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ALONE IN THE DARK (2005)
Uwe Boll

Par Louis-Jérôme Cloutier

En 2003, un réalisateur allemand sorti de nulle part nous dévoilait en grande pompe l’étendue de son «talent» avec House of the Dead. Mais contre vents et marées et devant le quasi-consensus de toute la communauté cinéphile à ne plus désirer le voir retourner derrière la caméra pour un quelconque projet, il récidive. Ne tenant pas le moindrement compte de ses détracteurs, Uwe Boll nous offre Alone in the Dark qui selon lui est bien meilleur que son précédent effort. Il serait plutôt vain d’en résumer la prémisse, ne serait-ce que pour éviter de donner à ses géniteurs le sentiment d’avoir composé une histoire moindrement cohérente. Disons donc plutôt qu’on y retrouve un détective du paranormal habillé en clochard qui combat des créatures dont la provenance nous importe peu.

Ce qui est merveilleux avec le film de Uwe Boll, c’est qu’il permet d’inscrire l’homme dans sa propre catégorie. Il ne peut plus être comparé à Ed Wood, il est lui-même. Multipliant les déclarations n’aidant pas son statut de réalisateur conspué, ses films archinuls n’ont même pas ce que les autres dans son genre peuvent tout de même avoir la prétention d’offrir: le plaisir malsain. Car la plupart des productions particulièrement médiocres s’avèrent tout de même agréables à visionner, surtout à plusieurs, pour les rires assurés qu’elles provoquent en raison de la stupidité de ce qu’elles nous présentent. Ce n’est pas le cas d’Alone in the Dark. Impossible d’écouter ce film en éprouvant la moindre satisfaction. En tant que divertissement sérieux, c’est un navet pourri jusqu’à l’os et en terme de plaisir malsain, il n’y a qu’un profond ennui mortel qui nous attend. Les dialogues sont ineptes, truffés de quelques répliques nous amenant inévitablement à lever les yeux en désespoir. Les séquences d’action, ultra-stylisées, sont peut-être parmi les pires à avoir vu le jour dernièrement compte tenu du budget tout de même respectable de cette production. Le montage est des plus malhabile, passant d’une scène à l’autre, d’un plan à l’autre de façon particulièrement maladroite et faisant apparaitre de la musique littéralement de nulle part. Attendez de voir la pulpeuse séquence de sexe gratuit qui se déroule sur fond d’une chanson d’amour kétaine.

N’ayant vraisemblablement pas la moindre idée de ce qu’est supposé être un suspense, Uwe Boll semble surtout s’acharner à éviter tout ce qui pourrait moindrement nous tenir en haleine. On pourrait lui donner le bénéfice du doute puisqu’il travaille encore une fois avec un scénario tout simplement médiocre. Le problème étant que notre génie, en plus de produire et réaliser ses films, met sa patte au scénario. Adapté du jeu vidéo du même nom, Alone in The Dark ne possède qu’un seul trait de son équivalent électronique: l’essence des personnages. Ils possèdent bel et bien la profondeur et la teneur de personnages de jeux vidéo. Uwe Boll et ses scénaristes ont simplement oublié que c’est un film qu’ils mettaient sur pellicule.

Alone in the Dark pourrait figurer dans un dictionnaire en exemple frappant de ce que signifie «insipide». Aucun rire ne se pointe le bout du nez lors du visionnement. Reste un film incroyablement ennuyant qui nous laisse la joie de tester le bouton «forward» de notre télécommande afin que cette heure et demie devienne rapidement seulement un mauvais souvenir. Mais tout cela n’est que le début. Décidément décidé à créer une dynastie, notre héros n’a pas moins de six projets en cours de route, un seul d’entre eux n’étant pas relié à un jeu vidéo. Dans certaines circonstances, on pourrait se réjouir devant le désopilant résultat auquel cela risque de mener, mais pas après avoir vu Alone in the Dark. Mais comment fait-il pour convaincre des acteurs tel que Ben Kingsley à participer à l’un de ces projets? L’odyssée de Uwe Boll ne fait que commencer, et il se peut bien que le pire soit à venir.




Version française : Aux portes de la noirceur
Scénario : Elan Mastai, Michael Roesch, Peter Scheerer
Distribution : Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorf, Frank C. Turner
Durée : 96 minutes
Origine : États-Unis, Allemagne, Canada

Publiée le : 8 Juillet 2005