A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

GUY X (2005)
Saul Metzstein

Par Frédéric Rochefort-Allie

Jeté en dehors d'un avion, le soldat Rudy Spruance (Jason Biggs) envoyé en mission à Hawaïi, découvre bien assez vite qu'en fait, on l'a abandonné... au Groenland! Spruance se retrouve donc sur une base où il fait jour 24 heures sur 24, et où la principale activité culturelle du coin consiste à revoir de façon maladive Invasion of the Body Snatchers, charmant non? Mais c'est alors que, pris pour un expert de la propagande, Spruance et son "journal du soldat" découvriront un secret bien gardé.

Si on avait savamment mélangé la critique de la bureaucratie et de l'état de Brazil à la parodie de la vie d'armée chez M*A*S*H* et Stripes, la descendance logique en serait Guy X, film que le réalisateur décrit lui même comme un "slacker war movie", un film de guerre sans guerre. L'introduction fonctionne à merveille, nous présentant la vie de soldats dont la présence sur le terrain est des plus inutiles et où l'armée perd tout son sens, car elle cherche à combattre un mal invisible. Une critique qui demeure franchement d'actualité, même si le film se déroule durant la fin des années 70. Mais il doit bien vite de quitter sa phase d'introduction en embarquant dans sa théorie de complot pour faire avancer cette intrigue qui va nul part. C'est ainsi que Guy X se tire lui même dans les pieds car l'ambiance contraste beaucoup trop, passant du film humoristique à tendance parodique à un drame quasi sentimental, laissant le spectateur se demander tout bêtement s'il doit rire ou considérer avec sérieux les piètres scènes avec Michael Ironside. Voilà donc une excellente idée de court-métrage qu'on a peut-être un peu trop étiré pour en créer un film dilué.

Même si l'image de Jason Biggs demeurera éternellement associée aux tartes, l'acteur tente ici de démontrer qu'il maîtrise aussi des teintes plus dramatiques et que son talent ne se limite pas qu'à jouer dans les comédies pour adolescents. C'est donc un risque qu'il prend en incarnant le personnage principal de cette satire. Bien qu'il ne s'en tire pas si mal, Jason Biggs ne colle pas. Il semble même plutôt coincé dans ses scènes romantiques avec Natasha McElhone et trouve toujours difficilement le bon dosage entre comédie et drame. Le rôle aurait mieux fait de tomber entre les mains d'un acteur comme Jason Schwartzman, qui de toute façon est un habitué des comédies à humour noir. Mais comme le réalisateur l'a souligné, l'acteur fut un choix commercial d'abord et avant tout.

On ne connaît d'ailleurs que très peu de choses sur Saul Metzstein, sinon qu'il a débuté sa carrière sur Trainspotting de Danny Boyle. Guy X, son second long métrage, nous fait découvrir un réalisateur très tendance qui fait un pont entre une réalisation semblable aux vidéos clips à saveur du mois et au cinéma des années 70. Visuellement, le réalisateur était l'un des meilleurs en compétition au Festival International du Film de Montréal. Son seul défaut cependant, c'est qu'il a tout misé sur l'esthétisme, offrant des images très léchées, mais qui manquent définitivement de profondeur. Chapeau tout de même à François Dagenais, le directeur photo, qui disposait d'un budget plutôt mince, et qui pourtant s'est surpassé pour créer un look très particulier et des plans très léchés, quoi que demeurant d'une approche discrète.

En fin de compte, Guy X est un film boiteux tout à fait fascinant qui avait le potentiel de devenir un film culte, mais qui s'est embûché en cours de route par ses mauvaises idées. L'équipe peut tout de même être fière pour les risques et les résultats obtenus. Ce qui est regrettable, c'est que le film de Saul Metzstein ne trouvera peut-être jamais de distributeur nord-américain, vous empêchant de le découvrir. Sans être MASH 2, Guy X demeure un film franchement sympathique pour qui sait apprécier un tant soit peu l'humour noir.




Version française : Guy X
Scénario : Steve Attridge, John Paul Chapple
Distribution : Jason Biggs, Natascha McElhone, Jeremy Northam, Michael Ironside
Durée : 101 minutes
Origine : Canada, Islande, Royaume-Uni, Allemagne

Publiée le : 12 Octobre 2005