck Russell fait preuve d'un certain effort pour respecter son personnage principal tout en exploitant sans réserve son côté bouffon.

Avec Dream Warriors, il devient évident une bonne fois pour toute que la star de toute cette histoire est notre cruel meurtrier défiguré. Mais grâce à un traitement ouvertement grandiloquent, le film de Russell s'assure une place de choix dans le palmarès des meilleurs films de la série. S'il n'est que bon deuxième dans cette famille un peu tarée, A Nightmare On Elm Street Part 3 plaira sans doute aux amateurs du genre et à ceux qui cherchent un divertissement d'horreur franchement cheap mais sincèrement amusant.