STAR WARS EPISODE V : THE EMPIRE STRIKES BACK (1980)
Irvin Kershner

Par Frédéric Rochefort-Allie

Sous le roulement de tambour de la marche impériale et la respiration asthmatique d'un Darth Vader en pleine apogée, l'empire de George Lucas contre-attaqua impérialement en 1980 en ramenant à la vie l'un des plus grands mythes du 20e siècle! Star Wars Episode 4 s'est imposé à l'époque, à grand coups de figurines Keener et de jouets de toutes sortes, comme un univers magique qui fit rêver plus d'un enfant. Tenter de reproduire le succès de son premier volume, et par le fait même reconquérir son marché, n'était pas tâche facile, en particulier quand ce dernier se situe encore dans le top des films ayant fait le plus de profits de toute l'histoire du cinéma. Pourtant, George Lucas réussit à créer avec l'Épisode 5 de sa saga monumentale, l'une des oeuvres les plus marquantes de l'histoire du cinéma.

Quelques années après la destruction de l'étoile noire, Luke (Mark Hamill), Leïa (Carrie Fisher), Han Solo (Harrison Ford) et toute leur bande, doivent encore combattre la République pour tenter d'instaurer le bien intergalactique. Mais Darth Vader, qu'on croyait mort, leur réserve bien des surprises.

Dans cette suite, plus on gratte sous la surface, plus on y découvre un des maillons les plus importants de la série. Débutant par une bataille qui rappelle vaguement nos Guerres mondiales, cette galaxie si lointaine ne semble plus trop éloignée de cette réalité qu'a connu l'humanité il n'y a pas si longtemps. C'est d'ailleurs ce qui fait que Star Wars s'est inscrit aussi rapidement dans notre culture, car il fait référence à des évènements clefs de notre histoire pour y ancrer son récit gigantesque, plein d'aventures et de créatures de toutes sortes. S'inspirant aussi des grandes tragédies et de la mythologie pour trouver les sources de son odysée de l'espace, Empire Strikes Back fait le lien entre modernité et histoire et insuffle à ses protagonistes, Darth Vader le serviteur robotique du Mal et Luke Skywalker le preux chevalier, une dimension classique. Gravitant donc autour de scènes d'action de haut niveau, bondé d'humour et de surprises, ce volet s'impose à la fois comme drame et divertissement hors-pair. De ce mélange en résulte un scénario mieux ficellé et avec beaucoup plus d'impact que celui de A New Hope, et dont le premier visionnement laisse une marque encore toute fraiche chez bien des cinéphiles.

À la différence du volume 4, The Empire Strikes Back ne fut plus exclusivement le travail de George Lucas, mais bien d'une équipe qui tenta conjointement de tirer le meilleur de l'univers de cette saga... et avec succès! Possédant des moyens immenses et des techniciens révolutionnaires, le film de Irvin Kershner surpasse presque tout ce qui s'est fait en matière de science-fiction et d'aventure au cinéma. Si on oublie les nombreux ajouts d'effets spéciaux faits par George Lucas au fil des années, les effets originaux ont tout de même bien vieilli et même Yoda, qui bouge machinalement, a plus de charme et de vie que son frérot numérique. Les améliorations technologies faites en 1980 auront permis aussi aux combats de sabre laser de sembler plus naturels et beaucoup plus vifs qu'en 1977, où le sabre laser semblait peser une tonne. La marche impériale aussi, dirigée par John Williams, donne le ton à l'ensemble de l'oeuvre et accompagne à merveille ce sombre personnage qu'est Darth Vader.

Finalement, rarement un film aura si bien porté son titre. L'Épisode 5 fait la gloire de toute la série et propose à quiconque souhaite le voir, des moments de cinéma fort mémorables. Bien que le genre ne plait pas forcément à tout le monde, Empire Strikes Back est facilement accessible aux cinéphiles de tout âges et ce, depuis plus de 20 ans. Après les versions de 1980, 1997 et 2004, qui sait ce qu'il adviendra des aventures des Skywalker dans la troisième dimension d'ici quelques années? Lucas n'apprendra-t-il jamais que Star Wars est déjà parfait tel qu'il est et que si la magie opère encore, c'est que sa saga «intergalatico-tragico-divertissante» n'a pas besoin d'être retransformée?