BRICE DE NICE (2005)
James Huth

Par Jean-François Vandeuren

La sortie du film Brice de Nice, et ce particulièrement à l’extérieur du territoire français, confirmait deux choses. L’immense pouvoir de l’internet, là où les quelques sketches du personnage créé par Jean Dujardin à la fin des années 90 ont pu s’épanouir et traverser les frontières pour devenir le phénomène culte que nous connaissons aujourd’hui. Et, qu’un peu comme le loufoque, quoique très instable RRRrrrr!!! d’Alain Chabat l’an dernier, ce ne sont pas tous les concepts qui ont l’étoffe nécessaire pour sortir du cadre d’un numéro de quelques minutes pour aller vers le long-métrage. Même si la version cinématographique de Brice de Nice réserve sa part de moments comiques franchement réussis, le problème dans ce cas-ci est que l’effort de James Huth est, dans ses élans les plus inspirés comme ses plus maladroits, exactement ce à quoi on s’attendait, nous donnant un film qui saura divertir les adeptes du casseur au t-shirt yellow sans trop de difficulté, mais qui réserve malheureusement que très peu de surprises.

De la même manière que les Américains et leurs nombreuses productions inspirées de personnages de l’émission Saturday Night Live, Jean Dujardin et le réalisateur James Huth font faire le grand saut au cinéma à Brice et toute sa panoplie du casseur d’une façon accrocheuse, relatant la vie de fête continuelle du surfeur en attente de l’énorme vague qui déferlera sur les eaux d’ordinaire très calmes bordant la ville de Nice, en plus de son adoration mise en scène de manière hilarante pour le film Point Break et le personnage de Bodhi (Patrick Swayze). Mais le pauvre Brice se retrouvera à la rue suite à l’arrestation de son père pour une histoire de fraude. Il devra alors trouver un moyen de gagner de l’argent et sera amené malgré lui à participer à un concours de surf à Biarritz. Entre temps, les répliques les plus connues du personnage mythique sont évidemment toutes au rendez-vous, dans un souci d’introduire ce dernier aux cinéphiles peu familiers avec cette véritable légende vivante. Mais c’est pourtant aux fans plus que quiconque que ce film est destiné. Dujardin s’amuse visiblement à jouer de nouveau les surfeurs frimeurs et son entrain, tout comme l’air détestable inimitable de Brice, s’avèrent dans le cas présent contagieux et demeurent les points forts d’un film qui mise unilatéralement sur sa tête d’affiche. Un gage astucieux, mais limité.

Le problème majeur du film de Huth se situe au niveau du rythme, où celui-ci en arrache pendant certaines scènes alors qu’il peut se montrer tout à fait implacable à d'autres instants. Ce qui nous attend par contre dans le détour, comme on pouvait s’y attendre, c’est une mise en scène parfois démesurée qui tente de rendre l’effort beaucoup plus extravagant que ce qu’il devrait être, grâce entre autre à une série de numéros musicaux qui agacent beaucoup plus qu’ils n’amusent et qui ont par dessus tout cette fâcheuse habitude de nous coller à l’esprit après-coup. Il s’agit d’ailleurs d’un bémol commun à la plupart des adaptations du genre. Car il faut bien admettre que lorsque le duo Huth et Dujuardin décide d’y aller d’un peu plus de retenue, Brice de Nice s’avère beaucoup plus efficace dans l’exploitation de son personnage sympathiquement chiant. James Huth y va de ce fait d’une réalisation assez compétente qui ne vole jamais la vedette à Dujardin. Le cinéaste parvient à proposer une composition de plans souvent peu subtile, et ce particulièrement lors des moments se déroulant sur une plage, tout en se jouant de trucages visuels absurdes assez bien intégrés à l’ensemble.

Brice de Nice se veut donc un divertissement à prendre à la légère, tout simplement, faisant en bout de ligne peut-être un peu trop de recyclage des sketches antérieurs, mais avec lesquels on s’amuse néanmoins à renouer. On retrouve dans le film de James Huth une part de nouvelles idées qui fonctionnent dans l’ensemble assez bien. Une adaptatioin qui ne signe aucunement l’arrêt de mort du personnage culte de Jean Dujardin, même si elle aurait pu être franchement plus réussie. Les fans y trouveront leur compte, bien heureux de se farcir les répliques et gestuelles classiques de Brice auxquels le film parvient à redonner un nouveau souffle de vie. Les non-initiés risquent par contre de ne pas partager le même entrain. Cassé!