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HELL'S ANGELS (1930)
Howard Hugues

Par Frédéric Rochefort-Allie

Redécouvert en 2004 avec un petit coup de pouce d'un certain Martin Scorsese, Hell's Angels a autrefois été le Titanic de son époque. Avant Gone With The Wind, il fut le film avec le plus gros budget, totalisant pas moins de 3.8 millions... une somme gigantesque pour l'époque. Réputé pour sa mégalomanie, Howard Hughes aura fignolé son film durant plusieurs années pour créer une des oeuvres les plus audacieuses de son époque. Il avait le son, la couleur et une marrée d'avions et de caméras à sa disposition, il reignait en roi et maitre sur Hollywood.

Bien à l'avance sur le gang de motards pour son nom, Hell's Angels raconte l'histoire de deux frères (Ben Lyon et James Hall), qui en plus de partager leur métier d'aviateur de guerre dans la même division, sont tous deux épris de la même femme, Helen (Jean Harlow). Les deux frères seront donc engagés à se battre contre l'Allemagne, l'un visant des idéaux héroïques et patriotiques et l'autre dégouté par ce cirque qui mène tous ses amis à la mort.

En tant que personnalité publique, Hughes a toujours refusé de participer à la guerre, sinon qu'en ne fournissant du matériel militaire, et son dilemme vis-à-vis cette activité entre le devoir envers sa nation et son dégout pour cette activité sanguinaire transparait chez ses personnages. L'un des passages les plus intéressants du point de vue dramatique conteste justement l'attitude des soldats vis-à-vis la guerre et leur attente d'une mort quasi certaine dans le plus grand silence. Mais malheureusement, ces derniers sont trop rares et innondés par des messages patriotiques. La transition toute récente avec le parlant semble avoir dérangé Hughes, ne sachant trop comment diriger ses acteurs. Seule Jean Harlow semble confortable, resplendissant devant la caméra et dégageant dès son premier rôle son sex appeal légendaire. Ce fut la première des blonde platine, bien avant Monroe, et pour la seule fois dans l'histoire du cinéma, il est possible de la voir dans toute sa gloire en Technicolor. Monsieur Hughes savait rendre hommage à ses actrices fétiches!

Mais tout ce scénario n'était en fait qu'un prétexte pour pouvoir tourner des combats aériens, ce qui était justement la spécialité de son réalisateur. À partir de cet instant, la réalisation semble soudainement beaucoup moins statique. Howard Hughes se trouvait dans son élément, comme un poisson dans l'eau. Pour les moyens de l'époque, Hughes a créé une véritable révolution dans les scènes d'action. Même à ce jour, elles demeurent tout simplement étonnantes et font preuve d'une véritable virtuosité pour une époque où le CGI était tout simplement inexistant et les caméras beaucoup moins maniables. Orchestrer de si grands ballets aériens avec une telle fluidité et complexité tenait du génie. Une légende veut que trois pilotes soient véritablement morts dans la scène du dirigeable, alors que Hughes tentait de reproduire un écrasement avec une contre-plongée extrême filmant le véhicule fonçant vers la caméra (sur le sol). Hughes lui-même se cassa quelques os en s'écrasant avec un avion qu'il tentait de manoeuvrer pour exécuter une cascade. Il risqua tout, tant sa fortune que sa propre vie pour créer Hell's Angels et il passa tellement de mois à perfectionner son montage et son film jusqu'à la perfection, qu'au bout du compte sa mégalomanie eut une influence sur son film.

Bref, même si Hell's Angels est un film remarquable au niveau des combats aériens et que pratiquement aucun ne lui est arrivé à la cheville depuis les années 30, les scènes dramatiques sont terriblement ennuyantes et le minent sérieusement. Malgré cela, il demeure un classique qui mérite d'être vu, tant pour les fans d'Aviator que pour les cinéphiles curieux de redécouvrir ce Titanic submergé. Du grand cinéma d'action!




Version française : -
Scénario : Harry Behn, Howard Estabrook, Joseph Moncure March, Marshall Neilan
Distribution : Ben Lyon, James Hall, Jean Harlow, John Darrow, Lucien Prival
Durée : 127 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 29 Juillet 2005