DREAMCATCHER (2003)
Lawrence Kasdan

Par Louis-Jérôme Cloutier

Lawrence Kasdan a déjà été l’un des meilleurs scénaristes d’Hollywood. Il a entre autre participé à l’écriture de Empires Strikes Back et de The Raiders Of The Lost Ark. Cependant, son nom a perdu de sa valeur avec le temps et aujourd’hui, il n’est plus l’ombre de lui-même. Pour ce film, il a choisi de non seulement écrire le scénario, mais aussi de réaliser le film. On se demande à laquelle des deux fonctions il aurait dû renoncer pour que l’on obtienne un produit de qualité. Dreamcatcher est un film bâclé dans un scénario mal construit et inepte.

En fait, cette histoire est tirée d’un livre de Stephen King, le premier après son accident de voiture. Quatre amis d’enfance se réunissent pour une partie de chasse dans un chalet isolé de la forêt. Ces hommes sont dotés d’une sorte de pouvoir de prémonition qu’ils ont reçu suite à leur rencontre avec un jeune handicapé durant leur enfance. Ils seront livrés à eux-mêmes en présence de forces maléfiques. Il faut tout d’abord reconnaitre que les 30 premières minutes du film laissent présager un bon film autant par une histoire suffisamment intrigante que par les personnages assez colorés. Cependant, dès l’apparition des premiers effets spéciaux, le film se gâche royalement pour ensuite tomber dans un scénario complètement insensé du début à la fin. On peut même affirmer avec certitude que l’effet le mieux réussi est les sourcils de Morgan Freeman qui sont, sans aucune raison apparente, d’une incroyable ridiculité. C’est le genre de chose qui donne le ton à tout le reste de la production.

L’adaptation du roman de King semble avoir été une lourde tâche pour Kasdan. Des scènes qui n’apportent rien à l’histoire et qui sont d’une stupidité incroyable ont été gardées tandis que des moments forts du livre ont été enlevés. Ceux qui ont lu le livre se souviendront d’ailleurs de l’extrait du bacon cru qui n’a pas été intégré au scénario. La fin a aussi été modifiée par rapport au livre, ce qui est une autre mauvaise décision. Celle que l’on a décidé de prendre est simplement pitoyable tout en étant amusante sans que ce soit voulu. C’est d’ailleurs un autre grand problème de Dreamcatcher. Plusieurs moments font rire et l’effet recherché par le réalisateur est loin d’être réussi. Quand même, rendons à César ce qui appartient à César, Kasdan a dû travailler à partir d’un roman très moyen. En plus, condenser 700 pages dans une histoire cohérente n’est pas des plus évident. Côté réalisation, les choses s’en tirent mieux avec un travail dans tout ce qu’il y a de plus correct. De plus, les décors de la forêt mélangés avec la neige donnent un très beau résultat. Aussi, la performance des acteurs est exemplaire dont celle de Damian Lewis dans les débuts du film. Cependant, Morgan Freeman semble un peu perdu dans le rôle d’un méchant complètement caricatural.

En résumé, Dreamcatcher aurait pu être captivant, mais n’est en fait qu’une autre mauvaise adaptation d’un roman de Stephen King. Lawrence Kasdan aurait peut-être dû choisir du meilleur matériel et se concentrer uniquement sur l’histoire. Il est dommage de voir des débuts prometteurs déviés vers le pire. On ne peut même pas qualifier Dreamcatcher de divertissement, il est donc conseillé de passer son chemin devant sa pochette dans un club vidéo.