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CATWOMAN (2004)
Pitof

Par Frédéric Rochefort-Allie

S'il est un film depuis les dix dernières années qui réussit l'exploit d'être le plus universellement détesté en compagnie des Gigli, Pearl Harbor et Battlefield Earth de ce monde, c'est bel et bien Catwoman! Pitof, dont la filmographie se résume à deux échecs, aura ainsi abattu son fléau sur l'univers de Batman pour tenter de créer une franchise bien juteuse, en cette période où faire un film de super-héros est rendu le moyen le plus simple d'attirer des fans et de toucher une somme importante d'argent. Catwoman est donc un film totalement indépendant de l'univers du vengeur masqué de Gotham City, qui ne mise que sur son nom. C'est Bob Kane qui doit se virer dans sa tombe!

Patience Phillips (Halle Berry), une graphiste ratée, doit faire face à une nouvelle vie quand son employeur la tue pour l'éliminer en tant que témoin dérangeant d'un secret monstrueux. La crème que produit cette compagnie de cosmétique, qui sera bientôt distribuée à grande échelle, affecte sérieusement la peau pour transformer ses clientes en monstres! Patience est donc sauvée par un chat égyptien de plusieurs milliers d'années, trainant comme cela aux alentours de New-York, et c'est ainsi qu'elle renaitra sous sa nouvelle identité, Catwoman. Elle devra donc traquer son assassin pour planifier sa vengeance.

Avec son scénario qui semble tiré d'une boîte de Cracker Jack, Catwoman est d'un ridicule qui explique largement sa réputation de pire film de 2004. Tout au long du film, on tente de nous faire croire qu'un mythe entourant la femme-chat perdure depuis une éternité et que cette Patience ne serait qu'une des nombreuses vies de ce félin. L'idée, pourtant originale, pivote autour d'une intrigue absurde. De tous les dangers sur cette planète, qu'y a-t-il de plus menaçant qu'une version machiavélique d'un empire de cosmétique, je vous le demande? À ce sujet, on savait aux crèmes une valeur thérapeutique, mais c'est avec une certaine surprise qu'on y apprend que cette même forme de crème est non seulement un danger imminent pour chaque femme aux États-Unis, mais permet aussi dans une légère variation de solidifier les os et de protéger de la douleur. Définitivement, la science saura toujours nous surprendre! Si pour vous le «Talk to my hand» de Schwarzie dans Terminator 3 semblait d'une bêtise aberrante, les «Mi-aow» poussé par Halle Berry et les répliques de la pseudo-intrigue secondaire romantique qui se développe valent leur pesant d'or. Vous l'aurez deviné, les deux films ont un point en commun au niveau des scénaristes. C'est une fraternité qui saute aux yeux.

Bien qu'elle fut adulée il y a peu d'années et couronnée d'un Oscar, Halle Berry a maintenant touché le fond du baril. S'il nous est possible de rire d'une performance aussi atrocement minable, force est d'admettre que le fait d'avoir été chercher son prix au Razzies, récompensant les plus mauvais du cinéma, de pire actrice de l'année fait preuve d'une grande modestie. Mais sans le sex-appeal et le talent de Michelle Pfieffer, Halle Berry peut ronronner autant qu'elle le désire, elle ne fait tout simplement pas le poids. L'actrice doit incarner deux rôles fondamentalement différents, et l'ambiance caricaturale due à la direction d'acteur du génie en oeuvre qu'est ce grand Pitof fait naitre une «méchante» Catwoman, dont le jeu se compare aisément à une version féminine de Dwayne Johnson aux habits qui semblent concrétiser des fantasmes sado-maso. Même la musique frôle drôlement l'ambiance des films pornos.

Catowman qui se confirmait déjà un fiasco monumental, n'avait certes pas besoin de Pitof pour tomber encore plus bas. Tout comme dans Vidocq, Pitof n'a aucun sens du cadrage, aucune maitrise du rythme et l'ensemble donne un film épileptique qui étourdit par son montage quasi subliminal. On passe probablement autant de temps d'un plan à un autre qu'en a mis Pitof à songer à la réalisation de son film. Comment un studio qui gère des milliards peut accepter qu'une telle aberration puisse voir le jour? C'est signe qu'il y a une faille quelque part dans le système hollywoodien. Si c'était possible, Catwoman est probablement deux fois pire que Vidocq, déjà exemple en la matière de ce qu'il faut éviter de faire.

Catwoman est une insulte à l'oeuvre de Bob Kane et on s'attend presque à une apparition surprise d'Adam West, le Batman de la télésérie, et son compagnon Burt Ward, en costume de cuirette, dans cette version Pitof des aventures de la femme-chat. À tout le moins, Catwoman aura donné une leçon aux studios américains comme quoi le public n'est pas dupe. Mais même après avoir réalisé ce qui peut sans aucun doute se nommer une abomination, rien ne peut arrêter Pitof! En effet, le réalisateur prépare déjà son prochain projet, qui ironiquement adopte un sujet qui semble lui tenir à coeur, Akira, l'icône de la destruction.




Version française : Catwoman
Scénario : John D. Brancato, Michael Ferris, John Rogers
Distribution : Halle Berry, Benjamin Bratt, Sharon Stone, Lambert Wilson
Durée : 104 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 8 Juillet 2005