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KILL BILL : VOLUME 1 (2003)
Quentin Tarantino

Par Frédéric Rochefort-Allie

Tarantino s'attaque de nouveau à Hollywood! Imitant, par suggestion du studio Miramax, la stratégie de campagne publicitaire des frères Wachowski (La saga The Matrix), il fait couler beaucoup d'encre. Comme toujours, on accuse le cinéaste de diverses remarques pour la plupart injustifiées. Il faut comprendre qu'il a toujours été un réalisateur à contre-courant, ignorant l'opinion des autres et créant des films purement par passion. Heureusement ça lui réussit, le public embarque dans son univers. Pour ce quatrième long-métrage, Quentin Tarantino adapte deux de ses genres préférés : le kung-fu et le western spaghetti. Il à passé six ans à s'immerger dans ces films, à écrire cette oeuvre.

Comme le titre l'indique, notre protagoniste, The Bride (Uma Thurman), désire se venger de la trahison du gang de Bill. Toutefois, ce vollet se penche beaucoup plus sur des règlements de comptes avec ses collègues de travail, les DIVAS.

L'histoire est simple, soit, mais extrêmement efficace. Ce n'est pas le premier récit de vengeance à voir le jour, même Hamlet se classe dans cette catégorie. Vous ne remarquerez donc pas vraiment de second degré ici, et d'ailleurs, là n'est pas l'objectif non plus. C'est du pur divertissement. Séparé en chapitres non chronologiques, le montage du film rappelle Pulp Fiction. Il serait trop tôt pour critiquer en détail la structure narrative du film, mais pour cet opus, le développement nous emmène vers une finale féerique sans même qu'on remarque le temps qui file et l'ordre chronologique ne dérange pas. Les dialogues occupent moins d'espace que dans Pulp Fiction, car les images parlent d'elles-mêmes. Ils restent toutefois très humoristiques et vous trouverez tous probablement votre ligne de dialogue culte, sinon attendez la deuxième partie. D'ailleurs, on ne compte plus les scènes d'anthologies. Le réveil de The Bride en est un bon exemple. Le choix de plan de Tarantino atteint la perfection. Tout est minutieusement dosé, de la composition à l'angle de la caméra. Une maitrise totale du langage cinématographique et un très grand respect du genre série-b. Même la violence, qui risque d'en choquer plus d'un, est parfaitement justifiée. On entend les gens souffrir au loin, contrairement aux films d'actions comme First Blood. Dans plusieurs scènes, on arrive presque à sentir la douleur des personnages. À noter que nous avons droit à une scène d'animation dans les règles de l'art, où comme dans l'ensemble du film, le sang coule à flot.

Les cinéphiles adoreront les références au cinéma asiatique, italien, des cinéastes américains des années 1970 aux films de Tarantino. C'est une sorte d'omni film qui peut plaire à tout le monde, du moins à ceux qui ne se gavent pas que d'Hollywoodien typique. Le réalisateur va jusqu'à employer des maquettes pour recréer l'ambiance des vieux films de série-b, ce qui donne vraiment un ton au film. La musique joue aussi beaucoup sur l'ambiance. Que dire d'une trame sonore qui est accompagnée de noms comme Morricone (The Good The Bad & The Ugly), Hermann (Taxi Driver,Psycho et Citizen Kane) ou Bacalov (City Of Women) , sinon qu'elle est magnifique à l'écoute. Encore une fois, Quentin Tarantino prouve qu'il possède une ouïe raffinée qui ne perd pas son style unique. Comme si ce n'était pas assez, la distribution d'acteur est tout simplement démente. On redécouvre les acteurs principaux sous un nouveau regard. Uma Thurman incarne ici un rôle destiné à devenir un personnage culte. Son jeu est tout simplement divin et elle arrive à soutenir plusieurs moments sans même dire un seul mot. Plutôt troublant. Outre notre mariée, Lucy Liu incarne une femme terrifiante. C'est probablement le premier grand rôle de sa carrière. On oublie facilement les Charlie's Angels. Malgré son apparence dure, on en arrive à exprimer de la sympathie pour elle. Même Daryl Hannah marque le spectateur par la méchanceté et la sensualité qu'elle projette en seulement quelques minutes. En fait, aucun acteur ne déçoit. Tout s'embrique en un univers violent, caricatural et à la fois particulièrement dramatique.

Bref, Kill Bill est l'ultime hommage au cinéma de série-b et une expérience cinématographique inoubliable. Les cinéphiles se souviendront longtemps de ce divertissement qui se classe parmi les plus grandioses. Après le visionnement de Kill Bill, on en vient à ré-évaluer le cinéma actuel. Ce quatrième long-métrage est semblable à un soleil levant qui nous donne espoir de voir naitre un nouveau courant de films mariant bien art et divertissement. Vive Tarantino pour nous offrir un film qui n'insulte pas notre intelligence, et vive le cinéma pour nous offrir de si beaux moments! Kill Bill, comme son titre l'indique, tue tout sur son passage!




Version française : Tuer Bill : Volume 1
Scénario : Quentin Tarantino
Distribution : Uma Thurman, Daryl Hannah, Lucy Liu, Sonny Chiba
Durée : 110 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 11 Octobre 2003