CRIME SPREE (2003)
Brad Mirman

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Il semble de plus en plus évident que le film de gangsters tel que revu et corrigé par Guy Ritchie a fait école à travers le monde. On peut utiliser en guise d'exemple ce Crime Spree, écrit et réalisé par l'Américain Brad Mirman, qui emprunte sans aucune gêne ses idées, son style visuel et son ton aux Lock, Stock and Two Smoking Barrels et Snatch au Britannique. Malheureusement, même une distribution fort sympathique misant sur le talent combiné de Gérard Dépardieu et d'Harvey Keitel ainsi que sur le charisme des chanteurs Renaud et Johnny Hallyday ne peut sauver ce dérivé fade du style Ritchie qui ne lève jamais et finit par se perdre dans les ramifications d'une intrigue confuse et peu inventive.

Une bande de criminels français peu futés est envoyée à Chicago dans le but de réaliser un cambriolage qui devient bien vite secondaire à une myriade d'intrigues secondaires s'entrecroisant exactement, vous l'aurez deviné, comme dans un film de Guy Ritchie. Nos pauvres bandits finissent par dévaliser la maison de Frankie Zammeti (Harvey Keitel), un mafioso cruel qui tente par tous les moyens de renverser le parrain local. Le film possède bien quelques gags amusants en sa faveur, mais ceux-ci demeurent tristement prévisibles. Crime Spree est loin d'être la première comédie à jouer sur le choc des cultures, et ce n'est certainement pas la plus drôle. Toutefois, les passages humoristiques du film demeurent assez amusants pour conserver l'attention d'un spectateur indulgent.

C'est en tant que suspense que Crime Spree échoue véritablement. Mirman tente bien de nous étourdir avec quelques mouvements de caméras stylisés, mais son film manque cruellement de rythme. Un montage rapide est utilisé afin de créer l'illusion du mouvement, mais le film fait carrément du surplace. Et même si l'intrigue n'avance pas assez vite, ses pivots sont à peine expliqués. Le scénario réalise l'exploit d'être à la fois prévisible et décousu. En plus, Mirman a le culot de nous offrir une finale littéralement calquée sur celle de Lock, Stock and Two Smoking Barrels qui vient confirmer hors de tout doute la seule et unique source d'inspiration de ce film peu imaginatif.

Quelques répliques amusantes, une poignée de situations comiques et une distribution impressionnante ne permettent pas d'éviter l'échec auquel le film est condamné. Avec ses références visuelles sans aucune subtilité à Leone et sa structure narrative empruntée à Tarantino, Crime Spree tente tant bien que mal d'être à la mode, mais demeure jusqu'à la fin un pastiche peu inspiré qui aurait sans aucun doute mieux fonctionné s'il avait été réalisé par un Français et poussé avec plus de confiance dans la direction de la comédie. Car derrière ses allures de film de gangster nouveau genre raté, Crime Spree cache les bases d'une bonne petite comédie sans prétention qui aurait pu fonctionner. Dommage.