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DO THE RIGHT THING (1989)
Spike Lee

Par Frédéric Rochefort-Allie

« Je vous échangerais Soulplane contre The Passion! », disait Chris Rock lors des Oscars de 2004-05 en soulevant la question de la faible qualité des films composés exclusivement de noirs. Le cinéma blacksploitation bat de l'aile depuis sa création, luttant constamment pour tenter de se défaire des rôles réducteurs et caricaturaux qui ne font qu'alimenter de vieux stéréotypes. Rares ont étés ceux ayant réussi à faire avancer les choses. Il y eu bien entendu le seul et unique Melvin Van Peebles, pour qui ont doit la création du genre, mais sinon rien.

L'impact de Spike Lee sur le cinéma dans les années 80 n'en fut que décuplé. Il reprenait le flambeau de Van Peebles dans le but de porter ce type de cinéma au même niveau de respect accordé à n'importe quelle oeuvre de cinéma d'auteur. Do the Right Thing frappa de plein front les États-Unis, puisqu'il s'agit d'une oeuvre très provocatrice questionnant le racisme au sein de différentes communautés ethniques qui cohabitent dans un même ghetto. Vieux de ses 17 ans, le film reste pourtant d'une actualité criante et le message n'a pas perdu de son mordant. Certains médias furent même fortement inquiétés à l'époque par l'appel général de la chanson thème du film: Fight the power par le cultisme groupe de l'époque du bon vieux rap, Public Enemy. Avec des paroles comme : « Our freedom of speach is freedom or death » en passant par «People, people we are the same/no we're not the same», l'invitation que pourrait lancer cette chanson combinée au film reste hautement dangereuse pour qui en interprète mal le sens. Mais comme l'a souligné Spike Lee, Do the Right Thing ne fut pas la cause de violence, il ouvrit plutôt les yeux aux différentes cultures composant l'Amérique et la réalité noire.

Dans Do the Right Thing, bien que Mookie (un livreur de pizza incarné par le réalisateur) soit mis de l'avant, il n'y a aucun véritable protagoniste. Ce sont les personnages créés par Spike Lee qui forment un tout, un panorama social. Le quartier lui-même respire et vibre tout au long d'une journée torride. Le spectateur suit cette escalade de colère tissant leurs rapports pour en venir à un climax des plus percutants. Du vieux philosophe de la rue au coréen propriétaire d'un dépanneur, on s'attache rapidement à cet univers créé par Lee. Voilà pourquoi il fait plutôt mal de deviner l'éventuelle dégringolade autodestructrice.

Au début du film, un vieillard accroche Mookie un instant pour lui demander un truc bien important à ses yeux : « Do the right thing ». La fin du film nous laisse sur cette question, à savoir si la décision cruciale prise par Mookie fut la bonne. À chacun son interprétation et sa compréhension des événements. Rares sont les films aussi provocateurs et critiques envers la xénophobie à l'américaine. Généralement, on tente plutôt de nous présenter le pays comme une terre d'accueil où l'on trouve la parfaite acceptation de l'étranger - à condition qu'il ne soit pas un dangereux terroriste. C'est notamment ce qui fait de Do the right thing une oeuvre si importante dans l'histoire du cinéma et de Spike Lee le plus important réalisateur de sa race.




Version française : La Pizzeria en révolte
Scénario : Spike Lee
Distribution : Danny Aeillo, Ossie Davis, Ruby Dee, Spike Lee
Durée : 120 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 4 Mars 2006