A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009


ANIMAL HOUSE (1978)
John Landis

Par Jean-François Vandeuren

Si une admission au cinéma avait couté aussi cher qu’aujourd’hui en 1978, Animal House aurait accumulé des recettes atteignant presque les 400 millions de dollars américains, dépassant ainsi en terme d’entrées bon nombre des grands succès des dernières années menés par les pirates, les nouvelles technologies d’animation et les personnages de l’imaginaire de Stan Lee. Ce joyeux bordel du réalisateur John Landis se veut en quelque sorte le parrain de tous les films d’ados et de party. Des productions dont les folies les plus inspirées, et il y en a très peu, n’arriveront jamais à la cheville des formidables excès des fiers représentants de la confrérie Delta. Dès sa sortie, Animal House devint un phénomène culturel qui se propagea rapidement dans de nombreux campus universitaires américains où la baraque en décomposition du plus grand succès de National Lampoon commença à faire des petits. Les raisons de cette popularité sont en soi fort simples: une (d)ébauche humoristique à la fois diversifiée et implacable s'imbibant d'un scénario fichtrement bien écrit en son genre et, bien sûr, John Belushi.

John Landis vient donc mettre sens dessus dessous l’ère immaculée en apparence du début des années 60 aux États-Unis en infiltrant une université où y évoluent diverses associations étudiantes célébrant l’élite par un snobisme exubérant et dont l’admission des nouveaux membres se concrétisent par ce qui ressemble étrangement à une messe satanique. Mais parmi ces confréries s’exposant sous divers caractères de l’alphabet grec se cache l’inévitable mouton noir : la maison Delta. Véritable emblème cinématographique de toutes formes de débauches et d'excès, ce repère en décrépitude rendit assurément très inquiets de nombreux parents ayant pris conscience de ce que leurs progéniteurs faisaient réellement de l'argent qu'ils ont si patiemment accumulé au fil des années afin d'assurer l'avenir de leur rejeton. S’en suit un périple mémorable où tout se complète à merveille dans un scénario hilarant qui amuse du début à la fin, notamment grâce à ses personnages cultes, dont évidemment John «Bluto» Blutarsky, interprété de manière exceptionnelle par John Belushi. Ce dernier vole d’ailleurs la vedette sans trop de problème à une distribution des plus enjouées en créant un des personnages les plus célébré de l’histoire de la comédie américaine; le voir engloutir une bouteille de Jack Daniel’s en deux temps trois mouvements demeure une scène classique qui impose le respect à n’importe quel ivrogne de ce monde.

Le tout est accompagné d’une bande originale endiablée, croisant le professionnalisme caricatural (pour l’occasion) du célèbre compositeur Elmer Bernstein (The Great Escape) à une série de chansons extrêmement bien choisies, venant représenter autant l’époque auquel le film fait référence que sa mise à l’envers peu subtile. Ne soyez pas surpris si vous vous mettez à fredonner joyeusement Louie, Louie pendant plusieurs jours suite au visionnement du présent effort. Si l'intelligence se veut fort modeste dans les écrits d'Harold Ramis, Douglas Kenney et Chris Miller, le trio fait part malgré tout d'un savoir-faire comique indéniable. Il faut dire que la comédie est un genre dans lequel il est difficile d’œuvrer et surtout de faire l’unanimité à long terme. Landis et son équipe relèvent le défi haut la main dans ce cas-ci grâce à une parfaite symbiose entre le burlesque, la bouffonnerie et l’absurde, nous donnant un film qui ne s’essouffle jamais, mis à part une séquence un peu moins réussie, et qui parvient même à tonifier un rythme déjà irréprochable au départ.

Animal House brandit donc le titre de film culte avec honneur, mais aussi avec tout ce que cela implique. Une comédie qui ne plaira peut-être pas à tous, mais dont la grande famille de fans inconditionnels continuera de s’agrandir sans peine. Il ne s’en dégage évidemment pas de grandes métaphores existentielles, si ce n’est cette leçon que ses détracteurs dénonçant la trop grande gratuité de bon nombres de ses actions devraient apprendre, à savoir que tout ne doit pas être pris à ce point au sérieux. Même après toutes ces années, l’effort de John Landis réussit un exploit hors du commun pour une comédie en n’ayant rien perdu de son efficacité et de son entrain. La glorieuse incitation à la débauche la plus excessive qui soit.




Version française : Animal House
Scénario : Harold Ramis, Douglas Kenney, Chris Miller
Distribution : John Belushi, Tim Matheson, John Vernon, Donald Sutherland
Durée : 109 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 5 Juillet 2005