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CHICAGO (2002)
Rob Marshall

Par Frédéric Rochefort-Allie

Le voici, le monstre qui à secoué la dernière cérémonie des Oscars et qui s'est remporté plus de six prix. À première vue, on croirait que le film à été crée pour reproduire le succès de Moulin Rouge, et ce n'est pas tout à fait faux. Nicole Kidman a même été considérée pour un rôle plutôt important. Mais normalement, une comédie musicale n'apparaît pas sans une situation politique ou économique propice à sa création. Par exemple, les années 1940 furent assez productives en comédies musicales. Personne ne s'en lassait car la guerre démoralisait et les comédies musicales se chargeaient d'égayer le public. Rappelons-nous qu'il y a de cela très peu de temps, les États-Unis étaient en guerre en Irak et qu'économiquement, nos voisins du sud vont moins bien. Est-ce une coïncidence que Chicago soit sorti en salles précisément au bon moment?

L'histoire étant basée sur une comédie musicale de Broadway, elle est plutôt simple. Roxie Hart (Renée Zellweger) est une jeune femme qui tente de percer sur la scène artistique. Malheureusement, elle s'entoure des mauvaises personnes et en vient à tuer l'une d'elles. Une fois en prison, elle réalise qu'on battit sa célébrité derrière les barreaux et non dans les clubs de Chicago. Son avocat (Richard Gere), lui enseignera les règles du métier tandis qu'elle rivalisera avec la diva Velma Kelly (Catherine Zeta-Jones).

Nulle comédie musicale classique ne fait un tabac si elle n'a pas une bonne trame sonore au départ. Ceux qui connaissent cette comédie musicale trouveront que le passage de la scène à l'écran est assez fidèle. La présence du compositeur Danny Elfman se fait plutôt discrète car il ne fait que légèrement adapter les chansons pour leur rajouter un son plus chaud. Il s'est déjà montré plus original autrefois, signe qu'à force de composer la musique pour pratiquement chaque blockbuster, il finit par ne plus avoir d'inspiration. La musique reste tout à fait délicieuse si vous aimez le jazz et le style cabaret des années 1920. À ce sujet, ceux qui croyaient que Catherine Zeta-Jones et Renée Zellweger étaient incapable de chanter seront surpris de les entendre s'époumoner assez joliment. J'ai été personnellement assez étonné par les talents de Madame Zeta-Jones en tant que chanteuse et danseuse. Elle bouge très bien et dégage énormément de sensualité. Je n'enlève rien à Renée Zellweger, par contre elle se tire mieux d'affaire quand elle joue la jeune starlette naïve. Pour ce qui est de Richard Gere, sa voix n'est pas assez travaillée, il joue bien par contre il ne se réinvente pas et sa scène de claquette est si pathétique qu'on regrette énormément la mort de Gene Kelly. Surprenant tout de même quand on apprend que l'acteur s'est entraîné pendant des semaines, voir des mois. C'est d'ailleurs le réalisateur, Rob Marshall, un homme de théâtre, qui créa les chorégraphies et il les exécutait avec les acteurs lors des pratiques. Son arrivée au cinéma ne se fait pas trop mal. Malheureusement il privilégie l'esthétisme à l'originalité. Plusieurs scènes sont très fortement inspirées de classiques comme Citizen Kane, les deux versions de Broadway Melody et Gentleman Prefer Blondes. Ceux qui s'intéressent moins à l'histoire du cinéma croiront à un film innovateur quand, en fait, il recycle de vielles idées. Malgré ce détail, Chicago en met plein la vue visuellement. Le cadrage et l'éclairage joue beaucoup sur la dimension magique que prend le cabaret aux yeux de Roxie. Tout au long du film, la direction photo ne cesse de nous surprendre. Malheureusement, si au départ le réalisateur nous présente une des meilleures introduction de toute l'histoire des comédies musicales classiques, le film s'essouffle assez rapidement. Effectivement, même si le montage est très rythmé au départ et que le réalisateur trouve des moyens originaux d'inclure les premières chansons à l'action, Chicago n'arrive pas à suivre le tempo et après quelques chansons, le public se marre des chanson, déjà saoulé après trente minutes. La finale tente désespérément de sauver le film et y réussi à moitié. Ce n'est pas l'histoire qu'on apprécie véritablement, mais plutôt les images proches du vidéo-clip. Pour ce qui est de la satire sur les médias qu'on trouve chez Chicago, seul deux scènes sont efficaces.

Le film méritait-il tout ce battage publicitaire? Je ne crois pas. Mais si un film peut apporter la joie chez une nation déprimée, pourquoi être contre celui-ci? Je répondrais à ceux qui sont déçus que Chicago ait remporté autant d'Oscar que je compatis, mais encore là, que représente un Oscar si ce n'est pas un gigantesque coup publicitaire? Au bout du compte, le film sera oublié dans quelques temps car une autre comédie musicale l'écrasera. Le film sera donc victime de ce qu'il tente d'exprimer, "C'est ça Chicago".




Version française : Chicago
Scénario : Bill Condon
Distribution : Catherine Zeta-Jones, Renée Zellweger, Richard Gere, John C. Reilly
Durée : 113 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 21 Août 2003