EXORCIST : THE BEGINNING (2004)
Renny Harlin

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Le cinéma d'horreur a certes connu de plus beaux jours que ceux qu'il traverse actuellement. Il est en effet probablement possible de compter sur les doigts de la main le nombre de films satisfaisants du genre réalisés ces dernières années. Peut-être est-ce pour cette simple raison que cet Exorcist: The Beginning de Renny Harlin, sans tout casser, fait passer un bon moment. Le projet, sur papier, n'avait pourtant rien de bien prometteur. Après tout, les diverses suites du classique de William Friedkin furent des échecs sans intérêt qui accumulent couche après couche de poussière sur les tablettes de club vidéos depuis leur sortie. Le film d'Harlin, qui relate comme son titre l'indique les évènements se déroulant avant le premier volet de la série, est un film plus intéressant qui détonne du paysage cinématographique actuel de par l'accent qui y est mis sur la création d'une ambiance, terme qui semble tout bonnement absent du vocabulaire des tacherons responsables de la grande partie des insignifiants slashers pour adolescents parus suite au succès du surestimé Scream de Wes Craven.

Un prêtre déchu devenu archéologue (Stellan Skarsgärd) est envoyé en Afrique où une église chrétienne datant de 500 ans après Jésus Christ aurait été découverte. Bien entendu, le bâtiment en question n'est pas remarquable uniquement pour sa valeur historique mais aussi pour ses charmes païens et ses secrets diaboliques qui ont tôt fait de semer la zizanie au coeur de la tribu aborigène chargée d'excaver le lieu sacré. Cette histoire de possession et de prêtre ayant perdu la foi est bien entendu loin d'être un chef-d'oeuvre. Toutefois, le film se démarque de par le classicisme dont il fait preuve tant au niveau narratif que technique. Exorcist: The Beginning est un film d'horreur construit selon les règles de l'art qui entretient un climat mystérieux durant une bonne heure avant de commencer à révéler ses secrets. Suite à une introduction remarquablement réussie, la tension augmente progressivement, l'ambiance est angoissante à souhait et le scénario tient relativement bien la route.

De plus, le film est clairement inspiré par Indiana Jones ainsi que le cinéma d'aventure exotique en général, ce qui ne fait qu'ajouter à l'aspect divertissant de l'ensemble. Le résultat s'avère d'ailleurs fort plus réussi que le Mummy de Stephen Sommers, par exemple, qui s'inspirait du même univers. Le rythme souffre bien quelque peu lors du dernier tiers du film, où Harlin se perd dans ses montages alternés quelque peu excessifs et étire quelque peu la confrontation finale, mais même les revirements de dernière minute s'avèrent surprenants, chose plutôt rare par les temps qui courent. Une distribution fort compétente portée par le talent du tristement sous-utilisé Stellan Skarsgärd solidifie les fondations de cette production qui dégage un aura de qualité.

Somme toute, Exorcist: The Beginning est un divertissement estival étonnant et fort bien ficelé qui se distingue de la masse de productions d'horreur infectes qui ont envahies les cinémas dans les dernières années. Sans atteindre le niveau de qualité du 28 Days Later de Danny Boyle, qui avait le mérite d'innover véritablement, l'Exorcist de Renny Harlin est un produit de qualité qui s'inscrit véritablement dans la tradition du genre en s'appuyant sur ses éléments constitutifs de base. Sa facture classique en fait un anachronisme agréable dans le paysage actuel et lui permettra probablement de trouver preneur chez les maniaques du genre. Bref, le film est une réussite; mineure sans aucun doute, mais une réussite tout de même.