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THE BRIDGE ON THE RIVER KWAI (1957)
David Lean

Par Louis-Jérôme Cloutier

Combien existe-t-il de films portant sur la seconde Guerre mondiale? Probablement des centaines. Il est donc risqué de revenir sur des films datant du milieu du 20e siècle à moins de voir un film que l’on a repris bien trop souvent et qui paraitra presque mauvais de nos jours. Tout de même, certains films conservent au travers des années leurs qualités et marquent le cinéma ce qui leurs vaut d’être appellés «classique». The Bridge on the River Kwai en fait parti. Cependant, il ne s’agit nullement d’un classique surévalué et qui parait presque mauvais vis-à-vis les standards de notre époque. Malgré que ce film date de 1957, il n’a presque en rien perdu de sa qualité.

Au cours de la seconde Guerre mondiale, des soldats britanniques sont capturés par les Japonais et transportés vers un camp de prisonniers où ils doivent construire un pont traversant la rivière Kwai. Pendant ce temps, un commando américain se met en branle afin de détruire le pont pour le jour de son inauguration. Commençons tout de suite par nommer le meilleur point de The Bridge on the River Kwai: Alec Guinness. Il incarne le Colonel Nicholson, officier britannique qui décide de mener sa propre guerre malgré qu’il soit prisonnier. Il ira jusqu’à passer près de la mort afin de conserver son honneur, ou son orgueil dépendamment du point de vue, et empêcher que les Japonais n’utilisent les officiers afin de construire le pont. Mais plus tard, désirant prouver sa valeur et celle des soldats britanniques, il met tout en son pouvoir pour s’assurer que le pont soit une réussite totale et ainsi gagner sa propre bataille vers la fierté. Que cela implique d’aider son ennemi ne lui importe plus, il est prêt à mourir pour protéger son œuvre. Loin d’être unidimensionnel, son personnage explore différentes facettes psychologiques fortement intéressantes dans sa relation avec le directeur du camp. Alex Guinness est à son meilleur dans ce rôle, ayant d’ailleurs remporté un Oscar pour sa performance. Il est donc louable de voir un film ne pas seulement s’orienter vers l’action et le suspense, mais aussi explorer la psychologie de certains personnages. Cependant, il est dommage que cela ait été fait au détriment de d'autres qui sont nettement sous-développés en comparaison. De plus, on aurait eu avantage à laisser davantage de temps au personnage d’Alec Guinness que l’on quitte pendant un bon moment afin de suivre le commando américain.

Mais le fait que l’action se déroule, pourrait-on dire, sur deux fronts est également pour beaucoup dans la réussite de ce film. L’un des anciens prisonniers fait parti du commando qui doit détruire le pont, alors que les prisonniers britanniques mettent tous leurs efforts à en assurer la perfection. Cette dualité donne une dynamique rarement présente dans un film de ce genre. De plus, le tout se solde par une finale explosive et riche en tensions. Bien sûr, elle devait être davantage spectaculaire à l’époque, mais elle demeure impressionnante, comme quoi tous les effets spéciaux du monde ne parviennent pas toujours à remplacer le travail derrière la caméra. Techniquement, David Lean, qui est derrière certains grands classiques épiques du cinéma américain tels que Lawrence of Arabia et Doctor Zhivago est égal à lui-même dans ce film. Mais doit-on vraiment faire remarquer que cela peut paraitre un peu en déca des standards actuels. Tout de même, le film a admirablement bien vieilli. Il ne s’agit donc pas de l’un de ces classiques que certains encensent toujours pour son immense qualité alors qu’il peut paraître très ordinaire vu de notre époque; voir Gone with the Wind à ce sujet. De plus, The Bridge on the River Kwai est efficace afin de démontrer la folie de la guerre qui devient un combat de boucs entre deux hommes à l’orgueil plus grand que la pensée même bien que cela implique de balancer par dessus bord une parti du réalisme. De plus, il est dommage que l’introduction soit légèrement ratée considérant le reste de la production. Pour une raison insaisissable, le début m’a semblé un peu laborieux.

Bref, The Bridge on the River Kwai est un très bon film de guerre. Tout en étant très divertissant, le scénario est intelligent et son exploration des facettes psychologiques est admirable. D’ailleurs, Micheal Wilson a participé à l’écriture de Planet of the Apes. Alec Guinness est excellent dans son rôle tous comme la plupart de la distribution et David Lean dirige très bien son oeuvre. Un film classique, et encore très bon.




Version française : Le Pont de la rivière Kwai
Scénario : Michael Wilson, Carl Foreman, Pierre Boule (roman)
Distribution : Alec Guinness, Jack Hawkins, William Holden
Durée : 161 minutes
Origine : Angleterre, États-Unis

Publiée le : 5 Juin 2004