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COMMENT DEVENIR UN TROU DE CUL ET ENFIN PLAIRE AUX FEMMES (2004)
Roger Boire

Par Jean-François Vandeuren

Arborant un titre magnifiquement choisi, ce film du cinéaste québécois Roger Boire tente d’élucider ce mystère, voire même ce vaste fouillis que forment les relations amoureuses en se demandant s’il s’agit réellement d’une question de bonnes intentions et de bons sentiments, ou si le résultat de cette game savamment jouée par plusieurs qu’est la séduction ne découlerait pas d’une formule caractérielle infaillible pour plaire au sexe opposé. De ce fait, les temps se font de plus en plus durs pour les bons gars. Le cinéma leur a certes rendu une certaine justice par le passé où leur semblables personnifiés à l’écran auront pu couronner leur histoire d’amour d’un happy end bien mérité. Brièvement ou à long terme, la fiction ne le spécifie pas toujours. Ce qu’il y a de sur par contre, c’est que concrètement, ce genre de mise en scène ne se produit pas à tous les coins de rue. Roger Boire tente donc ici de décortiquer ce qui cloche avec ces types trop sympathiques, trop gentils, trop compréhensifs pour que la gente féminine ne puisse leur porter un intérêt plus sérieux... ou plutôt de découvrir le secret de l’attirance mystique des femmes envers ce que l’on appelle communément, des beaux trous de cul.

En ce sens, cet essai suit le cas de Louis qui vient tout juste de se faire laisser par sa blonde. Selon les dires de cette dernière, Louis aura toujours su lui faire passer de bons moments. Pourtant, ces bonnes volontés ne réussissent plus à provoquer en elle un quelconque sentiment amoureux pour lui. À partir de ce moment, Louis remettra en question ce qu’il considérait pourtant être normal. De surcroit, son entourage commencera à faire planer une vague hypothèse associant les insuccès de sa vie de couple au fait qu’il n’aurait pas arborer assez souvent le visage d’un être hypocrite et déplaisant.

Lorsque le cinéma ne donne pas dans la guimauve artificielle et inoffensive, il est toujours plaisant de voir arriver un cinéaste désireux de semer la pagaille dans les fondements des relations de couple en amenant à l’esquisse de savantes observations ingénieusement reproduites dans un contexte narratif. N’exploitant pas ce propos d’une manière aussi audacieuse qu’un cinéaste de la trempe de Woody Allen sait le faire, Roger Boire semblait tout de même apte à aspirer à un résultat aussi prometteur par sa prémisse initiale. Cependant, le peu de nuance utilisé au fil du récit vient ternir le potentiel de plusieurs points de son argumentation. De ce fait ressort surtout la transformation progressive du personnage de Louis que l’on suit tout au long du film et dont les états d’âmes deviennent transparents par le biais d’une chanson en constante mutation. Ces changements s’effectuent cependant d’une façon un peu trop unilatérale et semblent suivre une généralité qui même si réaliste, ne jouissent pas de la finesse espérée et ce même si le réalisateur réussit malgré tout à terminer le périple de son protagoniste d’une manière juste et intelligente.

Son film ne fait également pas exception aux règles du genre et en ce sens, il nous livre son discours par l’entremise de ses dialogues, lesquels reflètent à bon nombre d’occasions une ingéniosité présente autant au niveau comique que de par la réflexion et le cynisme émanant de sa mise en scène. Une certaine adresse se révèle également de par l’efficacité mordante qu’il confère à l’utilisation des excuses d’usage typiquement féminin dont les célèbres: «On peut toujours rester ami» ou encore: «Je ne veux pas te faire de mal». Ce qui est un peu dommage par contre, c'est que le cinéaste a tendance a surenchérir la dose qui peut en devenir abusive.

Mais somme toute, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes demeure un film sympathique qui a sa part de bons moments. Dommage qu’en un tout l’effort semble manquer parfois de consistance et même d’inspiration. Le même genre d'accochages se produisent au niveau de la formule visuelle qui est ici plutôt limitée, s’apparentant à l’image des couts de production, et qui même si elle ne constitue pas en soi un défaut dans le cas présent, aurait certes gagné à utiliser quelques bases un peu plus développées. On en retiendra tout de même la présence de plusieurs répliques inspirées rappelant les meilleurs jours de l’écriture de Kevin Smith à laquelle vient s’ajouter une distribution des plus acceptables bien menée par un jeu convainquant de la part de Pier Noli.




Version française : -
Scénario : Roger Boire
Distribution : Pier Noli, Christine Foley, Luc Lopez
Durée : 88 minutes
Origine : Québec

Publiée le : 17 Novembre 2004