A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

ELIZABETHTOWN (2005)
Cameron Crowe

Par Frédéric Rochefort-Allie

Avant même d'être sorti sur nos écrans, Elizabethtown fut littéralement détruit par la presse lors du festival de Toronto ; une savoureuse coïncidence puisque le film parle lui-même de la crainte d'un échec. Pour Drew Baylor, c'est le fiasco de la création de sa chaussure qui fit perdre pas moins de 1 milliard de dollars à une entreprise alors que pour Cameron Crowe, c'est l'excès de tout ce qu'on peut retrouver dans ses films précédents. La comparaison des deux personnages nous laisse songeur à savoir si le réalisateur devinait que son nouvel opus ne plairait pas à un très large public. Peut-être, qui sait?

Elizabethtown doit être vu pour ce qu'il est : une fresque des États-Unis profonds, teintée de musique folk et qui traite du froid entre un père et son fils. Il traite aussi de l'importance de renouer avec ses souches. Cameron Crowe semble profondément attaché à ce film car son personnage, qui débute en tant que suicidaire, apprendra au fil du temps à connaître les joies de la vie et de l'Amérique en général. Comme dans la totalité de son oeuvre, Crowe aime bien garnir ses scènes de chansons populaires. Mais cette fois, sa passion inconditionnelle pour la musique prêche plutôt par l'excès puisqu'il nous saoule avec des centaines de chansons tout au long du film. Parfois les extraits ne durent pas moins de 15 secondes. C'est bien beau un extrait de Tom Petty ici et là, mais nul besoin de nous retracer l'histoire du folk en 2 heures.

Cameron Crowe semble refuser d'éliminer les moments inutiles, laissant par exemple Susan Sarandon faire de la danse à claquette pendant près de 2 précieuses minutes, qui auraient bien pu servir à alimenter un peu le rapport père-fils plutôt simpliste et peu développé. Comment se soucier de la souffrance ressentie, suite à la perte du père du personnage principal pour la municipalité d'Elizabethtown (et pour ce suicidaire nostalgique), si Cameron Crowe ne se donne pas la peine de nous le présenter un tant soit peu?

Dans son écriture, Cameron Crowe semble toujours répéter le même moule de personnages depuis quelques années. L'homme est quasi invisible ou dominé par une force plus grande que lui, alors que la femme est toujours bien forte et pleine de caractère. Dans Elizabethtown, ce rapport homme-femme semble plus accentué que jamais. Le choix d'Orlando Bloom dans le rôle principal doit y être pour quelque chose, puisque comme tout le monde le sait, l'acteur est plutôt limité dans son registre. Kristen Dunst, qui n'est pourtant vraiment pas à son meilleur (elle perd régulièrement son accent du sud des États-Unis), captive donc toute notre attention avec son personnage de femme plutôt indépendante. Malheureusement, bien qu'on y trouve quelques jolis moments de cinéma, les dialogues sonnent faux et tuent des scènes pourtant intéressantes. Un étrange parallèle entre Garden State et Elizabethtown peut aussi être tracé, ce qui vient un peu miner la supposée originalité du scénario. En effet, dans les deux cas, le protagoniste (qui n'aime plus vraiment la vie) apprend à se réadapter suite à une rencontre qu'il fait avec une excentrique lors de l'enterrement de son parent mort. Surprenant pour l'homme qui a calqué plan par plan Abre Los Ojos pour en faire Vanilla Sky?

Donc, Elizabethtown est un beau film pavé de bonnes intentions, mais qui échoue malheureusement sur toute la ligne. Fait étonnant, 20 minutes furent coupées à partir du festival de films de Toronto, puisque le film était péniblement long dans ses dernières minutes, où Orlando Bloom fait la quête de sens dans sa vie en suivant une carte toute tracée et soutenue par de la musique sélectionnée par son amie hôtesse de l'air. Même en concentrant ses meilleures scènes, le scénario reste nul et garni de beaucoup trop de longueurs pour capter notre intérêt. Quelle déception!




Version française : Elizabethtown
Scénario : Cameron Crowe
Distribution : Orlando Bloom, Kirsten Dunst, Susan Sarandon, Alec Baldwin
Durée : 123 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 4 Mars 2006