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COLD MOUNTAIN (2003)
Anthony Minghella

Par Louis-Jérôme Cloutier

Cold Mountain est le dernier film d’une liste. Mais quelle est cette liste? Celle des films produits par Miramax avec l’idée de remporter des Oscars et appuyés d’un marketing intense, parfois trompeur. Master & Commander : The Far Side of the World et The Last Samurai sont deux autres films de cette liste dont j’ai fait la critique. Autant vous prévenir, je n’aime pas ce genre de cinéma en général, le trouvant trop superficiel et trop surestimé. Je pense à The English Patient, A Beautiful Mind ou Romeo & Juliet. Tout de même, il faut voir pour juger et c’est pourquoi j’ai assisté à une projection de Cold Mountain. Quel est le verdict? Un film qui m’a plu, mais qui est très loin de l’image que l’on veut lui donner en rapport avec sa qualité.

Adapté d’un roman (on sent déjà l’Oscar), Cold Mountain se déroule durant la guerre de Sécession alors qu’un soldat confédéré (Law) se retrouve séparé de sa belle (Kidman). Recevant une lettre de cette dernière implorant son retour et étant dévasté par l’horreur de la guerre, il fait dos au conflit pour revenir à Cold Mountain et retrouver sa bien-aimée. Maintenant, il y a deux préjugés à rectifier à propos du film. Malgré ce que laissent croire les bandes-annonces, ce n’est pas un film de guerre et malgré ce que vous avez pu lire, ce n’est pas vraiment un film d’amour. Il s’agit plutôt d’un récit sur la survie en temps de guerre, des ravages qu’elle amène et qui déchirent ceux qui n’y participent pas et sa futilité en général. Sur ce dernier point, Cold Mountain évite admirablement de se donner un parti pris pour le Nord ou le Sud. Chaque côté est présenté sous un mauvais angle et la question de l’esclavagisme est bien abordée même si on reste politically correct. C’est dans cet esprit que la guerre est futile puisque chacun en souffre même s’il se trouve à des miles du conflit. Le personnage de Kidman et les habitants de Cold Mountain doivent surveiller leurs actions puisqu’un homme est chargé de tuer les déserteurs qui tentent de se réfugier chez leur famille. Sur son chemin, Jude Law croise divers personnages qui servent à exposer divers points de vue de la guerre de façon assez convaincante, quoique parfois trop humoristique. Cependant, si cet aspect du film est réussi, la partie davantage romantique est plutôt ratée. L’histoire d’amour n’arrive pas à émouvoir suffisamment ou à nous engager émotionnellement. De plus, les moments où l’on se retrouve à suivre l’existence de Kidman sont beaucoup moins intéressants. Plusieurs critiques ont admiré Renée Zellweger pour son rôle un peu cocasse de fermière. Pour ma part, je l’ai trouvé ordinaire et parfois même irritante. Aussi, on aurait dû couper plusieurs minutes à ce film qui s’éternise quelque peu à certains endroits ou qui traine en longueur.

Malgré tout, beaucoup d’autres aspects peuvent être appréciés. D’abord, les paysages sont absolument magnifiques et la direction artistique a fait un excellent travail pour recréer les costumes et décors de l’époque. Cold Mountain est donc visuellement très intéressant grâce à une belle direction photo et un travail de qualité de la part de Minghella. Les règles sont suivies à la lettre et sans vouloir surpasser les limites. Cold Mountain est solide dans la technique. Les acteurs sont également bons, en particulier Jude Law. Kidman, malheureusement, commence à s’enfoncer un peu trop dans le même personnage dans chacun de ses films. J’aurais aimé voir une autre actrice dans ce rôle. Avec surprise, plusieurs rôles secondaires sont interprétés par des acteurs de talents comme Philip Seymour Hoffman, Natalie Portman, Cillian Murphy ou même le chanteur Jack White. On ne peut qu’apprécier un si bel effort dans la distribution qui renforce la qualité des personnages qui sculptent le quotidien tragique de nos deux héros.

Bref, j’ai apprécié Cold Mountain même s’il n’est pas aussi bon que certains l’affirment. C’est un film dans les normes qui est même parfois prévisible, mais il possède plusieurs points positifs. C’est une belle exposition de la futilité de la guerre et de son effet sur les individus doublée d’une production de qualité technique qui impressionne par ses paysages et la qualité des acteurs. Cependant, il ne mérite vraiment pas l’Oscar du meilleur film même si ce genre de récompense ne veut plus dire grand-chose. Dans le cas contraire, il resterait un des meilleurs oscarisés depuis Braveheart, ce qui est un exploit en soi.




Version française : Retour à Cold Mountain
Scénario : Anthony Minghella, Charles Frazier (roman)
Distribution : Nicole Kidman, Jude Law, Renée Zellweger, Jack White
Durée : 155 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 15 Janvier 2004