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BATMAN : MASK OF THE PHANTASM (1993)
Eric Radomski
Bruce W. Timm

Par Martin Coulombe

Depuis sa création en 1939 par Bob Kane, Batman est devenu l'un des super héros les plus importants et populaires de tous les temps, malgré le fait qu'il soit l'un des rares de cette catégorie qui ne combatte pas le crime à l'aide de super pouvoirs. Aux côtés de l'Homme de Fer (Superman pour les intimes) chez DC Comics, l'histoire de ce millionnaire torturé par le souvenir de ses défunts parents fut adapté par maintes personnes sous divers médias, mais c'est sans l'ombre d'un doute au petit écran, à l'aide de Bruce W. Timm et Eric Radomski que le Dark Knight a connu ses meilleurs moments dans ce qui devint Batman The Animated Series. Cette série connu un franc succès et comme le veut la tradition, toute émission télévisée animée qui devient le moindrement populaire se voit offrir la possibilité de faire un passage sur le grand écran. Transition souvent difficile et dangereuse pour une série télévisée, mais Bruce Timm et cie ont su relever le défi avec brio en offrant avec Batman: The Mask of Phantasm, l'une des meilleures aventures de l'Homme Chauve-Souris au cinéma.

Le Phantasm du titre, c'est un vilain créé de toute pièce par Bruce Timm et son équipe qui ont préféré confronter Batman à un nouvel ennemi plutôt qu'à un autre méchant recyclé de la base de données de DC Comics. Accoutré tel un spectre avec une longue cape, le Phantasm a un but bien précis: éliminer systématiquement les têtes importantes des organisations criminelles de Gotham City. Mais lorsque ce dernier est confondu comme étant Batman par plusieurs témoins, le Dark Knight se retrouve devant un sérieux problème. Pour le résoudre, il doit attraper et arrêtez le Phantasm pour prouver son innocence, tout en tentant d'échapper à la police qui le pourchasse plus que jamais . Et comme si ce n'était pas assez, une ancienne flamme de Bruce Wayne, Andrea Beaumont, revient au même moment en ville, faisant resurgir de vieux souvenirs dans l'esprit du millionnaire qui doit une fois de plus jongler avec sa vie privée et celle de son alter ego. Ce n'est pas facile la vie de héros!

L'intrigue de Mask of the Phantasm semble à première vue simple, mais elle cache en fait une histoire plus complexe qui permet au scénariste Paul Dini et son équipe d'exploiter une facette de Batman trop rarement montrée dans les longs-métrages de ce dernier, soit celle du détective. Après tout, Batman est, comme le veulent les comics books, le meilleur détective au monde et il est intéressant de voir ici que le justicier de Gotham doit se servir de son intellect et non pas seulement de ses muscles pour résoudre le puzzle qui se présente à lui. Cela ne veut pas dire qu'il ne prend pas part à une bataille du film, au contraire. Batman est encore ici représenté comme une figure sombre qui surveille du haut des buildings les allées sombres de la ville, prêt à passer à l'action. Dini prend aussi le temps de bien développer Bruce Wayne, un personnage souvent laissé de côté face à son alter ego. C'est en majeur partie à l'aide de flashbacks qu'il nous est présenté. Tout d'abord, comme un jeune adulte impatient d'assouvir sa vengeance et qui en est encore à ses balbutiements en tant que héros masqué dans les rues de Gotham, puis ensuite plus hésitant à respecter cette promesse faite à ses défunts parents lorsqu'il rencontre l'amour en la personne d'Andrea Beaumont. Dini nous fait donc découvrir ici les motivations de Wayne et nous explique pourquoi il a décidé de vivre une vie double. Cette technique de retour en arrière est utilisé d'ailleurs pour plusieurs personnages clés du film et le tout aurait facilement pu tourner au désastre, surtout lorsqu'on considère que près de la moitié du film se constitue de retours en arrière. Or, c'est tout le contraire: c'est en rembobinant sans cesse dans le passé qu'on nous fait découvrir le profil psychologique des divers personnes et c'est ce qui permet au film de rester cohérent et de tenir debout.

L'animation du film reste dans la veine de la série télévisée. Le seul reproche que l'on pourrait faire serait que les mouvements des personnages, surtout ceux du visage, datent un peu en comparaison à ce qui a été fait par la suite avec The New Animated Series et Batman Beyond. Malgré cela, le tout reste efficace et ne dérange point. Le style utilisé pour représenter Gotham est toujours aussi frappant et accrocheur. La ville est présentée sous des teintes de brun, gris et bleu et ses buildings et voitures ont des designs qui ne sont pas sans rappeler les dessins de brochures des années 30 pour des expos universelles qui présentaient «le monde de demain». Ce style particulier rend l'époque dans laquelle se situe le film impossible à déterminer: Gotham City semble être coincé dans un espace-temps qui mélange années 30 et 50 tout en incorporant des éléments des années 90. C'est donc un décor parfait pour les criminels armés de tommy-gun et pour Batman qui, comme une gargouille, surveille du haut des tours ces mêmes gangsters. Mélangez à ce style unique une trame sonore signée Shirley Walker, qui comprend un thème d'ouverture des plus sinistres et des plus mémorables depuis celui de Danny Elfman, et vous obtenez une ambiance parfaite pour la ville de Gotham.

Pour donner vie aux divers personnages, on retrouve la même distribution que la série télévisée. Kevin Conroy prête sa voix à Bruce Wayne/Batman, en variant bien son ton légèrement entre les deux personnages sans que le tout soit exagéré ou ridicule. Dana Delany accomplit un bon travail avec le personnage d'Andrea Beaumont malgré quelques fausses notes à certains moments où son personnage s'emporte. Sous les traits d'Alfred se cache Efrem Zimbalist Jr. qui incarne à merveille le sympathique majordome et seul confident de Wayne, à qui on réserve quelques excellentes lignes de dialogue. Mais l'acteur qui se démarque le plus de toute la distribution est sans l'ombre d'un doute Mark Hamill. Eh oui, la voix de l'ex-Jedi est ici méconnaissable sous les traits du Joker, auquel il donne une intonation de voix et un rire dément et diabolique qui donnent des frissons au dos, ce que Nicholson, malgré une performance désormais classique dans le Batman de Burton, n'avait pas réussit à faire. Le Joker imaginé par Bruce Timm et joué par Hamill est sans doute le meilleur qu'on ait pu voir à l'écran.

Ne sous-estimez par Batman: Mask of Phantasm par le simple fait que le film soit un dessin animé. Eric Radomski, Bruce Timm et Paul Dini livrent avec ce long-métrage une excellente aventure de Batman qui se classe facilement parmis les meilleurs de la série au cinéma. C'est un film qui se doit d'être vu, tant pour l'intrigue que le style artistique ou encore la distribution vocale qui livre une solide performance. Fans de Batman et d'animation, ne ratez pas votre chance de voir le Chevalier de Gotham à son meilleur!




Version française : Batman : Le masque du phantasme
Scénario : Paul Dini, Alan Burnet, Martin Pasko, Michael Reeves
Distribution : Kevin Conroy, Dana Delany, Hart Bochner, Mark Hamill
Durée : 76 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 26 Juin 2005