A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE LADYKILLERS (2004)
Ethan Coen
Joel Coen

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Alors que l'excellent The Man Who Wasn't There semblait annoncer un virage plus cérébral pour les frères Coen, leurs deux plus récentes productions les ont vus s'aventurer dans les eaux beaucoup plus troubles du cinéma de studio. L'intelligence qui caractérisait auparavant leur cinéma en a souffert considérablement, comme le prouve The Ladykillers, remake facile d'une comédie britannique des années 50 mettant en vedette Alec Guiness et Peter Sellers, qui fait suite à un Intolerable Cruelty boudé par la critique comme par le public. Joel et Ethan Coen y semblent en pleine crise existentielle, tentant à la fois de charmer le grand public et de renouer avec leurs racines. Le résultat final n'est malheureusement pas des plus convaincants.

Certes, on retrouve dans cette histoire de cambriolage plusieurs des éléments qui ont fait le succès de films tels que Fargo, The Big Lebowski, O Brother, Where Art Thou? et du cinéma des Coen en général. Mais tous les héros immoraux et la musique gospel du monde ne peuvent cacher le fait que The Ladykillers est un film qui tente désespérément d'être excentrique sans jamais l'être vraiment. Après une introduction prometteuse au style visuel léché, le film se lance dans la présentation longue et maladroite de chacun de ses protagonistes, une décevante galerie de stéréotypes faciles qui n'ont aucunement le panache des personnages que concoctaient autrefois le duo. Tom Hanks, en espèce de croisement entre le colonel Sanders et Vincent Price, domine une distribution correcte par son jeu caricatural qui tombe parfois dans le cabotinage.

L'histoire du film est des plus simples: une bande de criminels dirigée par Hanks fait croire à une vieille veuve noire (Irma P. Hall) qu'ils forment un groupe de musiciens afin d'utiliser sa cave comme point de départ pour creuser un tunnel jusqu'au coffre-fort d'un casino. Sans être des plus originales, cette prémisse possède un certain potentiel que les Coen évitent la plupart du temps pour nous farcir une suite convenue de gags faciles qu'ils ont le culot de répéter à plusieurs reprises dans le film. The Ladykillers réserve bien quelques surprises au niveau du récit mais l'ensemble manque franchement de personnalité et d'âme, deux qualités qui semblent avoir été évacuées au profit d'une ambition commerciale à peine déguisée. Même l'excellente trame sonore gospel semble avoir été ajoutée dans l'unique but de répéter l'immense succès de celle d'O Brother, Where Art Thou? plutôt que d'avoir été intégrée intelligemment au film.

On a bien droit à quelques moments franchement drôles ici et là mais c'est en vain que l'on tente de trouver dans The Ladykillers une quelconque trace de la subtilité et de l'originalité qu'avaient auparavant les frères Coen. The Ladykillers offre une version terriblement diluée de leur humour noir habituel et leur vision critique de l'Amérique ne pointe le bout de son nez que dans quelques répliques isolées. Le film a le mérite d'être plus drôle que la comédie hollywoodienne typique. Mais de la part des Coen, on est en droit de s'attendre à mieux.




Version française : Les Tueurs de dames
Scénario : Joel Coen, Ethan Coen
Distribution : Tom Hanks, Irma P. Hall, Marlon Wayans, J.K. Simmons
Durée : 104 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 4 Avril 2004