A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE MACHINIST (2004)
Brad Anderson

Par Jean-François Vandeuren

Film se positionnant dans la plus pure tradition des cauchemars psychologiques où le personnage d’avant plan tente par tous les moyens de faire la part des choses entre le réel et ce qui ne l'est plus, The Machinist du réalisateur Brad Anderson semblait néanmoins partir avec une certaine longueur d’avance sur ses prédécesseurs grâce à sa vedette d’avant plan, Christian Bale. En fait, ce n’est pas tant le nom de l’acteur figurant au générique que la métamorphose des plus effrayantes à laquelle ce dernier s’est adonné pour entrer dans la peau de son personnage qui venait faire de cet opus une quasi valeur sure. Car si un acteur de la trempe de Bale était prêt à sacrifier son physique, voire même sa santé, pour un projet de si petite envergure d’un point de vue budgétaire, la prémisse devait forcément en valoir les sacrifices.

Ce dernier endosse donc ici les traits squelettiques de Trevor Reznik, un machiniste qui n'a pas fermer l'oeil depuis plus d'un an et qui, par conséquent, semble réellement avoir la peau sur les os. Suite à un accident de travail dont il fut malgré lui responsable et qui arracha le bras d'un de ses collègues de l'usine, ce dernier commencera à croire au développement d’un complot revanchard surréaliste contre sa personne, ce qui le fera peu à peu entrer dans une démence paranoïaque de plus en plus excessive.

Anderson peut fortement remercier Christian Bale de s’être lui-même soumis à une diète exagérée qui lui aura fait perdre environ 63 livres, soit le tiers de la masse corporelle habituelle de l'acteur. Néanmoins, et le réalisateur et le scénariste méritent une bonne part des éloges attribuables au résultat final. D’une part, Anderson est parvenu à élaborer un univers cauchemardesque des plus raffinés en se basant sur le développement d’un suspense somme toute fort conventionnel en son genre, mais intégré à une formule proposée avec finesse et imagination. L’apport esthétique de The Machinist bénéficie à la base d’une composition de plans sobres et fignolés avec une finesse remarquable dans laquelle vient se fondre l’incroyable photographie signée Xavi Giménez et Charlie Jiminez, contribuant largement à l’atmosphère glauque et contagieuse empreinte de l’industrialisme auquel le film fait référence. Reste que c’est avant tout pour Christian Bale que l’on se souviendra longtemps de The Machinist. L’acteur britannique ne se contente pas ici d’exposer à l’écran sa transformation physique impressionnante, quoique horrifiante, il développe sous cette emballage sombrement modeste une composition psychologique intrigante, visiblement dépassée par des évènements antérieurs, dont il joue les cartes avec une retenue foudroyante.

De ce fait, le jeu de Christian Bale vient parfaitement servir la cause scénaristique du film. Partant d'une facture aux rebondissements adroitement exécutés, mais néanmoins bien connus, la valeur substantielle de l’effort monte allègrement d’un cran par la manière dont le personnage de Reznik semble envahir la trame narrative du film d'Anderson. De cette façon, The Machinist ne s’en tient pas qu’à l’exploitation d’un suspense devant absolument s'appuyer sur l’effet de surprise de son dénouement et parvient à mettre en scène de façon audacieuse ses rouages dominés par une tangente plus psychologique. En plus d'une atmosphère de paranoïa déjà palpable grâce à l’ingéniosité technique de Brad Anderson et son équipe, le scénario de Scott Kosar propose une belle incursion dans un esprit tourmenté par un sentiment de culpabilité l’en tenant prisonnier. Kosar vient ainsi habilement utiliser les caractéristiques du personnage incarné par Bale pour en faire les thèmes de son intrigue. C’est d'ailleurs en grande partie par l'entremise de cette initiative que sa finale se dévoilera comme une des plus satisfaisantes, alors que le scénariste sera parvenu tout au long du film à brouiller les pistes sous nos yeux tout en exposant subtilement plusieurs indices pour en appuyer le sens.

The Machinist est ainsi un effort qu’il faut savoir garder en tête un certain temps suite à son visionnement afin qu’il mûrisse dans notre esprit et que la rigueur des idées évoquées puisse être dévoilée. Le coup d’éclat du film demeurera néanmoins l’enveloppe squelettique de Bale se retrouvant à l’opposé total du très fin et découpé Patrick Bateman d’American Psycho. Brad Anderson nous livre ainsi une intrigue prenante qui, sans nécessairement les dépayser, ravira les fans de Lynch, Hitchcock, ou du Memento de Christopher Nolan.




Version française : Le Machiniste
Scénario : Scott Kosar
Distribution : Christian Bale, Jennifer Jason Leigh, Michael Ironside
Durée : 102 minutes
Origine : Espagne

Publiée le : 30 Novembre 2004